L'émiettement de l'empire carolingien (IXe siècle)
Après le démembrement de l'Empire romain d'Occident (476) se dessine, entre le Ve et le IXe siècles en Europe médiévale, une nouvelle organisation de la société. Les titres de haute noblesse, comme ceux des comtes (comes, le compagnon de l’Empereur), des ducs (dux, les conducteurs des armées), ou de marquis (marchensis, celui qui défend les marches, les frontières du royaume) sont donnés aux besoins de défense d’un souverain. Les terres sont en quelque sorte le « salaire » donné par le roi à celui qui défend cette partie de son royaume. Les terres conquises sont divisées en possessions, concédées par un chef à ses compagnons d'armes, en récompense des services qu'ils lui ont rendus à la guerre. À partir du IXe siècle, lorsque l’empire de Charlemagne peine à faire face aux invasions normandes, de petits seigneurs cherchant, face aux ennemis, à se mettre sous la protection d’un seigneur plus puissant. Lorsqu'en 843, au traité de Verdun, les petits-fils de Charlemagne se partagent l’empire en trois royaumes, on assiste à la montée d’un « système féodal », c’est-à-dire à une gestion du territoire mettant en avant l'ensemble des institutions et usages contractuels entre seigneurs de différentes puissances…
A mesure que s’émousse la puissance royale, les ducs et marquis défendent leurs territoires de plus en plus localement et protègent les seigneurs de leur région, créant comme des principautés quasi autonomes. Les comtes et les ducs se détachent les uns des autres, les comtés se fractionnent. Ainsi s’affermissent les pouvoirs locaux des seigneurs sur les populations des villages environnants, et le pouvoir se trouve distribué en un grand nombre de petites seigneuries, soudées par des rapports hiérarchiques entre seigneurs et seigneurs vassaux, à travers l’esprit des fiefs.
Les premiers Capétiens (Xe-XIIe siècle)
Au-dessus des seigneurs dans la hiérarchie de la société, le roi incarne une fonction ultime d’intérêt général regroupé, nouée par une fonction symbolique : le roi est « sacré », il n’existe que par un rite religieux, qui prend forme dans le sacre et le serment qu’il prête devant Dieu de défendre son « peuple chrétien ». Cependant, de l’effondrement de l’empire carolingien à la consolidation du système féodal, toute une période voit se renforcer la « société seigneuriale » et son réseau de « principautés », au détriment de la notion « d’état » et de royauté.
Dès le début du Xe siècle, le paysage politique du domaine français est dominé par des princes qui, partout où c’est possible, relaient à leur profit les prérogatives royales, trament un maillage local où ils se placent en interlocuteurs premiers. Autour de l’an mille, la hiérarchisation des pouvoirs fonctionne mal et l’autorité royale n’est plus en état de défendre localement les sujets. Ces derniers se tournent, pour une protection rapprochée, vers les comtes et vicomtes, les ducs et les marquis, et la magistrature du roi devient essentiellement morale, insuffisante à empêcher le système des clientèles locales en train de se consolider. Le XIe siècle sera celui des seigneurs, les rois s’efforçant de contenir les excès du système, au milieu de l'éclatement de la souveraineté en une multitude de principautés indépendantes.
La construction du territoire national (XIIe-XVe siècle)
Au XIIe siècle, Louis VI, dès le début de son règne, portera les premiers coups au système féodal en encourageant les pouvoirs communaux, s’en servant comme levier royal contre la puissance des vassaux ; les croisades, de même, forceront les seigneurs à engager leurs pouvoirs à la couronne. Puis, au XIIIe siècle, de Philippe Auguste à Philippe le Bel, les progrès du pouvoir royal arriveront à réimposer un gouvernement central. Le roi exige l’hommage de ses vassaux, intervient dans les fiefs, taxe de félonie ses vassaux indisciplinés, joue pour lui-même des sentiments de fidélité qui doivent s’attacher à la personne du seigneur. Se met alors en place une monarchie féodale, usant des obligations vassaliques pour faire plier principautés et seigneurs territoriaux. Par la force des armes, par des jugements, des achats, des jeux de succession, les souverains réuniront au domaine royal le plus grand nombre possible de fiefs. Au-delà des croisades, la guerre de Cent Ans posera la même contradiction entre la « mobilisation générale » d’un royaume et l’atomisation féodale. La question militaire se résoudra alors en arrachant la guerre aux seigneurs de la guerre et à leurs chevaliers, et en constituant une armée de métier à partir d’impôts centralisés : la question de fond est bien celle du passage de la féodalité à l’état royal.
Avec le développement des villes, la montée en puissance des marchands et du commerce, et l'affirmation du pouvoir royal, le système féodal tout-puissant vacille en faveur du monarque.
La reprise en mains monarchique exige le renforcement d'un « état royal » dès la fin du XIIIe siècle : il permet d'unifier la monnaie, de rationaliser la justice, de centraliser les impôts, de les utiliser au financement d'une armée encadrée défendant l'ensemble du pays, ce que la guerre de Cent Ans viendra aviver.
Les grands féodaux perdent aussi petit à petit de leur puissance face à la force émergente dans la société, la bourgeoisie.
De celle-ci sont issus les légistes, ayant étudié le droit au sein des universités. Ils vont former le personnel de l’administration royale qui se centralise et se modernise.
Un état moderne au service de la monarchie
Du règne de Philippe IV, dit le Bel, qui accède au trône à la fin du XIIIe siècle, jusqu’à Louis XI qui régna à la fin du XVe siècle, le royaume de France se modernise et se renforce au détriment des grands féodaux.
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