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SES29:25Publié le 12/08/2020

Le processus de socialisation

Les cours Lumni - Lycée

Quels sont les principaux mécanismes du processus de socialisation ? Réponse avec Mathieu, professeur de sciences économiques et sociales, afin de comprendre se fabrique l'individu. 

 

 

Comment le sociologue nous aide-t-il à comprendre les trajectoires probables et improbables d’un individu ?

 

Plan du cours : 

I) La socialisation, un processus complexe par lequel la société forme et transforme l’individu

  • A- Un processus d’apprentissage et d’intériorisation…
  • B- Un processus continu
  • C- Alors, comment peut-il devenir parfois déviant ?

II) La socialisation conduit à des trajectoires individuelles à la fois probables et incertaines

  • A- Une socialisation différenciée par exemple selon le milieu social et le genre
  • B- La socialisation face à la multiplication des normes et à la diversité des situations…
  • C-… Qui conduisent à la possibilité de trajectoires individuelles improbables

Comment la société forme et transforme l’individu par la socialisation ?

A- La socialisation, un processus d’apprentissage et d’intériorisation…

1) … qui se réalise selon des modalités multiples

- Le processus explicite par l’inculcation

Exemple : donner l’ordre à un enfant de dire « merci » est une injonction clairement exprimée, elle est explicite. Cette interaction entre celui qui transmet la règle et celui qui l’a reçoit est encadré par des sanctions positives ou négatives si l’enfant ne se conforme pas à l’action clairement exprimée.

-Le processus implicite par identification et imitation lors d’interactions diverses.

C’est le cas quand un individu s’identifie voire imite un autre individu. Chez les enfants, cette identification se matérialise souvent par le jeu (jouer au docteur, jouer au marchand, etc.).

 

2) … et met en jeu diverses instances

L’apprentissage est aussi marqué par la diversité des instances et des agents qui participent à la socialisation de l’individu.

La famille joue un rôle important au cours de la socialisation primaire (enfance à l’adolescence) car :

-Elle façonne l’individu et elle l’oriente ses futures façons de penser, d’agir et se ressentir son environnement.

-Elle dispose d’une relative exclusivité pendant l’enfance. Elle est presque seule à pouvoir influencer l’enfant.

-L’enfant est encore très maniable.

-Cette socialisation comporte une dimension affective.

 

L’école :

-Elle intervient de plus en plus longuement dans la vie des individus.

-Elle est une expérience quotidienne.

 

Les groupes de pairs sont des individus semblables en termes d’âge, de loisirs, de lieu d’habitations. (exemple : groupe d’amis).

 

Médias (journaux, radio, télévision, internet, réseaux sociaux) :

-Ils sont des moyens de communication de masse, de façon d’agir et de penser auprès de leur public.

-Cette instance, en particulier internet, s’est imposée auprès des plus jeunes.

D’autres instances interviennent plus tard dans la vie d’un individu. Le processus de socialisation est un processus continu. Il se fait tout au long de la vie.

B- Un processus continu

1) De l’enfance et tout au long de la vie adulte

Au cours de cette socialisation secondaire, l’individu intègre de nouvelles instances de socialisation : le couple, le milieu professionnel, l’espace politique, amis, etc. L’apprentissage est ici implicite. Dans le monde professionnel, l’individu doit se conformer aux attentes de son milieu professionnel. Il apprend à jouer un nouveau rôle dans le cadre de ce nouveau milieu notamment en interagissant quotidiennement avec ses collègues de travail. La socialisation secondaire débute lorsque l’individu entre dans la vie active.

 

2)… qui fait de l’individu un être social, sociable et intégré

L’individu se forme à la fois comme une personne et comme membre de la société. Ils se conforment aux attentes normatives du groupe. Ses propres pratiques peuvent elles-mêmes consolider les normes voire parfois les faire évoluer. C’est aussi ce qui lui permet de développer une sociabilité, c’est-à-dire une capacité à pouvoir évoluer dans différents groupes sociaux en nouant des relations avec d’autres individus. Il acquiert des dispositions plus ou moins durables à penser, à sentir, à agir. Le sociologue français Pierre Bourdieu appelle cela « l’habitus ».

C) Comment peut-il devenir parfois déviant ?

Créer une norme revient à créer l’acte déviant de la norme. Dès qu’un individu a été identifié comme ayant transgressé une norme, il court le risque d’être étiqueté comme déviant. Cette même étiquette peut devenir son statut principal. C’est comme si son identité se réduisait à son étiquette. Cette étiquette peut être dévalorisante.

Comment la socialisation conduit-elle à des trajectoires individuelles probables et incertaines ?

