- 1777 : la famille de Chateaubriand s'installe au château de Combourg, acquis en 1761. François-René est envoyé au collège de Dol, puis chez les Jésuites, à Rennes. Hésitant entre plusieurs carrières (soldat, marin, prêtre), il vit, à Combourg, deux années de rêveries exaltées partagées avec sa sœur Lucile.
- 1786 : il entre au régiment de Navarre.
Chateaubriand et la Révolution française
- 1789 : au début de l'année, François-René participe aux Etats de Bretagne, à Rennes. Le 14 juillet 1789, il assiste à la prise de la Bastille. Les premières exécutions le frappent d'horreur.
- 1790 : il publie L’Amour de la campagne, dans l’Almanach des Muses. Le 21 octobre, naissance d'Alphonse de Lamartine.
- 1791 : en avril, il s'embarque pour Baltimore. Il longe la côte Est des Etats-Unis. Il finit par se blesser au bord des chutes du Niagara, et séjourne auprès des Indiens. Il décide de revenir en France lorsqu'il apprend l'arrestation de la famille royale à Varennes, le 21 juin 1791.
- 1792 : au début de l'année, il épouse Céleste Buisson de La Vigne lors d'un mariage arrangé par sa mère et ses sœurs. En août, il rejoint l'armée des Princes à Coblence. Il est blessé au siège de Thionville, et est atteint de petite-vérole. Il part pour Jersey, puis Londres, où il vit au départ dans la misère.
Chateaubriand et Napoléon Bonaparte
- 1797 : Chateaubriand publie, à Londres, son Essai historique sur les révolutions. Introduit dans la société des « monarchiens », il se lie avec Fontanes. La même année, naissance d'Alfred de Vigny.
- 1798 : après le décès de sa mère et de sa sœur Julie, il renoue avec le christianisme, religion de son enfance, et commence à travailler sur le Génie du Christianisme.
- 1800 : François-René de Chateaubriand revient en France au mois de mai.
- 1801 : il publie Atala, qui le rend immédiatement célèbre. Fontanes l'introduit auprès de Lucien Bonaparte et Elisa Bacciochi, et fréquente le salon de Pauline de Beaumont.
- 1802 : en avril, il fait paraitre le Génie du Christianisme, auquel sont rattachés Atala et René, et qui suit la signature du Concordat.
- 1803 : grâce au succès considérable de son dernier ouvrage, Chateaubriand est nommé premier secrétaire d'ambassade à Rome. Il y est rejoint par sa maîtresse Pauline de Beaumont, atteinte de phtisie, qui meurt dans ses bras le 4 novembre. En raison de son caractère impétueux et indépendant, il se heurte au cardinal Fesch, ambassadeur à Rome et oncle de Napoléon.
- 1804 : Il démissionne après avoir appris l'exécution du duc d'Enghien.
- août 1806 : il entame un voyage de onze mois en Orient, se rendant à Athènes, Constantinople, Jérusalem ou encore Tunis. Une expérience qui lui servira pour l'écriture des Martyrs, qui paraîtra en 1809.
- 1807 : en avril, il rejoint Nathalie de Noailles à Cordoue. Cette rencontre inspire Les Aventures du dernier Abencérage. Le 4 juillet, il publie, dans le Mercure de France, un réquisitoire contre le despotisme et doit quitter Paris. Il achète une maison, la Vallée-aux-Loups, à Châtenay-Malabry, où il rédige l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, qui paraît en 1811, et commence la rédaction de ses Mémoires.
Fin de l'Empire et retour de la monarchie
- 1814 : le 30 mars, Chateaubriand publie De Buonaparte et des Bourbons, et de la nécessité de se rallier à nos princes légitimes. Il s'agit d'un pamphlet contre Napoléon Bonaparte. Ce dernier abdique le 6 avril, c'est la première Restauration. En octobre, l'écrivain fait paraitre un essai, Réflexions politiques.
- 1815 : Chateaubriand, qui a séjourné à Gand à cette période avec le roi Louis XVIII, est nommé ministre d'Etat et pair de France, avec le titre de vicomte.
- 1816 : son essai De la Monarchie selon la Charte, qui attaque le ministre Decazes, est saisi. Il perd son titre et sa pension de ministre d'Etat. Il vend la Vallée-aux-Loups, se lie à Juliette Récamier, et fonde le journal Le Conservateur.
