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Actualité24:06Publié le 06/12/2021

Les addictions

L'entre deux

Le terme d’addiction dépasse aujourd’hui le contexte des drogues, et on peut se définir comme dépendant à tout et n’importe quoi, du sport aux réseaux sociaux en passant par le sexe. Pour ce nouveau numéro de L’Entre Deux, Cyrus North reçoit Amine Benyamina, professeur de médecine et psychiatre spécialiste en addictologie.

L’addiction, ou quand une consommation ou pratique influe sur notre vie

Ce n’est pas parce qu’on aime faire ou consommer quelque chose régulièrement que l’on est dépendant. L’addiction est un état de dépendance très fort qui entraîne un changement de l’écologie quotidienne, c’est-à-dire du comportement au quotidien. Pour résumer, il est difficile de parler d’addiction tant que cela n’a pas un impact négatif sur notre vie, et qu’on est capable de s’arrêter sans être obsédé par l’idée de recommencer.

Quand on parle d’addiction, on pense souvent à des substances nocives (les drogues ou l’alcool, par exemple). Pourtant, elle peut aussi être liée à d’autres consommations ou activité comme le sport. La pratique d’une activité sportive stimule un système de récompense dans notre cerveau, qui va à son tour stimuler l’aire tegmentaire ventrale (ATV). Celle-ci en fera de mêmes avec d’autres zones du cerveau, formant une véritable boucle. Arrêter totalement après avoir fait du sport régulièrement sur une certaine période peut donc induire un manque, car notre organisme s’est habitué à obtenir sa dose d’endorphine. Certains souffrent même d’une dépendance au sport appelée bigorexie. Ils en pratiquent de manière excessive et ne laissent pas leur corps se reposer ou se remettre de blessures.

Le sevrage

Le sevrage est l’arrêt progressif ou immédiat de la consommation d’une substance toxique à laquelle la personne est dépendante. C’est là qu’intervient la sensation de manque dont les symptômes diffèrent selon les produits. Une personne en sevrage de l’alcool peut souffrir de tremblements, transpirer, se sentir mal, et même être sujette à des crises d’épilepsie.

Mais la fin de ce syndrome, après quelques jours, ne signifie pas la guérison. Car une addiction se joue principalement sur le plan psychologique, notamment avec la source principale de la dépendance : le craving. C’est l’envie irrépressible de consommer une substance ou d’exécuter un comportement alors qu’on ne le veut pas à ce moment-là. Cette envie et le manque peuvent disparaître avec le temps grâce à la neuroplasticité, la capacité de nos neurones à se remodeler tout au long de notre vie.

Les traitements

En France, l’addictologie s’organise tant au niveau médical que social à travers plusieurs structures, proposant une prise en charge anonyme et gratuite. Tout d’abord, les structures de bas seuil, comme les salles de consommation à moindre risque, aussi appelées salles de shoot. Leur objectif principal est la réduction des risques et des dommages des personnes les plus accros à un produit stupéfiant et qui ne sont plus intégrées à la société. Ensuite, il y a les CAARUD, ou Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogue, où les personnes accueillies peuvent notamment commencer un traitement de substitution. Enfin, il y a les CSAPA, pour Centre de soin et d’accompagnement des personnes addicts.

Certaines pratiques médicales peuvent agir comme une alternative aux médicaments, et aider à se défaire d’une addiction, notamment la thérapie comportementale et cognitive, l’hypnose, ou la méditation de pleine conscience. Et si vous connaissez une personne souffrant d’addiction sans s’en rendre compte ou qui refuse de le reconnaître, parlez-lui. Quand son comportement change, filmez-là pour lui montrer par la suite. Le déni est le moteur de l’addiction, l’étape la plus difficile à franchir. La prise de conscience est le premier pas vers la guérison.

Réalisateur : Adrien Benoliel

Producteur : Outsideur

Année de copyright : 2021

Publié le 06/12/21

Modifié le 26/01/23

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