Les arts à la Renaissance

Née en Italie dès le début du XIVsiècle, la Renaissance artistique va rapidement se diffuser en Europe. La peinture s’enrichit de nouvelles techniques et idées picturales qui permet de nouveaux modes de représentation artistique.


Publié le 13/11/2012 • Modifié le 27/08/2025

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L'Italie, foyer de la Renaissance artistique

Des signes avant-coureurs d’une Renaissance artistique pointent en Italie dès le début du XIVsiècle. En peinture, un peintre florentin comme Giotto, par un traitement naturaliste du visage humain, quitte les conventions du gothique de la fin du Moyen Âge ; à Sienne, Lorenzetti articule paysage et figures au service d’une commande communale, et non plus religieuse, en forme de leçon civique, avec sa fresque Effets du bon et du mauvais gouvernement. Dans la mouvance du poète et humaniste Pétrarque, de jeunes intellectuels florentins se ressourcent dans la culture de la Grèce antique.

La sortie du Moyen Âge

Au début du XVe siècle, l’architecte Brunelleschi revitalise les idées de perspective de l’Antiquité romaine. Le peintre Masaccio magnifie par le trompe-l’œil les idées de Brunelleschi. Donatello finit en 1432 son David, première fonte d’un grand bronze depuis l’Antiquité, retour provocant au nu antique. Ces avancées marquent la sortie de l’art du Moyen Âge. Le mouvement est relayé vers l’Europe, notamment depuis Avignon, siège papal jusqu’en 1378.

Vers 1380, l’intérêt pour l’Antiquité classique et l’Italie gagne Paris, mais la guerre de Cent Ans ralentit la réception des idées. À la cour de Bourgogne, le mécénat des ducs (1364-1419) facilite le croisement des artistes : on y engage Claude Sluter, sculpteur novateur des Flandres, on commande des toiles aux peintres flamands Van Eyck et Van der Weyden ; par eux transitera vers l’Italie la technique de la peinture à l’huile. Le lien Flandres-Italie s’affermit via les banquiers italiens établis à Lyon, Bruges et Anvers. Le peintre allemand Albrecht Dürer, parti comme d’autres artistes étudier en Italie, revient diffuser en Allemagne des théories renaissantes.

L'Italie, un modèle pour l'Europe

Les premières guerres menées en Italie (1494-1516) par les souverains de France lancent l’italianisation des goûts de la noblesse. Courtisans et ambassadeurs, envoyés vers les cours italiennes et le Saint-Siège, rentrent charmés de l’art péninsulaire. Les échanges artistiques entre Pays-Bas et Espagne ont eux aussi en toile de fond un échiquier politique : Charles Quint, monarque qui régnera à divers titres en Europe de 1515 à 1555, a un pied en Espagne et l’autre à Gand.

L’Angleterre a peu d’échanges avec l’Italie artistique de la première Renaissance ; tardivement, en 1526, lorsque l’un des grands maîtres de la Renaissance allemande Hans Holbein le Jeune arrive à Londres, il crée l’étonnement à la cour d’Henri VIII, dont il deviendra le portraitiste attitré.
En 1453, la chute de Constantinople amène vers l’Ouest des réfugiés de culture grecque, dont savants et artistes. Quelques érudits juifs quittent l’Espagne vers l’Italie lors des persécutions de la fin du XVe siècle. Par ces diasporas passe une influence du Moyen Orient.

Une période d'effervescence artistique

De nouvelles techniques picturales


 

On note le progrès de la restitution des trois dimensions, et la perspective, bien que connue des peintres romains comme on le voit sur les fresques à Pompéi, fait un saut dans la pratique de l’illusion et fixe ses lois mathématiques. On use aussi de la perspective aérienne, rendant les déformations produites par l’air et l’éloignement : les couleurs vont en se dégradant et refroidissant, les contours en s’estompant à mesure que distantes de l’œil. L’illusion de la représentation devient approche artistique en soi, et on exploite le genre du trompe-l’œil.

L’architecture use aussi du simulacre perspectif, Borromini créant des colonnades en perspective accélérée qui simulent l’allongement des galeries. Une synthèse de ces effets artistiques communicants est le décor de théâtre. Elle se mue en maniérisme à l’orée du baroque avec le théâtre de Vicence de Palladio (1585).

Des artistes pluridisciplinaires

L’interdisciplinarité des artistes, la mixité des compétences (Léonard de Vinci est tout autant ingénieur que peintre), propres à la Renaissance, aboutissent à de nouvelles catégories de productions artistiques.

