L’évolution des espèces est principalement due à deux facteurs : l’adaptation à leur environnement à des fins de survie et la sélection génétique opérée par les hommes. Les roses, par exemple, sont le fruit d’un patient travail de sélection génétique, de même que les chiens, qui descendent du loup.
Nature et artifice
La différence entre nature et artifice est à première vue extrêmement simple. La nature semble tout d’abord s’opposer à l’artifice. La nature est en effet tout ce qui est, c’est-à-dire, le monde, la matière, l’eau, le feu, l’air, les plantes et les animaux, abstraction faite de ce que l’homme a créé ou transformé. L’artificiel est donc tout ce qui a été créé par l’homme ou transformé par lui, tout ce qui a pour origine ou pour cause l’intervention humaine.
Un arbre sera ainsi considéré comme naturel par opposition à une chaise qui a été fabriquée par l’homme. Pourtant, cette différence n’est pas toujours aussi claire. Une rose, par exemple, est une fleur, et devrait en ce sens pouvoir être considérée comme naturelle. Pourtant, la rose, telle que nous la connaissons, est le fruit de nombreuses expériences sélectives pour arriver à des couleurs et des odeurs délicates et variées.
La rose « naturelle » est une fleur de rosier, telle que la fleur d’églantier, dotée de 5 pétales. Mais nous aurions du mal à qualifier l’églantier de rose, nous qui connaissons les « roses de jardin » qui s’achètent en bouquet chez les fleuristes et ornent les jardins anglais. La rose telle que nous la connaissons est donc « construite » par les hommes. De la même façon, le chien est un animal, et semble en ce sens pouvoir être qualifié de « naturel ». Mais là encore, comme nous allons le voir à présent, il n’en est rien.
Évolution des espèces et sélection génétique
Tous les chiens descendent du loup. Ils sont le fruit d’un processus de domestication qui commence à l’âge de glace et s’intensifie à l’époque du Néolithique. Les hommes, qui étaient jusqu’alors des chasseurs-cueilleurs nomades, deviennent des éleveurs-cultivateurs sédentaires. Les animaux domestiques n’existent pas dans la nature. Ils sont apprivoisés et dressés par les hommes et sélectionnés pour leurs « qualités ». Par exemple, la couleur et l’odeur pour la rose, ou la docilité pour un animal domestique.
Le bœuf « descend » lui aussi d’un animal sauvage apprécié pour sa viande : l’auroch. Au Néolithique, les hommes vont peu à peu l’apprivoiser pour l’élever. Sa viande, son lait et sa peau permettent aux clans des éleveurs-cultivateurs sédentaires de se nourrir et se vêtir. La domestication est un processus extrêmement important. Leur force de traction permet en effet de déplacer des objets lourds, comme des troncs d’arbres, ou des rochers, utiles à la construction des maisons et des villages.
Tous les chiens descendent du loup
Tous les chiens — du lévrier au chihuahua — descendent du loup. L’histoire du chien commence à l’âge de glace. L’Europe est alors un vaste territoire gelé peuplé d’herbivores et de prédateurs. Les loups chassent sans relâche les mammouths, cerfs géants, rennes ou chevaux sauvages qui peuplent ces immenses territoires. Mais l’arrivée de l’ancêtre de l’homme, l’Homo sapiens sapiens, va bouleverser l’équilibre des lieux. Pour se nourrir, l’Homo sapiens sapiens chasse le même gibier que les loups. La concurrence entre ces deux espèces est rude. Pourtant, les hommes et les loups vont peu à peu collaborer. Certains loups, lassés de se confronter sans cesse aux autres spécimens de leurs meutes, dans lesquelles règne la loi du plus fort, vont se rapprocher des hommes. Ces derniers, profitant de leur présence, permettant d’éloigner les prédateurs, vont leur offrir une nourriture abondante afin de les inciter à rester auprès d’eux.
Avec le temps, un attachement mutuel se manifeste. Les loups sont peu à peu apprivoisés puis domestiqués. Ils seront dès lors sélectionnés dès leur plus jeune âge en fonction de leurs caractéristiques physiques et comportementales : docilité ou virulence, vitesse, sensibilité, fidélité, taille, intelligence pour se reproduire et engendrer des races de chien « utiles » aux hommes, comme les chiens de bergers. Le chien est donc bien le fruit d’une évolution artificielle que l’homme n’aura de cesse d’affiner. Le chien prendra ainsi plus de 400 formes différentes : les « races » que nous connaissons aujourd’hui. L’homme influe ainsi sur la nature, il la façonne en fonction de ses besoins. Mais il en fait également partie, et interagit avec elle, pris dans un devenir commun.