Qui est Pierre Corneille ?
Pierre Corneille commence des études de droit mais sa passion pour le théâtre le pousse à s’orienter vers l’écriture. Il sort sa première pièce en 1629 intitulée Mélite, une pièce qu’il qualifie de « comique » et non pas de comédie. Cette première pièce est jouée par la troupe de Mondory, spécialisée en farces et en pièces à effets spéciaux, qui va profiter de son succès pour s’implanter à Paris et devenir la fameuse troupe du théâtre du Marais. À partir des années 1630, le statut social et financier du théâtre et des comédiens est reconnu grâce au cardinal Richelieu. Ce dernier, grand amateur de théâtre et fin politique, est conscient de l’intérêt pour la monarchie de contrôler ce moyen de communication. Dans les premières années de sa carrière, Corneille renouvelle le genre de la comédie : il ne cherche pas à faire rire mais à peindre avec un réalisme bienveillant la vie quotidienne bourgeoise. Le comique naît des personnages et non des situations stéréotypées. Après plusieurs comédies, il écrit sa première tragédie : Médée.
En 1637, il rencontre un immense succès avec Le Cid, tragédie qui suscite une vive controverse : bien qu'elle soit acclamée par le public, elle est critiquée par les théoriciens du théâtre. À la suite de la condamnation de sa pièce, Corneille se retire quelque temps de la scène théâtrale avant de revenir avec Horace, sa première tragédie historique romaine. La deuxième partie de sa carrière est donc marquée par des tragédies historiques avec, entre autres, Cinna et La Mort de Pompée.
Cependant, Corneille ne renonce pas tout à fait à la comédie puisqu’il écrit Le Menteur en 1644 profitant de la mode de la comédie espagnole.
Il abandonne la dramaturgie pendant les années 1650 pour se consacrer à la traduction de L’Imitation de Jésus Christ. Il fait son grand retour au théâtre en 1659 avec Œdipe. Enfin, il renonce définitivement au théâtre après la sortie de sa dernière tragédie Suréna.
Dates-clés
- 1606 : naissance à Rouen (Normandie)
- 1629 : Mélite, sa première pièce comique est jouée avec succès à Paris
- 1635 : grand succès grâce à la tragédie Médée
- 1637 : Le Cid, l’une de ses œuvres les plus célèbres, est jouée à Paris et suscite une vive controverse sur les règles du théâtre classique
- 1647 : élection à l’Académie française, reconnaissance de son importance littéraire
- 1652 : retrait temporaire de la dramaturgie après l’échec de certaines de ses pièces
- 1659 : retour au théâtre avec Œdipe sans toutefois retrouver son succès d’avant
- 1684 : mort à Paris
Dans quel contexte est écrit Le Cid ?
Le Cid est joué en 1637, au milieu de la guerre entre la France et l’Espagne qui dure déjà depuis deux ans. La pièce suscite un tel engouement en raison d’un grand intérêt de la population française pour la culture espagnole. Corneille s’est inspiré de la découverte d’une pièce écrite par un auteur espagnol, Guillén de Castro, tirée de l’histoire d’un noble rebelle ayant véritablement existé, et vécu au XIe siècle. Bien qu’il ait pactisé avec un roi musulman par vengeance, celui-ci a fini par devenir un héros national de la Reconquête espagnole, surnommé « le Cid » signifiant « le Seigneur ».
Corneille adapte l’intrigue au goût de la société française et en profite pour concentrer davantage l’intérêt dramatique autour du couple formé par Rodrigue et Chimène. Avec cette pièce, il ouvre un débat entre les sentiments et le devoir qui se développent au gré de nombreux rebondissements. Il y explore l’âme humaine avec une grande efficacité.
La création du Cid a révolutionné le genre tragique et provoqué chez les rivaux de Corneille un grand scandale : « la querelle du Cid ». Ses ennemis lui reprochent de ne pas avoir respecté les règles du théâtre classique (unité de temps, de lieu et d’action, bienséance et vraisemblance).
Qu’a changé Pierre Corneille à la littérature ?
L’œuvre de Corneille a donné naissance à l’adjectif « cornélien » qui dans l’expression« un dilemme cornélien »signifie une opposition irréductible entre deux points de vue. Corneille a profondément influencé la littérature par son exploration des thèmes de l'honneur, de la liberté, et de la grandeur morale. Ses œuvres, comme Le Cid, ont marqué une rupture avec les conventions théâtrales de son époque en introduisant des personnages complexes, déchirés entre leurs passions personnelles et leur devoir : les « héros cornéliens ». Ces personnages qui sacrifient leur bonheur personnel pour l’honneur ou le bien commun incarnent un idéal de vertu qui inspire les écrivains et philosophes des Lumières. Au XIXe siècle, Corneille est redécouvert par les romantiques, qui admirent son héroïsme moral et l'aspiration à l'absolu de ses personnages. Son théâtre inspire alors des dramaturgescomme Victor Hugo et Alfred de Vigny, qui reprennent ce questionnement de l’honneur, de la liberté, et du sacrifice dans leurs propres œuvres.
Œuvres principales
Les comédies : Mélite (1625), La Place royale (1634), Le Menteur (1644)
Les tragi-comédies : Clitandre (1630), L’Illusion comique (1635), Le Cid (1637)
Les tragédies historiques : Cinna ou la clémence d’Auguste (1641), Polyeucte (1642), Horace (1640), Nicomède (1651), Rodogune (1647)
Parcours littéraire
Figure de la tragédie classique et créateur de la tragi-comédie, Pierre Corneille met en scène des personnages héroïques, souvent au-delà du vraisemblable, luttant entre passion et honneur. Le héros cornélien, noble et fier, incarne le dilemme entre amour et devoir, et atteint une grandeur qui dépasse la simple action pour devenir un idéal de noblesse.
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