C'est quoi la fast-fashion ?
La fast-fashion (ou « mode rapide » en anglais) désigne un mode de production où les collections se renouvellent très vite. Ce modèle économique est apparu dans les années 1990. Il se base sur le « vite » et « plus ». Les marques de fast-fashion renouvellent leurs collections hyper régulièrement (jusqu’à 36 fois/an, contre 4 fois/an pour une marque classique) et font fabriquer ces vêtements en très grosse quantité et à bas coût. Côté consommateur, on achète ► on porte ► le vêtement s’abîme ou n’est plus tendance au bout de 3 mois ► on le laisse au fond du placard ► on rachète ► et ainsi de suite... Ce système a 2 importantes conséquences :
- La consommation de vêtements augmente de manière incontrôlée.
Les marques produisent quasiment 2 fois plus de collections aujourd’hui qu’il y a 20 ans. En même temps, les prix ont énormément baissé. Résultat, on n’a jamais autant acheté et possédé de vêtements. Aux États-Unis, par exemple, un consommateur moyen achète un vêtement tous les 5,5 jours ! - La production de vêtements n’a jamais autant pollué.
L’industrie de la mode a toujours eu un impact environnemental et humain. Mais le modèle de la fast-fashion multiplie ces impacts environnementaux et sociaux. C’est mathématique : plus on produit en grande quantité, plus l’impact de cette production augmente. De plus, la fast-fashion aggrave ces impacts. Par exemple, pour renouveler toujours plus vite leur catalogue et maintenir des prix bas, les marques font fabriquer les vêtements dans des pays où le salaire est moins élevé (Bangladesh, Pakistan…). Et elles ne maîtrisent pas vraiment les conditions de fabrication, les produits chimiques utilisés, où sont déversées les eaux usées de la production… Peu importe comment ton T-shirt a été produit, du moment qu’il arrive vite en rayon.
La fast-fashion a explosé le principe des économies d’échelle (plus on produit, moins ça coûte cher à produire). Mais on est arrivé au point où ça touche les droits environnementaux et humains.
Marie Nguyen, co-fondatrice de We Dress Fair
L’impact environnemental de la fast-fashion
Les conséquences sur le climat
L’industrie de la mode représenterait jusqu’à 10 % des émissions mondiales de CO2. La majeure partie de ces émissions est générée au stade la production des fibres textiles (70 % des fibres synthétiques sont fabriquées avec du pétrole), et de leur transformation en tissu, puis en vêtement. La fabrication d’un seul jean pollue autant qu'un trajet de 300 km en voiture.
La fast-fashion aggrave le phénomène, en délocalisant la production de vêtements pour qu'elle coûte moins cher. Sauf qu’un textile fabriqué en Chine par exemple a une empreinte carbone 40 % plus élevée que s’il était fabriqué en Turquie ou en Europe, parce que la Chine alimente ses usines au charbon.
Les conséquences sur la nature
- L'industrie de la mode est le 2e plus grand consommateur mondial d'eau. Sais-tu par exemple, que la culture intensive a contribué à quasiment assécher la mer d’Aral en une quinzaine d’années ?
- La fast-fashion est aussi responsable d'environ 20 % de la pollution industrielle de l'eau, à cause de la teinture et des traitements chimiques appliqués aux tissus. Plus de 15 000 produits chimiques différents sont utilisés pendant la fabrication des vêtements ! Cette pollution s’infiltre dans l’eau et dans le sol, où elle perturbe les micro-organismes, plantes, insectes…
- Elle représente environ 1/3 de la pollution microplastique (des particules de plastique inférieures à 5 millimètres) des océans.
- Elle entraîne aussi un énorme gaspillage qui se produit aussi bien avant l’achat (15 % du tissu d’un vêtement serait gâché pendant sa fabrication) qu’après l’achat. Logique : les vêtements de fast-fashion sont soit abîmés soit démodés au bout de quelques mois. Tu finis fatalement par t’en débarrasser pour faire de la place, et une grande partie finit à la poubelle.
