Sida : histoire d'une épidémie

Le 7 avril 1994, lors du premier « Sidaction », l'actrice Clémentine Célarié embrasse un homme séropositif devant 23 millions de téléspectateurs pour démontrer que le sida ne se transmet pas par la salive. Car si le virus a depuis longtemps été découvert, il fait encore l’objet de nombreux  préjugés…

Quand le virus du sida a-t-il été découvert ?

Le 5 juin 1981, une revue scientifique américaine rapporte la découverte de 5 cas d’une pneumonie très rare, chez des jeunes hommes homosexuels, à Los Angeles. La publication passe quasiment inaperçue. Mais dans les mois qui suivent, le nombre de malades et de morts ne cesse d'augmenter, en particulier au sein de la communauté homosexuelle chez des patients jeunes et jusqu’alors en parfaite santé. Le mystérieux virus - qui se propage dans d’autres pays - commence à semer la panique.

La maladie concerne tout le monde et elle porte un nom : Syndrome d’immunodéficience acquise ou SIDA. Face à ces patients qui présentent tous un système immunitaire défaillant, des infections et des tumeurs, les médecins sont perplexes. En 1983, des chercheurs français de l’Institut Pasteur - Jean-Claude Chermann, Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier - parviennent à isoler le virus et démontrent qu’il se transmet par voie sexuelle, sanguine et de la mère à l’enfant. L’ennemi - bientôt appelé VIH (Virus Immunodéficience humaine)- est identifié. Mais ce n’est que le début d’un long combat.

Le combat des associations de lutte contre le sida

Dans les années 1980, alors que l’épidémie mortelle se propage à une vitesse fulgurante sur tous les continents, des artistes se mobilisent et des associations émergent pour soutenir les malades et faire prendre conscience que l’épidémie concerne l’ensemble de la société. Parmi elles, l’association AIDES, fondée en 1984, qui milite inlassablement pour sensibiliser l’opinion publique et mettre en œuvre des actions de prévention. Ou encore l’association Act Up Paris, créée en 1989, qui dénonce l’inaction et le silence des pouvoirs publics et multiplie les manifestations et les opérations coup de poing. Car face à cette épidémie pourtant mortelle, l’Etat tarde à réagir.  Faute d’information, les modes de contamination alimentent de nombreux fantasmes. Stigmatisées et discriminées, les personnes contaminées sont victimes de leur maladie, mais également  de l’ignorance et de la peur… En 1991, la colère atteint son paroxysme lorsqu’un scandale sanitaire sans précédent éclate. Une journaliste révèle que dans les années 1980, plus d’un millier de personnes hémophiles ont été sciemment transfusées avec du sang contaminé par le virus du SIDA malgré les alertes de plusieurs scientifiques …  

Sida, une épidémie freinée mais toujours présente

En 1986, le SIDA est déclaré « grande cause nationale » en France. Un an plus tard, le gouvernement autorise la publicité pour les préservatifs mais également la vente libre de seringues jetables tandis qu’une grande campagne de prévention est enfin lancée. Un premier traitement semble ralentir la progression du virus : l’AZT.  Mais il s’avère peu efficace. Il faudra attendre encore presque dix ans et la mise au point des trithérapies pour que l’on puisse véritablement faire reculer la maladie. Sans jamais pouvoir l’éradiquer. Malgré d’importants effets secondaires, les personnes contaminées retrouvent une espérance de vie quasi normale et le nombre de décès commence enfin à diminuer. A ce jour, aucun vaccin n’a encore été trouvé. Mais après quarante ans de lutte, et plus de 40 millions de morts, la bataille contre le SIDA doit continuer.

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