Sciences et découvertes à la Renaissance

La Renaissance voit une élite intellectuelle, formée aux humanités, impulser tout un saut de la connaissance, notamment scientifique. C'est aussi l’âge des grandes découvertes qui élargissent la vision du monde.


Publié le 14/11/2012 • Modifié le 27/08/2025

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A la Renaissance, les travaux scientifiques de l’Antiquité, mais aussi ceux de la civilisation arabe, sont remis à jour. Parallèlement, les grandes découvertes menées par les explorateurs (Magellan, Christophe Colomb, Vasco de Gama...) ouvrent de nouvelles perspectives.

Une révolution de la pensée scientifique

La révolution de la pensée scientifique va s’articuler sur la place centrale donnée à la méthode mathématique. La trigonométrie (Sur les triangles, Regiomontanus, 1464) donne du sens aux observations astronomiques. La perspective, en peinture et architecture, se fonde sur la géométrie et le calcul des proportions.

Au-delà des mathématiciens purs, comme Tartaglia, qui trouve la formule des équations du troisième degré, ou François Viète, fondateur de l’algèbre nouvelle, nombre de « savants-inventeurs » sont des chercheurs en mathématiques : Simon Stevin met au point un char à voile, Jérôme Cardan invente « la suspension à cardan » qui permet entre autres de garder un axe vertical à un objet libre. On utilise encore aujourd’hui « un réchaud à cardan » sur un bateau.

Les mathématiques deviennent l’outil et le langage commun entre sciences. Luca Pacioli expose l’harmonie des arts et du calcul, à partir du nombre d’or provenant de l’Antiquité dans La Divine proportion en 1509. Le logicien et philosophe français Pierre de la Ramée développe au milieu du XVIe siècle l’idée d’une science universelle (mathesis universalis), sur laquelle peut se fonder l’ensemble des connaissances. L’Eglise cesse d’avoir le monopole idéologique pour aborder la matière scientifique.

Les travaux scientifiques trouvent leur support de diffusion dans le livre à gravures, grâce à la conjonction de l’imprimerie de Gutenberg et de la reproduction gravée sur feuilles de métal. Ainsi paraît à Bâle en 1543 un travail anatomique monumental : De humani corporis fabrica. Cet A propos du corps humain est l’œuvre d’André Vésale qui pratique à Padoue, devant ses étudiants, quantité de séances de dissection.

Dans cette somme, illustrée par des graveurs vénitiens, il corrige les erreurs du Grec Galien ; la diffusion de cet ouvrage change non seulement la vision que l’homme a de lui-même, mais le mode des recherches scientifiques : il faut se fier à l’observation personnelle plus qu’à l’autorité précédente, et éprouver par l’expérimentation. C’est en 1543 aussi, que, dans l’ouvrage Des révolutions des sphères célestes, sont enfin imprimées les thèses astronomiques de Copernic, qui meurt peu après leur parution.

Les route des Indes

Les Européens cherchent à atteindre l’Orient (Inde, Chine, Japon) pour en importer les produits de grande valeur que sont alors la soie et les épices. La route terrestre est contrôlée par les Ottomans depuis la prise de Constantinople (l’Istanbul d’aujourd’hui) en 1453. Pour la contourner, les Portugais cherchent la route maritime en longeant l’Afrique et en entrant dans l’océan Indien (Vasco de Gama en 1498). L’Espagne finance le projet de Christophe Colomb : atteindre l’Inde par l’Ouest. La traversée de l’Atlantique le conduit sur les rives d’un continent inconnu des Européens, l’Amérique, en 1492.

D’autres accosteront sur le continent américain, cherchant toujours la voie maritime vers les Indes : le Portugais Cabral découvre le Brésil en 1500, le Français Jacques Cartier découvre le Canada en 1534. En cherchant le passage Sud-Ouest vers les Indes, le Portugais Magellan effectue de 1519 à 1522 le premier  « tour du monde ».

La cartographie et l’astronomie, s’appuyant sur les sciences mathématiques, font un bond en avant et facilitent les expéditions de ces grands navigateurs.

L'idée d'une Terre sphérique

L’Allemand Regiomontanus, mathématicien, astronome et astrologue, conseille à ceux qui veulent comprendre le mouvement des étoiles de « lire ces théorèmes à propos des triangles » (dans Sur les triangles 1464). Il construit le premier observatoire astronomique d’Allemagne et publie les Éphémérides, véritable carte quotidienne du ciel de 1475 jusqu’en 1506, qui seront largement utilisées par Christophe Colomb.

