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Actualité16:30Publié le 28/01/2025

L'alcoolisme chez les jeunes

L'entre deux

Dans cet épisode de L'entre deux, Gaspard G se rend au lycée Saint-Jean-Baptiste de Lassalle à Reims. Il reçoit Baptiste Mulliez, patient expert en addictologie pour répondre à toutes les questions des élèves.

Qu’est-ce qu’un patient expert ?

C’est un ancien patient qui a vécu une maladie et qui reçoit une formation. Moi, je l’ai reçue à l’hôpital Bichat, à Paris et ça me permet d’accompagner des personnes qui souffrent de la même maladie que moi. J’ai souffert d’alcoolisme jeune. J’ai arrêté à l’âge de 24 ans. Aujourd’hui, j’en ai 33. Je n’ai pas bu depuis presque 10 ans.

  • Selon Santé publique France, 1 jeune sur 5 âgé de 15 à 24 ans, déclare consommer de l’alcool de manière excessive. Cette statistique est alarmante car c’est à cet âge que le cerveau se développe le plus et qu’il prend de mauvaises habitudes.
  • Selon de nombreux experts, boire de façon excessive avant l’âge de 18 ans augmente fortement le risque de développer une dépendance à l’alcool à l’âge adulte. En effet, une consommation élevée altère profondément les fonctions cognitives et émotionnelles avec des répercussions durables sur la santé mentale et physique.

Avons-nous réellement conscience des dangers de l’alcool ?

Bien qu’il soit une drogue, l’alcool fait partie intégrante de notre culture nationale. Pourquoi n’en parle-t-on pas davantage et comment peut-on sensibiliser efficacement la population à ses effets néfastes ? L’alcool est considéré comme un rite de passage, qui va être parfois célébré et encouragé. Quelqu’un qui va refuser de boire après la première gorgée est souvent jugé. Dans notre culture, la personne qui ne boit pas est souvent montrée du doigt.

L’alcool peut-il jouer un rôle sur notre humeur, favoriser l’anxiété et la dépression ?

L’alcool est un dépresseur. C’est donc tout le contraire d’un anti-dépresseur. Il va nourrir les angoisses, les états dépressogènes. J’ai d’abord utilisé l’alcool comme un médicament pour me détendre, me faire plaisir. Le cercle vicieux, c’est : je suis anxieux donc je bois mais le lendemain, je suis encore plus anxieux donc je rebois. Sur la santé mentale, les risques de l’alcool sont énormes et les conséquences aussi. Je n’ai pas été assez sensibilisé dans ma vie. J’ai vu ça comme une recette miracle qui allait m’aider à faire des choses. L’alcool m’a aidé à vaincre ma timidité, à être plus à l’aise avec les filles, à pouvoir danser, à masquer mes angoisses. C’est traître et sournois parce que j’ai bu pour me connecter aux autres et j’ai fini seul. Je n’ai eu que l’inverse de ce que l’alcool me promettait.

Quelle a été la prise de conscience ?

J’ai commencé à boire vers 14-15 ans. Les problèmes sont arrivés à 19 ans. L’alcool est devenu un besoin, une réponse à tout. Quand je ne me sentais pas bien, je buvais et quand j’étais joyeux, je buvais pour fêter ça. Avec tel ou tel ami, je ne concevais pas de le voir sans alcool. L’alcool prenait de plus en plus de place. J’avais besoin de boire plus parce que j’avais éduqué mon corps à absorber des doses. Et puis je me suis mis dans des situations à risques, je me suis mis en danger : je me suis réveillé loin de chez moi sans savoir comment j'étais arrivé là. Je me suis fait violer dans l’alcool. On se met dans des situations tellement destructrices et pour autant, je n’arrivais pas à me séparer de l’alcool.

Boire de l'alcool de temps en temps, c'est possible ?

Certains disent que boire de l’alcool de temps en temps, ce n’est pas grave. Mais est-ce que cela peut affecter la santé à long terme ? L’addiction à l’alcool ne concerne pas tout le monde. Quelqu’un qui va commencer à boire ne va pas forcément développer de forme de dépendance. En revanche, les études montrent qu’on prend des risques sur notre santé physique à partir du premier verre. On dit qu'au-dessus de 10 verres (10 doses) d’alcool par semaine, on augmente les risques sur notre santé :

  • problèmes cardiaques
  • problèmes au foie
  • cancer du côlon, de l’œsophage, de la gorge, de la langue
  • beaucoup de maladies peuvent être causées par l’abus d’alcool mais les risques commencent dès le premier verre.

Boire de l’alcool de temps en temps, est-ce que ça rend accro ?

On n’est pas tous égaux. L’addiction, c’est une somme de facteurs de risques : risques environnementaux, vulnérabilité individuelle. Les personnes qui souffrent d’anxiété, les personnes hypersensibles, avec un TDAH ou un TDAA, les personnes DYS sont automatiquement sensibles aux addictions. Cela ne veut pas dire qu’ils seront dépendants mais on parle de facteurs de risques.

Qu’est-ce que ça veut dire une addiction ?

Une addiction n’est pas forcément une consommation quotidienne. Ce n’est pas une histoire de fréquence ni de quantité, c’est la perte de contrôle : quand je commence, je ne sais pas m’arrêter. Il y a eu un moment où j’ai su ne pas boire tous les jours et du coup, je pensais ne pas avoir de problème. Sauf que quand je reprenais, je chutais fort, parce que je ne savais pas me contrôler.

Est-ce que l'alcool est valorisé par la société française ?

On baigne dans une culture où l’accès à l’alcool est très facile. Il ne faut pas oublier que l’alcool est une drogue, c’est juste qu’elle est légale. Quand tu assistes aux apéros en famille étant enfant, tu grandis en pensant que c’est normal. Le passage à l’âge adulte est donc associé à la prise de drogue comme l’alcool ou le tabac. Mais il n’y a pas trop de questionnement. C’est banalisé. 90 % des Français boivent. C’est donc une pratique normalisée, banalisée. Si tu mets dans le cercle d'un apéro, quelqu’un qui ne boit pas, il y a tout de suite une forme de méfiance, de jugement. La personne doit se justifier. Alors, est-ce un lien social ou une pression que l’on subit ?

Comment as-tu décidé de te prendre en mains, de te soigner ?

À 24 ans, ma maman est allée au Al-Anon, c’est un groupe de paroles pour les proches de quelqu’un qui consomme de l’alcool. Je suis allée aux Alcooliques Anonymes, un groupe où il y a d’autres personnes qui souffrent d’alcoolisme et qui se rencontrent. J’étais terrifié, j’avais honte et j’ai été bluffé par l’humanité. Le sevrage de l’alcool est très violent. Il faut être accompagné.

 

Les contacts utiles et gratuits

  • