Les grandes batailles de la guerre de Cent Ans

Au début de la guerre de Cent Ans, le royaume de France est mis à mal, largement dominé par le royaume d'Angleterre. Explications.


Publié le 15/10/2012 • Modifié le 16/06/2025

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Les premières victoires des Anglais

Entre Flandre et Angleterre, le commerce de la laine ayant repris, les Français envoient une flotte franco-génoise à L’Ecluse, embouchure reliant Bruges à la mer du Nord, pour imposer un blocus naval. Il est brisé par les Anglais le 24 juin 1340, la flotte française subissant une sévère défaite dans cette brève bataille. Les Anglais sont ainsi libres de tout mouvement entre leur île et le continent. Ils en profitent pour débarquer à Brest en 1343, et mènent des chevauchées destructrices à travers le nord-ouest. Les terres sont pillées, le bétail tué, fours et moulins brisés.

En 1346, lors d’une chevauchée d’Edouard III en Normandie, Philippe VI tente de l’intercepter et les forces se retrouvent face à face au mont de Crécy. La bataille est encore une dure défaite pour les Français, et Philippe s’avère, par manque d’autorité sur les seigneurs de son armée, piètre chef militaire. Edouard III poursuit vers le nord et met le siège devant Calais. Avec un reste d’armée, Philippe VI n’arrive pas à lever le blocus de la ville, sur laquelle Edouard III obtient la pleine souveraineté en accordant une trêve (1347).

L'épidémie de peste noire : une trêve forcée

La peste noire de 1349 oblige les protagonistes à arrêter les hostilités. Le règne de Philippe VI se termine dans l’effondrement du prestige des Valois, et la grande peste est vécue en France comme une punition divine. Son successeur, Jean Le Bon, est confronté aux prétentions de Charles II, dit Charles le Mauvais, roi de Navarre (royaume à cheval sur les Pyrénées, détaché de la France en 1328) : le discrédit des Valois encourage ce dernier à contester leur légitimité et à réclamer le trône de France.

Nouvelles victoires anglaises, le royaume de France mis à mal

En 1355, un fils d’Edouard III, surnommé le Prince Noir, parti de Bordeaux, pille la campagne française avec ses troupes, puis il entame une nouvelle chevauchée en 1356. Jean le Bon le poursuit avec une armée deux fois plus nombreuse, et le rattrape aux environs de Poitiers. Mais la bataille se termine aux dépens des Français, et Jean le Bon est fait prisonnier à Londres. Les Anglais imposent un échange avec rançon et cessions de territoires, Edouard III renonçant cependant, par souci de paix durable, à la couronne de France. C’est le traité de Brétigny (1360) : le roi de France est libre moyennant trois millions d'écus d'or, l'Anglais obtient la pleine souveraineté sur la Guyenne, la Gascogne, Calais ; il obtient le Poitou, le Périgord, le Limousin, l'Angoumois et la Saintonge, renonce à la suzeraineté sur les Flandres et sur la Bretagne, qu’il laisse gouvernée par un allié : Jean IV, duc de Bretagne. Les Anglais sont maîtres d’un tiers du royaume de France.

Reprise en main du royaume de France par Charles V

Au moment de la succession de son père Jean le Bon (1364), Charles V voit réapparaître la contestation dynastique de Charles le Mauvais, roi de Navarre, qui veut empêcher son sacre à Reims. Bertrand du Guesclin le bat à Cocherel (1364). Charles V donne pour mission à Du Guesclin d’entraîner au profit du royaume les grandes compagnies, ces unions de mercenaires, de soldats perdus, qui font régner la terreur dans les provinces. Charles V fait traîner le transfert des territoires cédés aux Anglais, puis remet la question de la Guyenne sur le tapis à l’appel du Comte d’Armagnac, dont les sujets d’Aquitaine sont accablés d’impôts par l’Angleterre : Charles prononce la confiscation de l’Aquitaine en novembre 1368. La guerre reprend. Charles V réorganise l'armée, reprise par des chefs compétents comme Du Guesclin, qui la divisent en petits groupes bien structurés.

Une alliance avec le Royaume de Castille conduit à l’anéantissement de la flotte anglaise par la flotte Castillane à la bataille de La Rochelle, en juin 1372. Les places fortes cédées par le traité de Brétigny tombent ensuite les unes après les autres : Poitiers en 1372, Bergerac en 1377. Les Anglais continuant leurs chevauchées, Charles V ordonne aux campagnards la pratique de la terre déserte : se réfugier dans les villes avec toutes leurs réserves. Ainsi plus les Anglais avancent, plus leur ravitaillement devient ardu ; harcelés de plus par la nouvelle tactique d’embuscades des Français, de nombreux chefs anglais sont contraints au repli. A l’issu de ce redressement français, les Anglais perdent une grande partie de leurs possessions d’Aquitaine. La Bretagne reste à leur allié Jean IV, gouvernant le duché.

Bertrand Du Guesclin, le stratège de guerre de Charles V

Du Guesclin, fait par Charles V en 1370 connétable de France, c’est-à-dire chef des armées, est un noble breton au service de la France depuis 1361. Le Dogue noir de Brocéliande, comme on le surnomme, ne procède pas par batailles rangées classiques, mais s’attache à reconquérir « château après château ». Se contentant de peu de moyens, il harcèle sans trêve les Anglais, tirant le maximum d’effectifs modestes mais très préparés. Son type de guerre – on le qualifierait aujourd’hui de guérilla – est très adapté à la situation : reprendre des châteaux dispersés, qui commandent routes et carrefours. Son petit groupe, mobile, au noyau d'élite soudé, fonctionne comme un « commando » avant l’heure, frappant à l'improviste de manière éclair, aussitôt insaisissable pour des forces armées classiques. Du Guesclin sera l’un des piliers du redressement militaire, de la constitution d’une armée de métier et de tactique, indépendante des disputes des Seigneurs qui commandaient leurs propres armées.

Charles V et les bases d'un Etat moderne

Charles V, par sa stratégie militaire et politique, et ses procédés de gouvernance « sages et économes », laisse un pays en voie de réunification, une armée directement sous contrôle royal, un pouvoir royal autonome par rapport à la noblesse, notamment au plan financier par le biais d’impôts rationalisés. A sa mort en 1380, le royaume de France est doté des bases d’un Etat moderne.

Rivalités et guerre de clans autour du pouvoir en France

Au royaume de France, la mort de Charles V fait place à une mainmise de ses frères sur le pouvoir, son fils Charles VI n'ayant que 12 ans. Louis D’Anjou et Philippe de Bourgogne, ses oncles, sont en rivalité. Charles VI reprend en main le royaume à 20 ans en 1388 et devient vite populaire, mais des crises de folie intermittentes commencent à l’affecter et le pouvoir réel retourne aux mains des clans qui se déchirent à la cour. Cette rivalité entre ducs de Bourgogne et d’Orléans dégénère en guerre civile, qui opposera deux clans : Bourguignons (partisans du duc de bourgogne) et Armagnacs (futurs partisans du dauphin). Le roi d’Angleterre, Henri V, habité d’une foi belliqueuse et convaincu d’agir au nom de dieu, joue du désordre français pour reprendre du terrain sur le continent. Il reprend la guerre en débarquant en Normandie en 1415, prend Harfleur, à l’embouchure de la Seine, puis se dirige vers Calais avec environ 6 000 hommes.

Bataille d'Azincourt : un désastre pour la France

L’armée française le rejoint en Artois pour lui barrer la route, avec un rassemblement de 20 000 hommes pour l’emporter. Le champ de bataille, une prairie à découvert entre deux bois près du village d’Azincourt, ne permet pas d’exploiter l’avantage numérique des Français, encombrés par une cavalerie pléthorique. Les montures cuirassées des cavaliers, alourdies par le sol boueux, essuient les flèches anglaises. Les premiers rangs s’effondrent, frise d’hommes et de chevaux dans laquelle vient s’empêtrer le rang suivant. Les arcs transpercent la mêlée des cavaliers, achevés au sol à la hache, par centaines. Mise en déroute par un nombre moindre de fantassins anglais, la chevalerie atteint ici la fin de son ère, marquée par la nouvelle suprématie des armes distantes. Le 25 octobre 1415, la défaite est mémorable. Henri V revient deux ans plus tard conquérir totalement la Normandie : toutes les forteresses, villes ou châteaux, tombent. Rouen est assiégée et réduite à la famine, cédant à Henri V en janvier 1419.

Suprématie anglaise

Les Bourguignons prennent Paris en 1418. Philippe III, le nouveau duc de Bourgogne, allié des Anglais, fait signer le traité de Troyes en 1420, au nom de la France, par un Charles VI admis pour fou définitivement. Son dauphin est déclaré déshérité. La fille de Charles VI épouse Henri V d’Angleterre, désigné pour devenir l’héritier du trône de France à la mort de Charles. Troyes scelle une écrasante suprématie anglaise. Le pays est un damier sous influences : le nord est aux Anglais et aux Bourguignons, alliés de l’Angleterre. Le sud de la Loire (sauf la Guyenne) reste fidèle au dauphin.


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