Étudié depuis 1965 par le chimiste James M. Schlatter, l'aspartame, le plus controversé de tous les édulcorants artificiels, est toujours bien présent dans nombre de boissons et aliments. Certains spécialistes jugent qu’il est dangereux pour la santé, d’autres le considèrent au contraire inoffensif. Qui croire ?
Sodas, bonbons, yaourts, médicaments… Plus de 6 000 produits contiennent de l’aspartame. Cette poudre blanche donnerait un goût sucré aux aliments tout en apportant très peu de calories. Découverte aux États-Unis il y a presque 50 ans par le laboratoire Searl pour en faire un médicament anti-ulcère, cette substance est rachetée en 1985 par Monsanto qui l'introduit dans notre alimentation quotidienne. Elle est autorisée en France depuis 1988. Aujourd’hui, 200 millions de personnes en consommeraient régulièrement dans le monde.
L’aspartame : un produit contesté
Les spécialistes de la sécurité alimentaire ont toujours affirmé que l’aspartame ne présentait aucun danger pour l’homme. À condition de s’en tenir à la dose journalière de 40 mg par kilo de poids corporel. Mais plusieurs études contestent cette affirmation. En 2011, des chercheurs de Bologne (Italie) ont démontré que la consommation de ce « faux sucre » provoquait des cancers. Une autre étude, menée cette fois par des scientifiques danois, montre que le produit augmenterait le risque d'accouchement prématuré chez la femme enceinte. En février 2013, des chercheurs français ont confirmé un lien entre la maladie du diabète et la consommation d'aspartame. Enfin, en 2018, dans son livre Le light, c’est du lourd (éd. Max Milo), la journaliste Henriette Chardak fait même un parallèle entre l'aspartame et la prise de poids en signalant que des médicaments contenant des dérivés d’aspartame sont utilisés par des éleveurs pour que le bétail grossisse plus vite.
Des études controversées
En décembre 2013, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a assuré, après une réévaluation approfondie, que l’aspartame et ses produits de dégradation sont sûrs pour la consommation humaine si la dose journalière recommandée est respectée. Des conclusions qui sont loin de convaincre le Réseau environnement santé (RES), qui regroupe scientifiques, associations de malades et ONG. « Les rapports qui ont servi à établir la dose journalière n'ont jamais fait l'objet d'une évaluation indépendante, ce qui est pourtant la première étape d'une évaluation des risques », expliquent les scientifiques du réseau. Toutes les études financées par l’industrie alimentaire concluent que l’aspartame est sans danger. À l'inverse, 92 % des études indépendantes de l’industrie concluent, elles, que l’aspartame peut nuire à la santé...
L'avis des nutritionnistes
De l'avis des nutrionnistes, l'aspartame ne devrait pas faire partie d'une alimentation régulière car cette substance entretient le goût pour les aliments sucrés. L'utiliser en substitution du sucre nuirait donc à la santé et favoriserait l'obésité. Ce qui est sûr, c'est qu'un mode de vie sain est basé sur l'adoption de bonnes habitudes alimentaires, sur la pratique régulière d'un sport et sur une consommation prudente d'aliments plus sucrés et caloriques.
Audrey Emery