Pourquoi la disparition des insectes pose un problème ?

Ce ne sont peut-être pas les animaux les plus mignons du monde, mais ils sont absolument essentiels et ils disparaissent à vitesse grand V. Pourquoi ? Quelles sont les conséquences pour la planète ?


Publié le 13/06/2025 • Modifié le 13/06/2025

Temps de lecture : 3 min.

Écrit par Nicolas Quénard et Pauline Vallée pour Nowu

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Quasiment la moitié des insectes a disparu dans le monde

40 % des espèces d’insectes seraient en déclin et au moins un tiers en voie de disparition. Le taux d'extinction est donc 8 fois plus rapide que pour celui des mammifères, des oiseaux ou même des reptiles. Le nombre total d’insectes présents sur Terre devrait continuer de diminuer de 2,5 % par an pendant les prochaines années. Les études les plus anciennes sur le sujet montrent que cette « extinction de masse » des insectes a commencé au début du XXe siècle. Puis le phénomène s’est accéléré pendant les années 50-60. Les chiffres ont atteint des niveaux alarmants depuis 25 ans au niveau mondial. Certains insectes sont plus touchés que d’autres, comme les lépidoptères (c’est-à-dire les papillons), les hyménoptères (c’est-à-dire les abeilles) et les coléoptères (c’est-à-dire les scarabées).

Quelles sont les causes de cette disparition ?

La principale : perte et pollution de leurs habitats. Comme on te l’a dit plus haut, ce déclin aurait surtout accéléré depuis les années 50-60. L’essor de l’agriculture intensive est l’une des causes principales de la disparition des insectes. « Il existe des preuves convaincantes que l'intensification de l'agriculture est le principal moteur du déclin de la population chez […] les insectes » confirme une étude publiée en 2019 dans la revue scientifique Conservation Biologique. Concrètement, leurs habitats naturels disparaissent ou sont de plus en plus morcelés. Leurs écosystèmes sont remplacés par des champs en monoculture (une seule espèce de plante cultivée sur des hectares) sans haies, alimentés en engrais de synthèse et en pesticides. Ce phénomène les prive de leur maison, de leur nourriture, voire les empoisonnent en ce qui concerne les pesticides notamment une catégorie en particulier, les néonicotinoïdes, qui sont très toxiques pour les insectes pollinisateurs même à très petite dose. « Ce sont les toxiques les plus efficaces contre les insectes jamais synthétisés par l’Homme, confirme Stéphane Foucart, journaliste et auteur de Et le monde devint silencieux. Un seul gramme d’hymydraclopidre [un sous-produit néonicotinoïde] peut tuer autant d’abeilles que 7 kilos de DDT [un autre pesticide interdit dans les années 70 en France]. »

Changement climatique, envahisseurs et pollution lumineuse

Le changement climatique empire encore le phénomène. En détraquant le climat, et donc le rythme et les caractéristiques habituels des saisons, il perturbe les plantes et donc les insectes. Par exemple, certains insectes ne se nourrissent que du pollen d’un certain type de plante : si celle-ci fleurit plus tôt ou plus tard dans l’année par rapport à d’habitude, l’insecte perd sa source de nourriture. Le dérèglement climatique détruit/modifie aussi des écosystèmes (transformation des forêts tropicales en savanes…). Là encore les insectes perdent leur maison et disparaissent avec elle.

Les espèces envahissantes sont un troisème obstacle pour les insectes. Ces espèces venues d’ailleurs peuvent mettre en péril les insectes « locaux » en consommant leur nourriture habituelle, voire en s’attaquant à eux. Le cas le plus célèbre en France est le frelon asiatique qui s’attaque aux abeilles domestiques. Enfin, la pollution lumineuse pourrait aussi jouer un rôle. Une étude publiée en 2021 dans la revue Science montre que l'éclairage nocturne perturbe le comportement des papillons de nuit, cependant sans réussir à prouver que ça réduisait la population de ces insectes.

Quelles sont les conséquences de la disparition des insectes ?

Les insectes sont à la base de la chaîne alimentaire : s’ils disparaissent, les animaux qui les mangent (oiseaux, amphibiens, poissons…) vont à leur tour être menacés. Ils jouent un rôle essentiel dans la bonne santé des sols, en dégradant la matière organique morte en nutriments que vont ensuite utiliser les plantes pour se nourrir. Sans eux, la terre ne serait plus fertile. Certains consomment aussi des pathogènes (des êtres vivants qui peuvent provoquer une maladie comme un virus, une bactérie, un parasite…) qui attaquent les plantes.

Le cas des pollinisateurs

Les insectes pollinisateurs assurent une fonction essentielle : ils transportent le pollen de fleurs en fleurs, ce qui permet à ces plantes de se reproduire. Par conséquent si les pollinisateurs disparaissent, la pollinisation n’est plus assurée, ces plantes ne peuvent plus se reproduire et disparaissent à leur tour. Cela pose aussi un problème pour tous les animaux qui se nourrissent à partir de ces plantes (les oiseaux qui consomment leurs graines, les herbivores…) et de ces insectes. 90 % des plantes à fleurs et 75 % des plantes cultivées dépendent de la pollinisation animale pour se reproduire. Ce service que nous rendent les insectes est si important qu’il aurait d’énormes conséquences économiques s’il venait à disparaître : les pertes liées à la fin de la pollinisation par les insectes coûteraient entre 160 et 191 milliards de dollars par an aux producteurs et consommateurs de produits agricoles cultivés selon un rapport de l’IPBES sorti en 2016.

Quelles sont les solutions pour lutter contre la disparition des insectes ?

  • Créer et restaurer leurs habitats naturels (bandes de fleurs, haies, etc) afin de pouvoir redonner une maison à toutes ces petites bêtes.
  • Limiter la monoculture et trouver des alternatives aux pesticides.
  • Ralentir le dérèglement climatique car beaucoup d’insectes vont être dans l’incapacité de s’adapter aux rapides changements de climat.
  • Lutter contre les espèces exotiques envahissantes.
  • Changer l’imaginaire collectif et revaloriser l’image des insectes qui sont des êtres vivants précieux et surtout nécessaires au bon fonctionnement de la vie sur Terre.

 

Sources

Ressources de l'organisation CliMates

Et le monde devint silencieux de Stéphane Foucart

UNEP - Insect declines are a stark warning to humanity

UNEP - We are losing the “Little things that run the world”

Museum d’Histoire Naturelle - Le déclin des insectes pollinisateurs

Current Biology - The insect apocalypse, and why it matters

CNRS - La biodiversité au chevet du sol

Science - Meta-analysis reveals declines in terrestrial but increases in freshwater insect abundances

FAO - The State of the World's Biodiversity for Food and Agriculture


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