« Bel-Ami » de Guy de Maupassant

Avec son roman phare Bel-Ami, Guy de Maupassant dresse une critique virulente d’une société française de la fin du XIX^e siècle gangrénée par la corruption. Une œuvre qui semble dénuée de morale, à l’image de son protagoniste parti de rien pour atteindre les sommets de la société parisienne, et dont le parcours rappelle pourtant celui du célèbre auteur français.

Que raconte Bel-Ami ?

Georges Duroy est un ancien sous-officier vivant à Paris, qui peine à joindre les deux bouts. Un jour, il tombe sur Charles Forestier, un ancien camarade de régiment devenu journaliste à La vie française, un célèbre quotidien. Grâce à lui, Georges parvient à se faire engager. Cependant, n’étant pas doué pour la rédaction, il fait écrire ses articles par Madeleine, la femme de Charles. Ambitieux mais sans égo, Georges n’hésite pas à se servir des autres pour s’élever socialement, et surtout des femmes. Et aucune ne résiste à cet élégant beau-parleur, dont le charme est le seul véritable talent. C’est d’ailleurs à elles qu’il doit son surnom de « Bel-Ami ».

Ainsi, il va devenir l’amant de la femme de son patron afin d’obtenir un avancement, avant d’épouser Madeleine dès que Charles rend son dernier souffle. Les jeunes mariés vont travailler ensemble pour s’insérer dans les milieux politiques de la capitale et développer leur réseau de connaissances. C’est à cette occasion que Georges Duroy change de nom, pour prendre celui de Georges Duroy de Cantel. Lorsqu’il n’a plus besoin de Madeleine, il profite de la surprendre en flagrant délit d’adultère avec un ministre pour s'en débarrasser, puis épouse Suzanne, la fille de son patron, qu’il avait séduit peu avant. Le roman se termine sur le succès de cet homme parti du bas de l’échelle qui, en seulement trois ans, a réussi à faire fortune et s’apprête à se lancer dans une carrière politique.

Une critique acerbe de la société

Dans ce roman sans morale, Guy de Maupassant dénonce les travers de la société française de son époque, et de l’absence totale de méritocratie en son sein. Il s’en prend aux gens de pouvoir et aux grandes instances de l’Etat qui n’hésitent pas à magouiller pour s’enrichir. Et ce, à travers un personnage égoïste et individualiste qui se sert des autres pour avancer, mais dont le parcours partage quelques points communs avec le sien. Bel-Ami rencontre un succès retentissant lors de sa parution, devenant le plus grand succès de son auteur. Il a été adapté sept fois à la télévision et dix fois au cinéma, notamment en 2012, avec Robert Pattinson dans le rôle-titre.