Exemple / Preuve - fiche de philo

Cas pratique

Aujourd’hui au self, Léonard a un peu dérapé : « L’immigration est néfaste, la preuve, hier un migrant a attaqué une vieille dame ». Ce type de « raisonnement » imbécile serait drôle s’il n’était pas à la fois répandu et pernicieux. Voilà où mène la confusion entre exemple et preuve.

► Il s’agit là d’une « généralisation abusive » : un simple exemple sert de preuve à une théorie générale, ce qui est au mieux une erreur de logique (paralogisme), au pire une tromperie (sophisme).

📌 Qu'est-ce qu'un exemple ?

Un exemple, « ça ne prouve rien ». L’exemple est un cas concret, donc un fait particulier, et comme tel unique et ponctuel, non reproductible.
À l’inverse, une théorie ou une loi est abstraite, et doit être universelle, c’est à dire qu’elle doit s’appliquer dans tous les cas, de façon nécessaire. Ainsi un exemple peut très bien illustrer une théorie, fournir un cas dans lequel elle s’applique effectivement, mais jamais un exemple particulier ne peut servir de démonstration ou de preuve de cette même théorie. Rien ne dit, en effet, que des cas différents ou contraires ne soient pas possibles.

Un exemple ne peut donc jamais prouver ou confirmer une théorie. En revanche, un contre-exemple peut suffire à la réfuter. « Il n’y a aucune criminalité à Troupomé». « Pourtant, mon cousin s’y est fait détrousser le mois dernier ». Ici, on est certain que la théorie proposée est fausse. Il y a eu, en effet, au moins un cas où la théorie ne s’applique pas, celle-ci n’est donc pas universelle.

📌 Qu'est-ce qu'une preuve ?

Une preuve, elle, est une vérification : elle peut consister en un raisonnement logique, démonstratif, ou en une expérimentation scientifique. Dans les deux cas, la preuve permet de fonder la vérité universelle d’une conclusion ou d’une théorie.

Le mot preuve vient du latin probatio, épreuve : prouver, c’est bel et bien mettre à l’épreuve une proposition qui se prétendrait immédiatement vraie, en exigeant des raisons qui la fondent. Vouloir prouver, c’est donc refuser de s’en tenir à de simples opinions ou croyances, pour tenter de fonder en raison le savoir. La volonté de prouver a donc pour source le doute, et est constitutive de la démarche philosophique.

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