La vraie nuit n'existe presque plus
En Europe, on ne peut expérimenter la « vraie » nuit que sur 12 % du territoire. La « vraie nuit », c’est une nuit « naturelle », qui n’est pas polluée par les lumières artificielles des humains. 88 % des terres européennes sont polluées par la lumière, et plus de la moitié aux États-Unis d’après l’Atlas mondial de la clarté artificielle qui date de 2016 !
C'est quoi la pollution lumineuse ?
La pollution lumineuse, c’est toute la lumière artificielle que diffusent les humains, avec l’éclairage public, la publicité et les enseignes lumineuses, les usines, stades, monuments éclairés avec de gros projecteurs, les bâtiments pas éteints…. Tout ça perturbe le cycle jour-nuit. Le chercheur Christopher Kyba explique sur le site de l’International Dark Sky Association :
Près des villes, les ciels nuageux sont aujourd’hui des centaines, voire des milliers de fois plus lumineux qu’ils ne l’étaient il y a 200 ans !
Par exemple, la Voie Lactée, c’est la galaxie dans laquelle se situe la Terre. Quand le ciel est assez sombre, on peut la voir : c’est une très forte concentration d’étoiles, qui laisse presque une trace blanchâtre dans le ciel. Avec la pollution lumineuse, elle disparaît totalement de la vue. Ce phénomène n'est pas seulement gênant parce qu'il gâche la vue, il a des répercussions importantes à plusieurs niveaux.
La pollution lumineuse nuit à la biodiversité
Les animaux qui vivent le jour ont besoin de la nuit pour se reposer correctement. Et ceux qui vivent la nuit ont besoin du noir aussi ! Or, l’éclairage de nuit peut avoir pas mal de conséquences :
- Éblouir certaines espèces
- Empêcher les proies de se cacher et faciliter la chasse pour leurs prédateurs (ce qui entraîne un déséquilibre de la chaîne alimentaire)
- Attirer des animaux dans la mauvaise direction, ou en repousser d’autres qui voient la lumière comme une barrière infranchissable
Par exemple, la lumière serait la 2e cause d’extinction des insectes après les pesticides. Mais il y a aussi :
- Les bébés tortues marines qui vont vers les terres éclairées plutôt que de se diriger dans l’océan (vers l’horizon éclairé à l’aube).
- Les chauves-souris, les vers luisants ou les coraux dont le cycle de reproduction est dérangé.
- Les 2/3 des oiseaux migrateurs qui s’orientent notamment grâce aux étoiles.
- Les plantes dont la photosynthèse est perturbée (avec leurs feuilles, les végétaux captent le dioxyde de carbone, puis ils utilisent l'énergie solaire pour en faire des glucides, donc de l'énergie, pour vivre et grandir. En parallèle, ils rejettent dans l'air de l'oxygène.
La lumière artificielle, c’est aussi beaucoup d’énergie gaspillée
Toutes ces lumières doivent bien être alimentées par de l’électricité et il en faut beaucoup. Chaque année aux États-Unis, l'éclairage extérieur consomme autant que
l'énergie nécessaire pour alimenter tout New York pendant 2 ans (ça représente 120 térawattheures) ! En France, l’ADEME (l’agence de la transition écologique) estimait déjà en 2014 que 30 % d’économies d’énergie pourraient être faites sur l’éclairage public. En plus de ces 2 raisons purement écologiques, la pollution lumineuse impacte aussi notre santé.
L'impact de la pollution lumineuse sur l'homme
Comme pour les animaux, la pollution lumineuse a de sérieux impacts sur les humains. Ainsi, elle perturbe :
- Les cycles de sommeil des enfants et des adultes, et par ricochet leur santé
- L’observation du ciel, donc l’astronomie
- L’économie, avec le coût que représente toute cette énergie dépensée (en 2014, l’éclairage public représentait environ 20 % du budget énergie des communes en France)
Quelles solutions pour lutter contre la pollution lumineuse ?
À l’échelle de la société, des entreprises, des communes, de nombreuses mesures peuvent être prises :
- Respecter la loi qui dit, en France, que les vitrines, façades, monuments, jardins doivent s’éteindre à 1h du matin au plus tard ou 1h après la fin de l’activité
- Utiliser le plus possible des éclairages à détection de mouvements ou avec chronomètre, pour qu’ils ne servent que quand c’est nécessaire
- Utiliser des éclairages « dirigés » : pour que la lumière ne soit pas perdue dans le ciel, mais orientée précisément sur ce qui doit être éclairé
- Changer les éclairages à lumière « blanche » pour des éclairages à lumières « chaudes » (plutôt jaune/orange que blanc/bleu), car la lumière blanche accentue la luminosité naturelle du ciel)
- Et pourquoi pas se tourner vers la bioluminescence, des sources de lumière qui n'utilisent pas d'électricité ?
Chez toi, c’est un peu la même chose :
- N’installe que les lampes nécessaires
- Choisis des éclairages dirigés, avec détecteur de mouvement ou chronomètres
- Choisis des intensités d’éclairages assez basses quand c’est possible
- Préfère la lumière « chaude »
- Et pourquoi pas… parler de la pollution lumineuse ! La plupart des gens ne connaissent pas le problème avec toutes ces lumières.
Sources
ADEME
ANPCEN
International Dark Sky Association
Nuit France
Ministère de la Transition écologique
Mongabay