Pourquoi avons-nous la flemme ?

Plus besoin de sortir de chez soi pour avoir une journée bien remplie. On peut désormais facilement organiser ses réunions par visio, pour télétravailler depuis son domicile, avant de se faire livrer un bon petit plat, et de dîner devant sa série préférée. La pandémie de Covid-19 et les confinements, entre autres, ont changé la donne.

les nouvelles habitudes prises depuis le confinement

Ces nouvelles habitudes sont tellement entrées dans notre quotidien qu’on parle aujourd’hui d’une « épidémie de flemme ». Près d’un Français sur deux admet rechigner à sortir de chez lui. Ce sont principalement les actifs et notamment ceux qui vivent en ville. Le vendredi soir, pour se remettre de la semaine, le plateau télé remplace la sortie entre amis. De plus en plus concurrencées par les plateformes, les salles de cinéma sont aussi loin d’avoir retrouvé leur niveau de fréquentation d’avant la pandémie.

Pourquoi a-t-on la flemme ?

Cette flemme généralisée s’explique notamment par des facteurs psychologiques. Depuis 2015, les Français ont traversé une succession de crises :

• attentats terroristes
• mouvements sociaux
• épidémie de Covid
• menace nucléaire liée à la guerre en Ukraine 
• peur du réchauffement climatique

Tous ces événements ont fait grimper en flèche le niveau de stress et d’anxiété au sein de la population. Et c'est ce qui explique que tant de Français préfèrent passer un maximum de temps chez eux, où ils se sentent à l’abri de toutes ces menaces.

Les conséquences de cette nouvelle flemme

Ces nouvelles habitudes ne sont pas sans conséquence :

1. En terme de santé publique, d’abord. 41 % des Français disent se sentir plus fatigués, après un effort physique, aujourd’hui qu’avant la crise du Covid-19. Une nouvelle baisse de forme, dans un pays déjà marqué depuis des années par la hausse des problèmes de surpoids, d’obésité et de sédentarité. Notamment chez les plus jeunes.
2. Sur le plan économique, on assiste à l’essor d’un « business de la flemme ». Plateformes de vidéo à la demande, services de livraison de courses ou de repas à domicile, jeux vidéo… Tous les biens et services, qui permettent de rester chez soi, ont vu la demande exploser.
3. L’épidémie de flemme n’a pas non plus épargné le monde du travail. En France, comme dans d’autres pays, le nombre de salariés quittant volontairement leur poste atteint des records. Le travail est de moins en moins perçu comme une priorité. Ils sont même une large majorité de Français à soutenir le « droit à la paresse » défendu par la députée Sandrine Rousseau.

Difficile de dire si cette épidémie de flemme s’inscrira dans la durée, ou si elle ne constitue qu’un phénomène passager. Preuve qu’elle a en tout cas marqué son époque, le terme « chiller » (de l’anglais to chill : prendre du bon temps à ne rien faire) a fait son apparition dans Le Petit Robert, édition 2023.