Clovis, roi des Francs et illustre mérovingien
Quand Clovis accède au titre de roi des Francs en 481, il est certes auréolé d’une légende plus ou moins avérée qui lui confère comme grand-père Mérovée, l’un des vainqueurs d’Attila, roi de la horde des Huns qui a déferlé sur toute l’Europe. Mais son royaume, celui des Francs saliens, l’un des peuples germaniques installés en Gaule, ne s’étend que sur un petit territoire au nord, autour de Cambrai. Conquérant, « barbare », formidable guerrier, Clovis a, à sa mort en 511, étendu le royaume des Francs sur presque toute la Gaule et une partie de la Germanie. De Mérovée vient le nom de dynastie des Mérovingiens, de Francs saliens, celui donné à la loi salique qui contient les règles de succession. Elle édicte que la transmission des biens se fait par les agnats (parents par le père) et les cognats (parents par la mère). Dans sa rédaction initiale, l’article De allodis sur la transmission des terres détenues en pleine propriété par un groupe familial (les alleux), permet aux femmes d’hériter. Il est remanié sous les Carolingiens pour donner : « Concernant la terre salique, qu'aucune partie de l'héritage ne revienne à une femme, mais que tout l'héritage de la terre passe au sexe masculin ».
Les Mérovingiens et leur vision patrimoniale du royaume
La loi salique, invoquée maintes fois dans les dynasties successives, n’empêche pas la dynastie des Mérovingiens de souffrir d’une vision patrimoniale du royaume. Clovis partage entre ses quatre fils son royaume, qui évolue au gré des héritages, des guerres et des crises. Le royaume s’affaiblit au profit d’une aristocratie franque, surtout les maires du palais, où se prépare l’avènement de la prochaine dynastie, celle des Carolingiens. C’est avec cette dernière que le royaume retrouve une étendue maximum sur la Gaule et la Germanie : en 800, Charlemagne se fait couronner empereur… par le Pape. L’expression « France, fille aînée de l’Eglise », qui se prête bien à l’Empire carolingien, est née avec Clovis, qui a eu l’intelligence politique de se faire baptiser (entre 496 et 500), s’alliant les élites gallo-romaines, renonçant au paganisme, aux croyances de son peuple et des autres peuples germains. Dès lors, les dynasties régnantes qui émergent en Europe, n’ont de cesse de se faire adouber par l’Eglise romaine et apostolique.
L'héritage de Clovis
Malgré les violentes guerres de succession et les partages du royaume qui s’en suivirent, les descendants de Clovis ont su préserver l’identité du royaume des Francs. A la mort de Clovis, au début du VIe siècle, le royaume est partagé entre ses quatre fils : Thierry Ier, Clodomir, Childebert Ier et Clotaire Ier. Il est réunifié en 558 par Clotaire Ier qui, à nouveau, le partage entre ses cinq fils en 561. Progressivement, trois grandes entités territoriales — la Neustrie (nord-ouest de la France actuelle), l’Austrasie (territoires de l’Est) et la Bourgogne — se dessinent au sein du royaume, l’Aquitaine prenant son indépendance. Clotaire II, petit-fils de Clotaire Ier, parvient à réformer le royaume des Francs en 613. Accalmie dans les guerres de succession : Caribert et Dagobert, les deux fils de Clotaire II, se disputent l’héritage, mais Caribert et son fils Childéric, meurent prématurément. Le bref règne de Dagobert Ier (629-639) est une période de paix relative et la plus brillante de la dynastie des Mérovingiens. Dagobert se fait enterrer à la basilique Saint-Denis qu’il a fait construire et qui deviendra le cimetière des rois de France.
Les rois fainéants
Crise économique, querelles familiales dans la dynastie, absence d’administration centrale, pouvoir d’une aristocratie de grands propriétaires... Après la mort de Dagobert, commence la période qui sera appelée plus tard celle des rois fainéants. L’aristocratie foncière prend le pouvoir avec la fonction de maires de Palais, en Neustrie, en Austrasie et en Bourgogne. Celle d’Austrasie prend l’ascendant sur les autres avec son maire de palais, installé à Paris, Pépin de Herstal, à partir de 690. De Pépin de Herstal jusqu’à Pépin le Bref en 751, la « dynastie » des Pippinides exerce une sorte de régence du royaume des Francs. Charles Martel, fils de Pépin de Herstal, est la figure centrale des Pippinides : pacification du royaume franc, arrêt de la conquête musulmane par la victoire sur les Omeyyades à la bataille de Poitiers en 732, réforme militaire. A la mort, en 721, de Childéric II qui ne laisse aucun héritier, Charles Martel sort un Mérovingien d’un monastère pour en faire un roi sans réel pouvoir, Thierry IV. Celui-ci meurt en 737, il faudra attendre sept ans pour que le fils et successeur de Charles Martel, Pépin le Bref, place sur le trône vacant un dernier représentant de la dynastie mérovingienne, Childéric III.
► Pour en savoir plus, découvrez Comment s'est faite la France ? et une carte interactive retraçant les principaux évènements du Moyen Âge.
►► Reconstituez l'histoire du royaume des Francs grâce à des jeux de bouche-trous et de devinettes.