États-Unis : de l'esclavage à l'égalité des droits


Publié le 19/12/2012 • Modifié le 07/10/2021

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La population noire, présente sur le sol américain avant même la naissance des États-Unis en 1776, a dû attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour sortir de sa condition d’esclavage.

La lutte de ceux appelés les Afros-Américains fut ensuite longue pour obtenir l’égalité des droits. En 1896, l’arrêt de la Cour suprême des États-Unis Plessy v. Ferguson légitime la législation raciste par la doctrine separate but equal (« séparés mais égaux »). Le mouvement des droits civiques, entre 1955 et 1968, va permettre l’inscription de l’égalité des droits dans la loi et la fin de la ségrégation. Salué jusqu’au-delà des frontières comme une victoire pour les droits humains fondamentaux, ce mouvement est profondément ancré dans l’histoire américaine.

Quand les ex-colonies britanniques prennent leur indépendance et créent les États-Unis d’Amérique, la question de l'esclavage devient vite un point de fracture entre les États du Sud et ceux du Nord. Pour les premiers, l’esclavage est considéré comme la solution au besoin de main-d’œuvre dans la culture du coton et participe à l’établissement d’un mode de vie sudiste, bien éloigné de celui du nord plus industriel. Sur cette fracture, dans un pays où le gouvernement fédéral a ses pouvoirs limités par ceux des États qui le constituent, éclate la guerre de Sécession en 1861 : 11 États du sud font sécession des États-Unis dont le président nouvellement élu, Abraham Lincoln, républicain et nordiste, est un partisan de l’abolition de l’esclavage. L’Union, constituée des États du Nord et frontaliers, en sort vainqueur en 1865. Trois amendements à la Constitution américaine, dits amendements de la Reconstruction, sont adoptés pour sortir les Noirs de leur condition :

  • abolition de l’esclavage (13e amendement)
  • reconnaissance de la citoyenneté et égale protection de la loi (14amendement)
  • droit de vote à tout citoyen américain (15amendement)
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Proclamation de l’émancipation de 1863.
Abraham Lincoln et la proclamation de l’émancipation, 1888, lithographie de The Strobridge Lith. Co., Cincinnati.
Source : Library of Congress, Prints and Photographs Division, Washington D.C.

La reconnaissance des Afros-Américains semble en marche : une quinzaine, issus des États sudistes, se font élire au congrès fédéral. Mais en 1877, à la suite d’un marchandage politique à la Présidentielle, les dernières troupes fédérales se retirent des États du Sud. Dès lors, ceux-ci adoptent des législations défavorables aux Afro-Américains, les Black Codes, et des lois ségrégationnistes imposant la séparation des races dans nombre de domaines de la vie quotidienne (bus, restaurants, écoles, etc.), baptisées lois « Jim Crow », du nom d’un spectacle avec des acteurs blancs grimés. La Cour Suprême les légitime en arguant que la Constitution interdit la discrimination de la part des États mais non les actes individuels de discrimination. Les Afro-Américains sont régulièrement victimes de violences et d’intimidation, notamment de la part du Ku Klux Klan.

Au début du XXe siècle, le mouvement nationaliste noir de Marcus Gravey connait un grand succès, mais c’est le combat de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), créée en 1909, se plaçant sur le terrain juridique, qui se révèle payant et prépare le terrain au mouvement des droits civiques. Soutien aux procès d’Afro-Américains, lutte contre les mesures les empêchant de fait d’exercer leur droit de vote, contre la pratique du lynchage. La NAACP est à l’origine de l’affaire Brown v. Board of Education portée devant la Cour suprême, qui juge en 1954, inconstitutionnelle la ségrégation dans les écoles élémentaires subventionnées par l’État. Le mouvement des droits civiques est lancé.

En 1955, Rosa Parks, membre de la NAACP, refuse de céder sa place à un blanc dans le bus à Montgomery (Alabama). S’en suit le boycott des bus de la ville, premier grand mouvement de masse et non-violent, qui choisit pour leader le pasteur baptiste Martin Luther King.

 
 

Martin Luther King et la discrimination raciale

Suite au refus de laisser entrer les noirs dans les écoles par le gouverneur Wallace, des émeutes violentes éclatent en Alabama. Le Président Kennedy poursuit sa croisade contre la discrimination raciale et autorise les troupes à intervenir. Le 28 août 1963, Martin Luther King prononce son discours « I have a dream » au pied du mémorial Lincoln, devant 200 000 manifestants non-violents.

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