Algérie, de la colonisation à l’indépendance : les acteurs

En 1962, les accords d’Evian sonnent le glas de 132 années de présence française en Algérie. Gros plan sur les personnages qui ont participé à la colonisation et à la décolonisation du pays.


Publié le 11/03/2022 • Modifié le 27/02/2023

Temps de lecture : 5 min.

Lis cet article et gagne facilement 10 Lumniz en te connectant !

Il n’y a pas de Lumniz à gagner car tu as déjà consommé cet élément. Ne t'inquiète pas, il y a plein d'autres contenus intéressants à explorer et toujours plus de Lumniz à gagner.

->   En savoir plus

Négociés dans un contexte de montée des tensions par le général de Gaulle et le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), les accords d’Evian, paraphés le 18 mars 1962, sonnent le glas de 132 années de présence française en Algérie. Gros plan sur les personnages qui ont participé à la colonisation et à la décolonisation du pays.

Abd el-Kader (1807-1883)

Proclamé sultan des Arabes en 1832, il devient le chef de la lutte contre la colonisation française en Algérie. Malgré le traité de la Tafna en 1837, qui le rend maître en province d'Oran et d'une partie d'Alger, il est obligé de se rendre. Vaincu par le Maréchal Bugeaud, il est ensuite interné en France avant de se retirer en Syrie.

Thomas Robert Bugeaud (1784-1849)

Maréchal de France, il est envoyé en Algérie en 1836 pour diriger la lutte contre Abd el-Kader. Vainqueur de l'Emir, il devient gouverneur de 1840 à 1847. Il entreprend alors une conquête méthodique du territoire, pratiquant razzias et dévastations dans les régions insoumises. Ses exactions l'obligent à rentrer en France et à démissionner en 1847.

Ferhat Abbas (1899-1985)

Adversaire d'abord modéré du colonialisme français, ce pharmacien prend parti dès 1936 pour l'intégration de l'Algérie à la France et fonde l'Union populaire algérienne en 1938. Le Manifeste du peuple algérien (1943) témoigne de son évolution : il rejette l'assimilation au profit d'une République algérienne. Déçu par les négociations, il se rallie au FLN en 1956, et devient le premier président du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) de 1958 à 1961. En 1963, exclu du FLN, il est placé en résidence surveillée. Il ne reviendra plus sur la scène politique.

Pierre Mendès France (1907-1982)

Président du Conseil (1954-1955), Pierre Mendès France signe les accords Genève qui mettent fin à la guerre d'Indochine, donne l'autonomie à la Tunisie et laisse rejeter la Communauté européenne de Défense. Ministre d'état dans le gouvernement Guy Mollet, (début 1956), il démissionne en mai 1956 en signe de protestation contre la politique algérienne de ce dernier. Il prend alors position après l'insurrection du 13 mai 1958 à Alger contre le régime gaulliste, contribuant à créer l'Union des forces démocratiques.

Jacques Soustelle (1912-1990)

Gouverneur général de l'Algérie en 1955, Soustelle est favorable aux thèses de l'intégration et donc très populaire parmi les français d'Algérie. Son rappel par Guy Mollet en 1956 provoque de violentes manifestations. Lors de la crise du 13 mai 1958, il gagne Alger et réclame le retour du général de Gaulle. En 1959, il s'oppose à la politique d'autodétermination et quitte le gouvernement en février 1960, après la semaine des barricades. Après 7 ans d'exil, il rentre en France à la faveur de l'amnistie en 1968 et est député en 1973.

Georges Catroux (1877-1969)

Général français, gouverneur général de l’Algérie (1943-1944) puis ministre de l’Algérie dans le cabinet de Guy Mollet en 1956, il ne put prendre ses fonctions en raison des manifestations nationalistes à Alger le 6 février 1956.

Guy Mollet (1905-1975)

Cofondateur avec Pierre Mendès France du Front républicain et Président du Conseil entre janvier 1956 et mai 1957, il se heurte à la double opposition des partisans de « l'Algérie française » et des nationalistes algériens. Démissionnaire le 21 mai 1957, il est vice-président dans le cabinet Pflimlin, puis, après le 13 mai 1958, il se rallie à de Gaulle dont il est ministre d'Etat (juin 1958-janvier 1959). En 1962, contre l'élection présidentielle au suffrage universel, il se lance dans une opposition farouche au régime.

Ahmed Ben Bella (1916-2012)

Sous-officier de l'armée française, il s'engage dans le mouvement nationaliste après 1945 et devient l’un des principaux dirigeants de la branche armée du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques). Réfugié au Caire à partir de 1952, il joue un rôle important au sein du FLN. En 1956, il est fait prisonnier par les Français et ne sera libéré qu'en 1962. Politicien habile, il prend la tête de l'Algérie indépendante en septembre 1962. Il dérive alors vers une politique dictatoriale panarabe et est arrêté par l'armée en 1965. Libéré en 1980 et exilé en Europe, il est autorisé à rentrer en Algérie en 1990 où il fonde le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA).