- 1820-1823 : après l'assassinat du duc de Berry, il est nommé ambassadeur à Berlin entre janvier et avril 1821, puis à Londres, entre avril 1821 et septembre 1822. En octobre de la même année, il représente la France au Congrès de Vérone. Il est ensuite ministre des affaires étrangères, et est l'artisan de l'intervention militaire en Espagne, en 1823.
- 1824 : le 6 juin, Chateaubriand est révoqué. Il rentre alors dans l'opposition, défendant notamment la liberté de la presse.
- 1826-1828 : publication des vingt-six tomes de ses Œuvres complètes. En juin 1828, il est nommé ambassadeur auprès du Saint-Siège, poste dont il démissionnera le 30 août 1829.
- 1830-1834 : Chateaubriand renonce à toutes ses fonctions, et publie des pamphlets contre le nouveau monarque, ainsi que des Etudes historiques (1831), et un Mémoire sur la captivité de la duchesse de Berry (1833), arrêtée en 1832. A partir de 1834, il se consacre essentiellement à la rédaction de ses Mémoires, lus devant un public choisi, chez Mme Récamier.
- 1844 : publication de la Vie de Rancé.
- 1848 : François-René de Chateaubriand décède à Paris le 4 juillet, à l'âge de 80 ans. Il est enterré sur le rocher du Grand-Bé, à Saint-Malo, sa ville natale.
En quoi Chateaubriand est-il un précurseur du romantisme ?
Idéalisation de l’amour, exotisme et communion avec la nature
Indienne et chrétienne, Atala, vouée à Dieu par sa mère, s’empoisonne pour ne pas succomber à l’amour qu’elle éprouve pour l’indien Chactas. Nous sommes en Floride, au XVIIIe siècle ; orages, chasses au castor, clairs de lune, fuite à travers la savane : la nature, omniprésente, flatte le goût des contemporains pour l’exotisme. L’amour tragique et la nature associée au sentiment sont des thèmes que toute une génération reprendra. L'œuvre de Chateaubriand illustre parfaitement le romantisme dont l'auteur est l'un des plus beaux porte-paroles.
Fragment de l’épopée indienne des Natchez (publiée en 1826), Atala paraît en 1801. Alfred de Vigny a quatre ans et Victor Hugo naîtra l’année suivante. Préromantique après Rousseau ou Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand est le maître le plus direct des romantiques. L’amour n’est pas seulement analysé, il s’exprime directement, violent, douloureux, tragique puisqu’un obstacle essentiel lui interdit de s’accomplir. Supérieur au monde, il est idéalisé, divinisé, presque. Atala connaît un succès immense et durable. En témoignent Les Funérailles d’Atala, tableau de Girodet (1808) et de nombreuses gravures popularisant le roman.
Comme Atala, René dérive des Natchez et, rattaché au Génie du christianisme, il est publié en 1802. Le personnage de René, prototype du héros romantique, illustre le « vague des passions », une perpétuelle insatisfaction, une mélancolie, un dégoût de la vie, un désaccord entre le moi et le siècle. Le héros romantique se confie, s’épanche, parle de soi. Le lyrisme de chateaubriand façonne une sensibilité qui s’épanouira dans le romantisme.
Les goûts de l’Orient et de l’histoire, introduits par Chateaubriand, marquent le XIXe siècle
Avec Le Génie du Christianisme (1802) et Les Martyrs (1809), épopée en prose située au IIIe siècle, durant les persécutions de Dioclétien, Chateaubriand donne aussi à ses contemporains et successeurs le goût de l’histoire. L’Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811), récit du voyage fait par Chateaubriand en quête de couleur locale pour ses Martyrs, introduit un genre nouveau : le voyage de l’écrivain, et met l’Orient à la mode ; Lamartine, bientôt, puis Nerval et Flaubert, écriront leur propre voyage en Orient.
Œuvres principales
- 1797 : Essai historique sur les révolutions
- 1801 : Atala
- 1802 : Génie du Christianisme. René
- 1811 : Itinéraire de Paris à Jérusalem
- 1826 : Les Natchez. Les Aventures du dernier Abencérage
- 1831 : Etudes historiques
- 1844 : Vie de Rancé
- 1849-1850 : publication posthume des Mémoires d’outre-tombe