L’idée d’une Terre sphérique, bien que déjà présente dans l’Antiquité, trouve sa traduction sur une surface plane grâce au portugais Pedro Nunes, qui met au point plusieurs instruments pour le repérage en mer et les mesures d’angles, suivi des travaux du flamand Mercator. En 1569, Mercator met au point la première projection cartographique : une méthode de représentation de la réalité sphérique du globe sur un plan plat.

Copernic et l'héliocentrisme

Les Européens découvrent d’autres territoires sur la planète et questionnent scientifiquement la place de la Terre dans l’univers. Copernic rompt avec l’idée, datant d’Aristote, d’un univers prenant la terre comme centre : pour lui, le soleil est au centre (héliocentrisme) et la terre tourne autour de lui. Cette révolution scientifique, aux implications philosophiques sur la place de l’homme dans l’univers, est combattue par l’Eglise.

Copernic publie sa thèse en 1543  en la présentant comme une « hypothèse mathématique ». En 1596, dans le Mysterium Cosmographicum, l’astronome allemand Johannes Kepler affirme sa position copernicienne, précisant les positions des planètes et les mouvements sur orbite non pas circulaire mais elliptique. 

Poursuivi pour ses convictions luthériennes comme coperniciennes, Kepler se réfugiera en 1600 à Prague, à la cour de Rodolphe II. L’hypothèse copernicienne, déclarée contraire à la Bible en 1616, ne verra levée sa mise à l’index par l’Église qu’en 1757.

Une science de la magie

La Renaissance dans les sciences s’accompagne d’un courant qui serait appelé aujourd’hui ésotérique, où les frontières entre astronomie et astrologie, ainsi qu’entre chimie et alchimie, sont effacées.

Ce courant est favorisé par l’école de Florence qui, autour de Marsile Ficin et Pic de la Mirandole, ressuscitent également, parmi les textes anciens, ceux attribués au sage antique Hermès Trimégiste. Se développe ainsi une nouvelle forme d’hermétisme : une  philosophie qui veut approcher différemment nature et univers et agir de manière sensible sur l’ensemble des savoirs physiques, chimiques, biologiques.

Pour le médecin suisse Paracelse, très inspiré par l’hermétisme, maladie ou santé du corps tiennent à l’harmonie entre homme et nature, entre microcosme et macrocosme. On lui attribue la première mention clinique de l’inconscient (Des maladies invisibles et de leurs causes, 1532).

Précurseur de la toxicologie, il a vu que le mercure soigne la syphilis, mais, mal dosé, tue. Ce que l’on nommerait aujourd’hui « médecine douce » relevait alors, de ce que l’on appelait, sans aspect péjoratif, le magique. Cette ambiguïté du statut de la « magie » est présente aussi dans La Philosophie occulte (1510) de l’Allemand Agrippa de Nettesheim, nommé en 1524 médecin personnel de Louise de Savoie.

Les cours engageaient ainsi des conseillers, à la fois médecins et « astrologues ». Le mélange « savant »-« mage » est alors courant. John Dee, véritable savant, mais aux écrits réputés « hermétiques », a eu ce rôle de « mage » (1558-1580) auprès d’Élisabeth Ire d’Angleterre.

Les cabinets de curiosité

Dans La Magie naturelle (1558), du savant-opticien Giambattista della Porta, somme de vulgarisation scientifique abordant optique, médecine, cuisine, on ressent ce subtil mélange.

Curieux d’exposer ses recherches et expérimentations, Della Porta est à l’origine de la création des cabinets de curiosités (studiolo) ancêtres des musées.

Nombre de princes d’Europe s’offrent alors des cabinets de curiosités, où se côtoient œuvres d’art, raretés minérales et monstruosités du genre squelettes d’animaux mythiques. Ambroise Paré, dont l’expérience des champs de bataille a formé la pratique savante de la chirurgie, mélangera, dans Monstres et prodiges (1585), des gravures de vraies difformités issues de son expérience réelle, à des êtres stupéfiants, aujourd’hui pure légende. On retrouve ce même métissage dans les livres des naturalistes Conrad Gessner et Ulisse Aldrovandi, figures pourtant très sérieuses des sciences naturelles… La soif scientifique de la Renaissance a ainsi sa part d’ombre et de mystère.


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