A- Une socialisation différenciée par exemple selon le milieu social et le genre

1-Un processus de différenciation selon le milieu social

Les valeurs et les normes diffèrent selon les milieux sociaux. Lorsqu’on envisage cette différenciation à l’échelle d’une même société, on compare souvent des groupes socialement hiérarchisés.

 

2-Un processus de différenciation selon le genre

La socialisation joue aussi un rôle majeur dans la fabrication des différences entre les sexes (« gender » en sociologie anglo-saxonne). Ainsin les groupes sociaux ont des attentes spécifiques en fonction du sexe de l’individu.

Exemple : le caractère genré des jouets ou des histoires racontées aux enfants.

Les genres sont aussi situés socialement. On n’est pas homme ou femme de la même manière selon le contexte sociale, dans le temps ou dans l’espace.

B- La socialisation face à la multiplication des normes et à la diversité des situations…

1-la diversité des configurations familiales modifie les conditions de la socialisation primaire.

Depuis les années 1970, la famille a connu des transformations en déviant du modèle traditionnel. Aujourd’hui, les familles sont plurielles. Leurs configurations mènent à des socialisations différenciées au sein de familles qui sont a priori similaires en termes de milieu sociale. Ces configurations familiales mènent à des socialisations spécifiques.

 

Exemple :

Lorsque les parents vivent ensemble, 24,2 % des enfants rencontrent des difficultés à l’école. Lorsque les parents ne vivent pas ensemble, 30,8 % des enfants rencontrent des difficultés à l’école. On observe le même cas de figure chez les parents diplômés.

→ La séparation peut apparaître comme un facteur d’échec scolaire. Même pour les parents les plus diplômés, leur séparation semble annuler les bénéfices de leur niveau de diplôme.

 

2- La pluralité des influences affecte la socialisation secondaire

La diversité des configurations familiales favorise donc des trajectoires plus improbables pendant la socialisation primaire. C’est aussi le cas dans la socialisation secondaire puisque l’individu intègre de nouveaux mondes, avec des nouvelles façons de penser et d’agir. Ces nouveaux mondes peuvent être plus ou moins éloignés des acquis de cette socialisation primaire.

Exemple : la socialisation des jeunes chirurgiens.

Ils doivent apprendre à montrer leur autorité face aux autres soignants non-chirurgien, face aux patients. Ils doivent montrer qu’ils dorment peu, qu’ils prennent peu de temps pour manger, etc. Ces comportements assurent la conformité de l’individu à son nouveau rôle social dans la sphère professionnel.

C- La possibilité de trajectoires individuelles improbables

Ces trajectoires improbables correspondent à des socialisations dites « de transformation » voire de « rupture ». C’est le cas de nombreuses personnalités :

Najat Vallaud-Belkacem, dont le père était ouvrier, est devenue plusieurs fois ministre ou encore Anne Hidalgo, dont les parents étaient ouvriers, est aujourd'hui maire de Paris.

Comment comprendre sociologiquement la possibilité de telle trajectoire ? C’est le but d’une étude sociologique.  

 

1-Des trajectoires improbables au sein de mêmes familles

Étude sociologique sur les 8 enfants d’une famille ouvrière issue de l’immigration algérienne.

Image contenu
© France TV Studio

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans cette étude, trois points sont importants :  

-La plus grande ascension sociale des aînés.

-Le rôle des aînés dans la réussite scolaire du reste de la fratrie.

-La plus grande réussite scolaire des filles par rapport aux garçons.

Le sociologue identifie aussi d’autres points qui changent les trajectoires : la mobilisation de certains professeurs, le fait d’avoir fréquenté des écoles mixtes socialement, le fait d’habiter dans une ville où les politiques éducatives sont riches.

 

2-Des trajectoires improbables au sein de même milieux sociaux

Exemple d’une étude : le cas d’Imane.

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© France TV Studio

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ces trajectoires improbables existent aussi en sens inverse. C’est le cas des « méshéritiers » : il s'agit d'élèves, en échec scolaire alors que leurs parents sont fortement diplômés,

 

⇒ La socialisation peut donc mener à des trajectoires statistiquement improbables que l’on peut comprendre en apportant une approche plus fine du processus de socialisation. Cette différenciation des trajectoires reste sous contrainte. Les individus restent socialement situés. Les acquis de la socialisation primaire persistent même si elles restent peu visibles. Les influences sociales demeurent même si elles peuvent être plus ou moins durables.  

 

Réalisateur : Didier Fraisse

Producteur : France tv studio

Année de copyright : 2020

Année de production : 2020

Année de diffusion : 2020

Publié le 12/08/20

Modifié le 20/09/23

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