De l’idée à la publication
Melchior Grimm et Denis Diderot
Jacques le Fataliste parait initialement sous la forme d’un feuilleton entre 1778 et 1780 dans la revue de Melchior Grimm La Correspondance littéraire. Denis Diderot en conçoit l’idée en 1765 et continuera à l’étoffer jusqu’à la veille de sa mort. D’abord arrêtée à 125 pages, la pagination monte à plus de 200 pages en 1778 et 287 en 1783.
La première édition française complète date de 1796 ; l’œuvre était alors déjà connue en Allemagne grâce à la traduction partielle de Schiller en 1785 et à celle, complète, de Mylius en 1792.
L’influence de Tristram Shandy
Diderot revendique ses références à Tristram Shandy dans les dernières pages de Jacques le Fataliste et rend hommage à son auteur, Laurence Sterne, qu’il présente comme le « Rabelais anglais »
« Voici le second paragraphe, copié de la vie de Tristram Shandy, à moins que l’entretien de Jacques le Fataliste et de son maître ne soit antérieur à cet ouvrage, et que le ministre Sterne ne soit le plagiaire, ce que je ne crois pas, mais par une estime toute particulière de M. Sterne, que je distingue de la plupart des littérateurs de sa nation, dont l’usage assez fréquent est de nous voler et de nous dire des injures. »
illustration pour Tristram Shandy.
En 1765, Diderot a lu les six premiers volumes de Vie et opinions deTristram Shandy, gentilhomme, publié en neuf volumes entre 1759 et 1767. Son succès s’étend dans toute l’Europe et assurera la place de fondateur du roman moderne à Laurence Sterne, aux côtés de Cervantès et de Rabelais.
Sterne fait référence tout au long de son récit ingénieux aux grands penseurs et écrivains des XVIIe et XVIIe siècles. Ce récit s’articule autour des thèmes de la création, de l’impuissance et du temps. Il débute comme une tentative d’autobiographie de Tristram Shandy. Les digressions et interventions de chacun des membres de la famille Shandy, qui poursuivent chacun une idée fixe, génèrent, tout comme dans Jacques le Fataliste, une construction méticuleuse et spiralée du récit.
Postérité
Dans l’œuvre romanesque de Diderot, Jacques le Fataliste est celui qui a suscité le plus de commentaires et de débats, en raison de la complexité de la mosaïque mise en place entre réflexions philosophiques et récit d’aventures. Il a suscité de nombreuses adaptations, théâtrales et cinématographiques.