De l'énergie à revendre

Les Égyptiens qui, vers 4000 avant notre ère, hissèrent des voiles sur leurs navires furent les premiers à exploiter cette source d'énergie gratuite, inépuisable et non polluante : le vent.


Publié le 08/02/2013 • Modifié le 28/09/2022

Temps de lecture : 2 min.

Lis cet article et gagne facilement 10 Lumniz en te connectant !

Il n’y a pas de Lumniz à gagner car tu as déjà consommé cet élément. Ne t'inquiète pas, il y a plein d'autres contenus intéressants à explorer et toujours plus de Lumniz à gagner.

->   En savoir plus

Le sifflement du vent assourdit nos oreilles, les vagues déchainées déferlent sur la grève, le flot montant submerge un à un les rochers... Les éléments marins semblent irrésistibles. Et pour nous, quelle source immense d'énergie lorsque nous parviendrons à les domestiquer !

Les Égyptiens qui, vers 4000 avant notre ère, hissèrent des voiles sur leurs navires furent les premiers à exploiter cette source d'énergie gratuite, inépuisable et non polluante : le vent. Après avoir propulsé les bateaux pendant des millénaires sur toutes les mers du globe, le vent a cédé la place au XIXe siècle au charbon, puis au pétrole. Mais à présent que ces combustibles fossiles cherchent des remplaçants, le vent pourrait bien revenir au premier plan.

éolienne

© Yann Arthus-Bertrand
Le parc d'éoliennes offshore de Middelgrunden,
au Danemark, comporte 20 éoliennes de 2 MW chacune.

Depuis des siècles, les moulins à vent entraînent meules à grain ou pompes pour assécher les polders. Leurs modernes avatars, les éoliennes, font tourner des générateurs électriques. Avantage considérable : l'électricité se transportant facilement, les éoliennes peuvent être placées là où les conditions sont les plus favorables, même si c'est loin des lieux de consommation. Et notamment... en mer, où le vent, qui ne rencontre aucun obstacle, souffle plus fort et plus régulièrement qu'à terre, et où la place ne manque pas. Malgré des difficultés techniques considérables (ancrage résistant aux vagues, acheminement de l'électricité à la côte, interventions de maintenance coûteuses...), de nombreuses installations sont en service ou projetées, en particulier le long des côtes de l'Europe du Nord.

 

Pourtant, l'énergie éolienne "offshore" exploitable reste bien faible par rapport à notre consommation. Même le plus gros projet actuellement prévu en France, le Parc des Deux Côtes au large de la Seine-Maritime, avec une puissance maximale de 700 MW, ne couvrira guère plus de 1% de nos besoins en électricité.

Où trouver plus d'énergie disponible ? Si le vent n'en fournit pas assez, pourquoi ne pas aller la chercher sous l'eau ? Après l'éolienne, voici aujourd'hui l'hydrolienne, une turbine ancrée au fond de la mer et entrainée par les courants marins. En effet, la puissance d'une telle machine est proportionnelle à la densité du fluide qui l'actionne. Or l'eau est environ 800 fois plus dense que l'air, ce qui veut dire qu'une hydrolienne fournit 800 fois plus d'énergie qu'une éolienne de même taille. En tenant compte de l'effet de la vitesse, un courant marin de 15 km/h équivaut à un vent de 140 km/h !

Pour être rentable, une hydrolienne a besoin d'un courant rapide (au moins 7 km/h) et prévisible. Les grands courants océaniques sont en général trop lents, mais les courants de marée atteignent 20 km/h le long des côtes de Normandie et de Bretagne Nord, renforcés par le "goulet" que forme la Manche et la faible profondeur d'eau près des côtes. Problème : ils changent de sens quatre fois par jour au gré des marées montantes et descendantes, et cessent lorsque la mer est étale. Heureusement, on sait fabriquer des turbines réversibles qui fonctionnent quel que soit le sens du courant ; en les répartissant judicieusement pour profiter du décalage des heures de marées le long de la Manche, on pourrait obtenir une production d'électricité quasiment continue.

Selon les expérimentations en cours "en vraie grandeur", la production d'électricité par hydroliennes devrait atteindre dans les prochaines années une puissance, une fiabilité et un coût compatibles avec les exigences industrielles. Ce que n'ont jamais obtenu les usines marémotrices qui, comme les "moulins à marée" du Moyen Âge, utilisent de grands bassins que la mer remplit à marée haute, et qui se vident à marée basse en entrainant roues ou turbines.

moulin-vent

le moulin à marée du birlot sur l'île de Bréhat,
Côtes d'Armor. Datant du XVIIe siècle, il a été restauré en 1994.

La mer recèle d'autres sources d'énergie encore peu exploitées qui pourraient trouver un marché à l'avenir : houlomotrice (énergie des vagues), thermique (différence de température entre les eaux profondes et la surface), osmotique (pression sur une membrane séparant de l'eau salée et de l'eau douce). Savez-vous ce qu'elles ont en commun avec les autres énergies, fossiles ou renouvelables - pétrole, charbon, éolienne, solaire, hydraulique, biomasse... -, à l'exception de celle des marées ? Elles dérivent toutes, directement ou indirectement, du Soleil, alors que les marées sont dues principalement... à la Lune !


Ce contenu est proposé par