Le terme de Renaissance renvoie à un mouvement qui se développa suivant des chronologies bien différenciées selon les arts et les territoires.
C’est à Florence qu’il connut ses premiers développements, entre 1400 et 1430, incarnés par le sculpteur Donatello, l’architecte Brunelleschi et le peintre Masaccio. Le David de Donatello (vers 1386-1466) synthétise les ambitions de cette première Renaissance. D’un point de vue technique, la statue entre explicitement en rivalité avec l’Antiquité en ressuscitant l’art de la fonte d’un bronze grandeur nature, perdu depuis lors. D’un point de vue iconographique et formel, la nudité de la figure, d’autant plus frappante pour les esprits que l’oeuvre était relativement accessible au regard public, témoigne d’une approche radicalement nouvelle de la représentation d’un personnage biblique, qu’on investit en outre d’une signification politique contemporaine. L’oeuvre fut en effet présentée au gouvernement républicain de la ville de Florence comme une allégorie prorépublicaine évoquant le renversement du pouvoir tyrannique des Médicis. La nudité souligne enfin l’attention que le sculpteur porte à la nature et à la représentation du corps, qui coexiste toutefois avec une certaine préciosité de la pose. Au fil du xve siècle, l’art “moderne” essaime de Florence aux principales cours ou cités italiennes.
En parallèle, les Flandres voient leurs arts connaître un renouveau singulier, sans pour autant rejoindre les mutations artistiques de la péninsule Italienne. Les tableaux de Jan Van Eyck (vers 1390-1441), comme La Vierge au chancelier Rolin, sont exemplaires de cette pré-Renaissance des Primitifs flamands. D’un côté, une plus grande attention est portée au naturalisme de la représentation : les figures de la Vierge et du donateur sont ainsi de même taille et non hiérarchisées symboliquement par des tailles différentes ; le traitement du paysage à l’arrière-plan témoigne d’un intérêt nouveau pour la nature. D’un autre côté, la construction de la profondeur devient un enjeu pour le peintre, qu’il met en exergue par la multiplication d’éléments géométriques et architecturaux (dallage au sol, colonnes, espace architectural), sans qu’on puisse parler pour autant d’une convergence stricte en un point de fuite principal. Ce n’est qu’à partir du xvie siècle que l’histoire des arts s’écrit véritablement à l’échelle europénne. Du Fontainebleau des Valois au Prague de Rodolphe II en passant par l’Espagne de Charles Quint et Philippe II, on assiste à une diffusion sans précédent des formes artistiques nouvelles, encouragée tout à la fois par la circulation des estampes, les voyages d’artistes, les copies ou les moulages d’antiques, les dons et circulations d’oeuvres d’art.
La diffusion des formes artistiques à l’échelle europénne au xvie siècle est si nette qu’elle a pu être analysée en termes stylistiques sous le nom de “maniérisme”, pour désigner des formes d’art moins proches de la nature et revendiquant le caractère artificiel des représentations. Le canon anormalement élancé des figures en constitue l’aspect le plus fameux, ainsi des figures féminines de la chambre de la duchesse d’Étampes à Fontainebleau (1541-1544). Le décor de celleci, exécuté par l’artiste italien Francesco Primaticcio, dit Primatice( 1504-1570), en collaboration avec Niccolodell’Abbate, est harmonieusement scandé par des stucs ornementaux qui encadrent les peintures. Pour ces dernières, le choix d’évoquer les épisodes de la vie d’Alexandre, et particulièrement ses amours à travers les figures de Campasseou de Roxane, répond au principe de la convenance, au sein d’une chambre qui était celle de la maîtresse attitrée du roi de France. De même, les grands nus féminins, les enfants et les fleurs sont là pour évoquer le plaisir et l’abondance et renvoyer à la thématique amoureuse.
Si la diffusion des expériences italiennes a pu être regardée sous l’angle d’une certaine unité stylistique, il ne faut pas sous-estimer l’importance et la spécificité des réélaborations nationales. La Renaissance française se développe dans le creuset de Fontainebleau sous la conduite de deux artistes italiens appelés en France, Primatice et Rosso, qui diffusent des formes et des structures décoratives nouvelles (ainsi de l’alliance de fresques et de stucs, comme dans la chambre de la duchesse d’Étampes). Mais c’est aux membres d’une jeune génération d’artistes français, Pierre Lescot et Jean Goujon, que la reconstruction du vieux Louvre est confiée, à la veille du changement de règne.
Marianne Cojannot-Le Blanc
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