Mohamed Boudiaf (1919-1992)

Il est l'un des rédacteurs de la proclamation du FLN et de l'appel de l'ALN (Armée de libération nationale) qui accompagnent le déclenchement de l'insurrection le 1er novembre 1954. Incarcéré en France de 1956 à 1962, il se démarque, après l'indépendance, du FLN dont il dénonce la dérive dictatoriale.

Condamné à mort en 1965, il s'exile au Maroc. Appelé au pouvoir par l'armée en 1992, il est assassiné quelques mois plus tard dans des circonstances obscures.

Hocine Aït Ahmed (1926-2015)

Il milite d'abord pour l'indépendance dans le cadre du parti du peuple algérien de Messali Hadj, avant de rejoindre en 1947 l'organisation spéciale chargée de préparer l'insurrection armée. Arrêté en 1956 par l'armée française avec plusieurs dirigeants du FLN, il reste en prison jusqu'à la fin de la guerre en 1962. Relâché au moment de l'indépendance, il crée un parti d'opposition en Kabylie, le Front des forces socialistes (FFS), qui se soulève contre le pouvoir, ce qui lui vaut d'être arrêté. Il s'évade en 1966. Il rentre en Algérie avec la démocratisation du régime en 1989 et donne alors un nouveau souffle à son parti. Il est candidat à l'élection présidentielle d'avril 1999 et se retire la veille du scrutin pour dénoncer la fraude qui a déjà commencé et qui intronisera Abdelaziz Bouteflika.

René Coty (1882-1962)

Président de la IVe République (après Vincent Auriol), René Coty doit faire face à la guerre d'Algérie et à une succession de crises ministérielles. Le 13 mai 1958, l'investiture de Pierre Pflimlin (suspecté de sympathie avec la rébellion algérienne) provoque un putsch militaire en Algérie. Coty fait alors appel à de Gaulle qui est élu président du conseil. De Gaulle fait voter par référendum une nouvelle constitution qui marque la fin de la IVe République. Coty met fin à ses fonctions et se retire de la vie politique.

Pierre Pflimlin (1907-2000)

Devenu Président du Conseil en mai 1958, Pflimlin soulève la méfiance des Français d'Algérie, car il est réputé favorable à l'indépendance de cette colonie. Les Français d'Algérie se rebellent, créent un Comité de salut public. Leurs chefs, les généraux Massu et Salan, appellent le retour du général de Gaulle au pouvoir. Pflimlin préfère alors démissionner, tandis que le président de la République, René Coty, fait officiellement appel au général de Gaulle pour occuper le poste de Premier ministre. Ce dernier accepte et est investi par l'Assemblée le 1er juin 1958.

Charles de Gaulle (1890-1970)

De retour au poste de président de la République en 1958 à la faveur de la crise du 13 mai et soutenu par les Européens d'Algérie et l'armée, Charles de Gaulle obtient les pleins pouvoirs pour restaurer l'autorité de la France en Algérie. Il intensifie la lutte contre le FLN, propose « la paix des braves » mais le FLN refuse cette politique d'ouverture. Constatant le coût moral et financier de la poursuite de la lutte, la montée des oppositions en métropole, de Gaulle évolue peu à peu vers l'idée d'indépendance et ce, malgré le sentiment de trahison de la population et de l'armée. De Gaulle passe ainsi de l'autodétermination à l'Algérie indépendante en juillet 1962 avec la signature des accords d'Evian.

Raoul Salan (1899-1984)

Commandant en chef en Algérie en 1956, le général Salan joue un rôle important dans les événements de mai 1958 et favorise le retour du général de Gaulle qui lui confie tous les pouvoirs civils et militaires à Alger. En désaccord avec la politique algérienne du gouvernement français, il participe au « putsch des généraux » le 21 avril 1961. Cet échec le propulse à la tête du mouvement clandestin OAS. Arrêté en 1962, il est condamné à la perpétuité puis gracié et amnistié en 1968.

Jacques Massu (1908-2002)

Chargé du rétablissement de l'ordre pendant la bataille d'Alger, le général Massu est connu pour avoir fait usage de la torture sur des militants du FLN. En 1958, il est l’un des acteurs du 13 mai et devient président du Comité de salut public qui rappelle de Gaulle au pouvoir.

Maurice Challe (1905-1979)

Commandant en chef interarmées en Algérie à la suite du général Salan, le général Challe met en place le Plan Chall pour la reconquête du territoire contre les « rebelles ». Après la semaine des barricades, en janvier 1960, il est mis à l'écart par de Gaulle et devient l’un des principaux opposants à sa politique algérienne. Le 22 avril 1961, il dirige le putsch des généraux. Condamné à quinze ans de réclusion, il est gracié par de Gaulle en 1966.


Ce contenu est proposé par