En moyenne, dans le monde, parmi les textiles jetés, seuls 1% sont recyclés. Le reste finit à la décharge. Mais les consommateurs ne sont pas les seuls responsables. Comme les marques font fabriquer de très gros volumes de vêtements, elles se retrouvent souvent avec des stocks d’invendus neufs dont elles ne savent pas quoi faire. Certaines (comme H&M, Burberry, Celio…) étaient même soupçonnées de les brûler. La destruction de ces invendus a donc été interdite, et est illégale depuis 2022. Garde en tête que tous ces impacts environnementaux sont inégalement répartis. Les pays en développement, qui les fabriquent, en subissent une grosse partie, alors que ces vêtements sont fabriqués pour les personnes des pays riches. Par exemple, au Cambodge, l’industrie de la mode génère 60% de la pollution de l'eau et 34% de la pollution chimique nationale.
L’impact social de la fast-fashion
Les ouvriers (surtout des ouvrières) qui fabriquent tes vêtements sont souvent payés une misère et travaillent dans de mauvaises conditions. En 2013, l'effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, un bâtiment qui abritait des ateliers de confection pour diverses marques a fait 1 127 morts et 2 500 blessés. La fast-fashion participe aussi indirectement à l’exploitation de la minorité ouïghoure en Chine. En effet, 20 % de la production mondiale de coton vient de la région Xinjiang où vit cette communauté. Les Ouïghours seraient enfermés par le gouvernement chinois et contraints de travailler dans les champs et les ateliers de transformation du coton.
Quelles solutions pour réduire l'impact de la mode ?
À l’échelle mondiale
- L’Union Européenne a développé toute une stratégie pour lutter contre la fast-fashion et promouvoir des vêtements plus éco-responsables. Parmi les mesures : interdire la destruction des invendus, encourager l’éco-conception, ou encore créer un passeport numérique pour chaque produit qui communiquerait son impact environnemental et fournirait des conseils pour le réparer ou le recycler.
- Imaginer, tous ensemble, un autre modèle plus respectueux de la nature et des travailleurs. C’est le principe de la Fashion Revolution Week qui a lieu tous les ans depuis 2015.
À ton échelle
- Nous sommes toutes et tous conditionnés à consommer de cette manière (toujours plus, plus vite). Donc le plus urgent, c’est de prendre conscience du problème.
Tu peux sortir tes vêtements de l’armoire, regarder ce que tu ne portes pas, et calculer le coût que ça représente. Est-ce que cette somme-là n’aurait pas pu être dépensée autrement, pour acheter moins de fringues mais de meilleure qualité ?
Marie Nguyen, co-fondatrice de We Dress Fair
Concrètement tu peux :
- Te fixer des objectifs réalistes. Réduis progressivement tes achats de vêtements (inutile de vouloir passer de 15 vêtements par mois à 1 seul du jour au lendemain).
- Achète éthique. Certes ça coûte plus cher mais il existe des préventes qui permettent de payer moins ce genre de produits. Des sites tels que We Dress Fair ont mis en place un « ticket solidaire » sur leur catalogue pour que les personnes avec moins de moyens puissent accéder à des prix réduits.
- Si vraiment tu veux te débarrasser de tes vêtements, pense réutilisation, recyclage, et local. Organise des vide-dressing avec tes potes, pose une caisse « servez-vous » dans ton hall d’immeuble, utilise des sites de seconde main comme Vinted par exemple…
- Écris aux marques. Lettre, mail, DM… Questionne-les sur les conditions de fabrication de leurs vêtements, leur impact. Ça montre que les consommateurs sont concernés par le sujet.
Sources
Interview de Marie Nguyen, co-fondatrice de We Dress Fair
Nature Earth & Environment - The environmental price of fast fashion
ADEME - Calculer les émissions de carbone de vos trajets
ADEME - La mode sans dessus-dessous
France Info - Défendre les Ouïghours ou vendre en Chine ? L'industrie textile au pied du mur
UNEP - Pour une mode durable (loin de la mode éphémère)
Commission Européenne - Green Deal : nouvelles propositions pour faire des produits durables la norme et renforcer l'indépendance de l'Europe en matière de ressource