Pour Nathalie Sarraute, notre identité, le « je » est constituée de sentiments, d’émotions, de pensées, qui sont autant de souvenirs épars que l’on reconstitue, formant une trame, un fil, et qui prennent forme en tant que tissage d’une histoire qui est la nôtre.
C’est à l'âge de 82 ans, en voulant évoquer la vie des émigrés russes au début du XXe siècle, qu’elle entreprend cette introspection. Elle reconstitue donc à partir de souvenirs lointains, le fil de sa vie, reprenant les sentiments, les émotions et les pensées qui constituent son passé.
Dans l'autobiographie, le fil permet de retisser, à travers les souvenirs éparpillés, complexes et multiformes, la continuité de ce que nous sommes, au-delà de la complexité. Le fil est ce qui forme la cohérence de notre parcours, l’identité de notre personnalité, le « je ».
Dans Enfance, le « je » et « tu » ne font qu’une et contribuent, en dialoguant, à tisser l’histoire et reconstituer un personnage, à l’interroger de l’intérieur en faisant émerger sa personnalité propre. Une forme de distanciation, permettant de s’observer soi-même de l’extérieur.
Les deux personnages désignés, qui apparaissent dans le récit, recherchent la confrontation, voire la contradiction. L’un assume la conduite du récit tandis que l'autre représente la conscience critique. C’est de cette confrontation qu’émerge le récit et que se reconstituent les souvenirs.
Le récit n’est pas situé dans le temps, il apparaît comme intemporel mais des indications grammaticales permettent de remarquer qu’il s’agit d’une narration in media res, un procédé littéraire permettant de placer le lecteur directement au milieu de l’action.
Nathalie Sarraute écrit tardivement à partir de ses souvenirs de ses 11 premières années, notamment sa relation avec sa mère, froide et distante, qui finit par l'abandonner. Elle se veut aussi sincère que possible, dans ce qui constitue, pour elle, une œuvre d’introspection.
Le nouveau roman naît dans une période de doute sur la nature humaine, du fait du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale. L’émergence des théories sur l’inconscient fait aussi apparaître des écrivains comme Nathalie Sarraute, Samuel Beckett ou Alain Robbe-Grillet et Michel Butor.
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Nathalie Sarraute
Nathalie Sarraute a publié ses premiers écrits en 1932, dans un recueil intitulé Tropismes, qui décrivait les non-dits et rapports humains complexes qui peuvent peser au quotidien et constituer une violence diffuse. Elle publie l'Ère du soupçon en 1956. Cet essai récuse les conventions traditionnelles du roman et fait d’elle l’une des principales figures du nouveau roman. En 1983, elle s'efforce de retrouver ce qui constitue sa personnalité, ses premières rencontres avec les mots, le plaisir de la lecture et l'activité introspective de l'écriture.