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Actualité13:05Publié le 09/03/2023

La seconde main

L'entre deux

Faut-il revoir nos modes de consommation ? A l’heure où le GIEC parle de sobriété, les initiatives se multiplient. Mais, entre la seconde main, le recyclage, la collecte (parfois organisée par les magasins eux-mêmes), quelle est la solution ? Quels sont les dessous de l’industrie de la mode et du textile ? Revue des avantages et des limites de la seconde main avec l’invitée Julia Faure, cofondatrice d’une marque éthique et membre d’En Mode Climat. Elle répond aux questions d’Alix Grousset dans ce nouvel épisode de L’entre deux

Qu’est-ce que la seconde main ? 

La seconde main, c’est consommer des choses utilisées par d’autres avant, sans transformation. Il peut s’agir de meubles, de plantes, de vêtements... C’est différent de l’upcycling, cette approche de mode durable, qui implique la transformation de la matière pour lui donner une valeur supérieure, comme des rideaux transformés en t-shirt ou en robe.

+ 140 % d’augmentation de la seconde main entre 2019 et 2021

On assiste à un développement sans précédent de la seconde main grâce à l’appui des plateformes existantes et aux habitudes de consommation. Il faut ajouter que les mentalités ont évolué. Pour la génération de nos parents, la seconde main était en effet, associée à des notions de pauvreté, de saleté et était un obstacle à l'envie de posséder de nouvelles choses. Aujourd'hui, la seconde main est valorisée, elle permet notamment d'obtenir des pièces uniques.

La seconde main : une solution aux émissions de gaz à effet de serre ?

Avec près de 2 % des émissions, le secteur textile émet autant de gaz à effet de serre que le secteur aérien. Cependant, rapporté à un vêtement individuel, cela ne pollue pas beaucoup, car il n’y a pas beaucoup de technologie, contrairement à un objet high-tech. Mais, tout ce que l’homme produit, pollue. Pour un t-shirt en coton, la production du coton nécessite de l'engrais, de l’eau, des tracteurs, qui ont un impact. Puis, viennent les étapes industrielles. On se sert de grosses machines gourmandes en énergie fossile. Transformer la matière première en vêtement, émet donc des gaz à effet de serre, mais de manière invisible.

Pour la seconde main, en théorie, les ressources sont déjà mobilisées dans le vêtement, mais en pratique, l’explosion de la seconde main s'est accompagnée d’une hausse d’achat du neuf. En France, dans les années 1980, on comptabilisait 1,4 milliard de vêtements vendus chaque année. En 2021, les ventes de neuf atteignent 2, 8 milliards. Cette surconsommation s'est accélérée depuis 30 ans avec l'arrivée de la « fast fashion ».

Qu’est-ce que la fast fashion ? 

C’est la tendance qui repose sur un renouvellement ultra-rapide des collections, avec deux axes : des prix bas et une incitation continuelle à consommer. Comme les vêtements ne sont pas chers, on en consomme deux fois plus. On les considère comme du jetable.

Alors, « fast fashion en seconde main » ou « vêtement neuf d’une marque éthique » ? La réponse est compliquée, car les deux ont des avantages et des inconvénients, soit du point de vue de la consommation, soit de celui de la production. L'enjeu est de pouvoir avoir des lois pour forcer l’industrie textile à faire tout simplement mieux. Le constat est simple, trop de vêtements, occasionnent des désastres humains et écologiques. Quelques points d'alerte :

  • Le réemploi : une production locale, avec des conditions de travail acceptables ne peut pas être compétitive face à la surproduction de vêtements neufs, dans des pays où la main d’œuvre est la moins chère.
  • La déculpabilisation : rapporter des vêtements dans les magasins de fast fashion est une stratégie d’acquisition. L’idée est de donner un bon de réduction, pour inciter à l’achat et consommer toujours plus d’articles neufs.
  • Le recyclage : prendre un produit et le transformer de manière à ce qu’il puisse redevenir un produit équivalent. L'idée est vertueuse, mais dans le textile, c’est encore une stratégie marketing pour faire acheter du neuf. On ne recycle quasiment rien. Moins de 1 % des vêtements sont recyclés, le reste constitue les déchets, laissés à l’abandon dans les décharges à ciel ouvert, comme nos déchets textiles au Ghana

Trop de vêtements, c'est trop 

Dans la mode, pour devenir un consommacteur, il faut adopter une autre stratégie : ne pas acheter, faire durer.

  • Diviser par deux sa consommation de vêtements : moins acheter tout simplement 

  • Réparer ou faire appel aux retouches de couture locales pour prolonger la vie des vêtements 

  • Relocaliser l’industrie, préférer une marque éthique (production locale et coton bio) ou recourir à la seconde main.

Questions du public : 

Comment repérer les arnaques ? C'est-à-dire le bio-qui-n'en-est-pas-vraiment ? C’est très difficile de décrypter les stratégies de greenwashing des marques. Le seul critère sur lequel on ne peut pas tricher : le lieu de fabrication.

Dans quelles mesures, peut-on imaginer des politiques publiques qui valoriseraient la seconde main ? L’urgence n’est pas de valoriser la seconde main, elle se porte bien. L'urgence est de réduire la production neuve et de freiner la fast fashion. Il y a une prime au vice : une entreprise qui pollue sera plus facilement rentable qu’une entreprise qui fait attention. Or, sur 10 vêtements achetés en France, 7 sont issus de la fast fashion. 

Les sites de seconde main, avec un gros flux d’envois postaux, sont-ils vraiment top pour la planète ? Toute activité humaine a un impact pour la planète. Tout ce qu’on fait, pollue. C’est pour cela que le rapport du GIEC prône la sobriété, il faut faire avec l’existant, alerter sur les dérives sociales et environnementales de la fast fashion, consommer le moins possible, ce qui vaut à la fois pour le neuf et la seconde main, comme le vide-dressing.

► Découvrez une alternative écologique française pour produire des vêtements.

Réalisateur : Adrien Benoliel

Producteur : Outsideur

Année de copyright : 2023

Année de production : 2023

Publié le 09/03/23

Modifié le 06/02/24

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