Le 1er mai, de très nombreux pays célèbrent la fête du travail. Retour sur l’histoire mouvementée de cette journée pas comme les autres.
Des centaines de fonctionnaires rassemblés à Bercy en mai 2011. (BERTRAND LANGLOIS / AFP)
Cette année encore, les défilés seront nombreux sur toute la planète pour fêter le 1er mai. Une journée célébrée depuis 123 ans par les travailleurs du monde entier pour faire entendre leurs réclamations et améliorer leurs conditions de travail. « Le 1er mai est la seule fête qui ne célèbre rien, mais qui se projette dans l’avenir », souligne l’historienne Danielle Tartakowsky.
Une fête née en France… et aux États-Unis
C’est à Paris, en 1890, que les représentants des ouvriers de différents pays européens décident d’organiser une journée internationale de lutte, pour limiter le temps de travail à huit heures par jour, au lieu de douze. « Imaginer une journée de mobilisation partout dans le monde, c’était alors aussi révolutionnaire que l’invention des réseaux sociaux ! », précise Danielle Tartakowsky. Quelques années plus tôt, le 1er mai 1886, des organisations américaines chargées de défendre les travailleurs avaient fait grève à Chicago, pour exiger la journée de travail de huit heures. Leur manifestation, durement maîtrisée par la police, avait abouti à la condamnation à mort de plusieurs personnes parmi les manifestants. En souvenir de ce drame, les ouvriers européens décident donc de retenir le 1er mai comme journée d’action internationale.
Quand la politique s’en mêle
Rapidement, cette journée de lutte devient une fête. Car, pour la première fois, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui décident de ce qu’ils font de leur journée. Le 1er mai devient si important que les hommes politiques cherchent à s’en emparer pour en tirer avantage. Ainsi, en France, pendant la Seconde Guerre mondiale et l’occupation du pays par les Allemands, le maréchal Pétain désigne officiellement le 1er mai comme la fête du travail. Mais ce n’est qu’en 1947, après la guerre, que le 1er mai devient vraiment un jour férié. Aujourd’hui, beaucoup de partis politiques essaient de s’approprier ce 1er mai… mais qui reste avant tout en France la journée des travailleurs.
Audrey Emery