Proust et l'amour
Céleste et monsieur ProustJeanne Weil, la mère de Marcel Proust, meurt en 1905. Terrassé par le chagrin, l'écrivain de 34 ans s'attelle à l'écriture de son œuvre naissante « À la recherche du temps perdu ». Il y libère sa plume et ose aborder l'homosexualité. Un thème qui lui est cher mais dont il n’a jamais assumé publiquement la dimension biographique.
Proust : un rapport tourmenté à son homosexualité
La grande histoire d'amour de Marcel Proust (1871-1922) est sans doute celle qu'il vécut avec Reynaldo Hahn qui fut son amant pendant deux ans. Ce compositeur et chanteur originaire du Venezuela est le jumeau artistique de Marcel Proust. Leur relation est tout autant amoureuse qu'intellectuelle. Les deux hommes se rencontrent dans le salon de la mondaine Madeleine Lemaire qui protège leurs amours secrètes. Depuis la disparition de sa mère, Jeanne Weil, Proust ose parler des thèmes intimes qui lui sont chers sans craindre le regard maternel. Affranchi, l'auteur peut enfin se livrer, et tout dire, même l'indicible. Dans son livre Sodome et Gomorrhe, il consacre un chapitre à l'homosexualité qu'il nomme « l'inversion sexuelle ». Il y évoque l'existence d'un monde parallèle peuplé, écrit-il « d' une race sur qui pèse une malédiction, et qui doit vivre dans le mensonge et les parjures, puisqu'elle sait tenu pour punissable, honteux et inavouable, son désir ».
Céleste, fidèle à la mémoire de Proust
A son service durant les huit dernières années de sa vie, la jeune gouvernante Céleste Albaret reçoit les confidences de l'auteur. Il lui avoue que « la seule personne avec laquelle il s'est marié, c'est son œuvre » ! Jusqu'à sa mort, en 1984, Céleste ne reconnaît pas l'homosexualité de Proust. Dans son témoignage livré en 1973, la gouvernante alors âgée de 82 ans, évoque l'amitié qui unissait Proust à Reynaldo Hahn, et non l'amour. Selon elle, si Proust avait été homesexuel, « elle s'en serait rendue compte ». La gouvernante réfute les propos qui laissent entendre qu'elle cachait la fréquente visite de jeunes hommes à l'écrivain. « Ce n'est pas vrai », assure-t-elle.
Les personnages de Proust inspirés du réel
Curieux des individus de toutes classes sociales, Marcel Proust convoque souvent chez lui Albert Le Cuziat. Ancien valet de chambre chez les nobles, devenu patron d'un hôtel de passe, le Marigny, ce dernier propose des jeunes hommes à des bourgeois, des aristocrates et des hommes politiques. Spécialiste des vices de chacun, Le Cuziat raconte à Proust des détails croustillants sur les préférences sexuelles de ses clients. Sous la plume de l'écrivain, Albert Le Cuziat devient Jupien, un des personnages troubles de « la Recherche ». Une fois encore, c'est dans le monde réel que Proust trouve l'inspiration pour donner vie à ses personnages de roman. A l'image de Sidonie Verdurin inventée à partir du modèle de la mondaine Madeleine Lemaire.
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Réalisateur : Elizabeth Kapnist
Producteur : Magneto Presse
Année de copyright : 2021
Publié le 24/09/21
Modifié le 24/09/21
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