L’Égypte au XVIIIe siècle


Publié le 18/04/2013 • Modifié le 15/06/2022

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Les membres de l’expédition de Bonaparte (1798-1801), soldats et savants, ont lu, relu et commenté pendant la traversée deux ouvrages sur l’Égypte, écrits par des voyageurs presque contemporains, Savary (1785), qui dépeint le pays comme un paradis enchanteur, et Volney, beaucoup plus critique et réaliste (1787). Ceux qui n’ont lu que Savary sont bien sûr très déçus. Qu’en est-il vraiment ?

intérieur du palais de qasim bey
Intérieur du Palais de Qasim Bey (Description de l’Egypte, Etat Moderne, vol I, pl. 51)
Musée national du Château de Malmaison
© Naguib-Michel Sidhom

 

Un Orient mythique

L’Égypte, au milieu du XVIIIe siècle, est une province de l’Empire ottoman en pleine prospérité, mais dominée par les Mamelouks, esclaves affranchis ayant pris le pouvoir dans le pays au détriment des Ottomans. L’Égypte est géré par un conseil, ou diwan, au sein duquel siègent les principaux dignitaires du pays. L’écrivain égyptien al-Jabarti, peu suspect d’indulgence, relate ce que son père lui a narré de la vie en Égypte à cette époque : « L’Égypte était éblouissante de beauté […]. Le pauvre y menait une vie large. Le petit aussi bien que le grand y vivaient à l’aise. […] Le bien-être était répandu sur toute la ville [du Caire], la sécurité y régnait, et la prospérité y avait pris demeure ».

Le commerce entre l’Égypte et l’Occident est alors prospère, et les échanges variés et nombreux. Bien sûr, seules les classes les plus aisées vivent dans de riches palais aux jardins luxuriants, dont des dessins faits par les Français nous ont transmis le faste, qui transparaît jusque dans le mobilier, les objets usuels, les décors intérieurs et les moucharabiehs. Les classes laborieuses, malgré un quotidien beaucoup plus frugal, ne semblent pas souffrir de privations. En 1766, le Mamelouk Ali Bey se révolte contre l’Empire ottoman et prend le pouvoir. Cette première tentative d’indépendance de l’Égypte échoue en 1773, lorsqu’il est assassiné par Mohammed Bey. La crise politique et économique qui en découle va aller croissant. Quand les Français débarquent, ses conséquences sont déjà fort visibles et peuvent expliquer l’impression négative ressentie par eux : l’Égypte n’est pas le paradis qu’on leur avait décrit, sinon promis.


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