Ainsi de l’art du studiolo, du nom du « cabinet » où le puissant se retire pour étudier et se pencher sur ses collections : il est décoré de marqueteries aux motifs perspectifs. En musique, des philosophes se penchent sur la théorie, la musique polyphonique atteint son apogée ; un nouvel art apparaît, celui de l’opéra. L’art de la céramique atteint l’excellence : les italiens, à Faenza, améliorent la faïence avec des techniques d’émail importées d’Espagne. En France, Bernard Palissy pousse la céramique au maniérisme.

La redécouverte de l’Antique amène les artistes à puiser des thèmes dans la mythologie (Métamorphoses d’Ovide), mais les créations artistiques sont baignées des avancées techniques et liées au flux de pensée humaniste. Les imprimeurs éditent les humanistes en leur associant des graveurs : Alde Manuce à Venise (1494) puis Christophe Plantin à Anvers (1548).

Enfin, un art relevant à la fois de la sculpture, de la littérature, de la mythologie, fait à partir de l’Italie un bond créatif : l’art des jardins. On y associe l’art antique des labyrinthes avec l’image humaniste de la nature maîtrisée. On incarne les fleuves par des statues de dieux : elles projettent leurs eaux en animant fontaines, cascades et autres « divertissements hydrauliques ». Le chef-d'œuvre en est la Villa d’Este à Tivoli.

Artistes et mécènes

Un mécène est une personne puissante et fortunée qui finance et protège un ou plusieurs artistes. La Renaissance est l’âge d’or du mécénat. Les artistes sont échangés, passant d’une cour à l’autre à travers une Europe de liens marchands et politiques.

  • Le mécénat royal
    Le « financement » des créations artistiques foisonnantes de la Renaissance est lié à l’élargissement des groupes sociaux aisés capables de les promouvoir. Rois bien sûr, princes et aristocrates, mais aussi bourgeois et marchands, banquiers, chanceliers et diplomates. Le premier mécénat reste le pouvoir royal. Au-delà des plaisirs du roi et de la cour, le mécénat du monarque donne un ton et définit le prestige princier. François Ier, dont le pouvoir se définit dans une vie de cour, non pas fixée mais « nomade », fait engager artistes et architectes, comme Rosso Fiorentino et Le Primatice, du fait du véritable parcours de châteaux à maintenir ou construire : Blois, Fontainebleau, Amboise, Chambord.

  • Le mécénat privé
    ► En Italie, le « financement » de la Renaissance est lié aux villes, dominées par une élite commerciale lettrée et raffinée. On y trouve aussi des guildes : ces corporations de marchands et riches artisans commanditent des œuvres pour les édifices religieux.
    Parmi les plus grands mécènes de la Renaissance, Cosme, puis Laurent de Médicis, banquiers de Florence, ont des agences dans toute l’Europe. En 1430, Cosme commande le David de Donatello pour la cour intérieure de son palais florentin ; en 1440, il confie toutes les fresques du couvent San Marco à Fra Angelico. Le petit-fils de Cosme, Laurent, passionné des arts, fréquente et soutient nombre d’artistes : Verrocchio, Léonard de Vinci, Botticelli, Ghirlandaio, Michel-Ange. Laurent de Médicis s’efforce d’introduire les artistes florentins dans d’autres cours. En Italie, elles sont nombreuses : les Este à Ferrare, les Gonzague à Mantoue, les Montefeltri à Urbino, les familles Borgia et Farnese, etc.
    Les palais du Vatican, à eux seuls, occupent à la Renaissance une infinité d’artistes : Jules II confiant ses appartements pontificaux à Raphaël, Sixte IV engageant pour la chapelle Sixtine non seulement Michel-Ange, mais Le Pérugin, Botticelli, Ghirlandaio, etc. Le « banquier » des papes, le siennois Agostino Chigi, est un célèbre mécène qui soutient financièrement des artistes comme Giulio Romano, Raphaël
    En France, le cardinal et ministre Georges d’Amboise fait bâtir des demeures par des architectes français et des peintres italiens. A la cour des ducs de Bourgogne, le chancelier Nicolas Rolin commande un tableau de la vierge à Van Eyck (1435). Nicolas Rolin y est représenté lui-même devant la mère de Dieu : ce tableau peut ouvrir une méditation sur l’acclimatation de la peinture religieuse de la Renaissance au mécénat privé...

► Pour aller plus loin, découvrez le dossier L'art de la Renaissance.


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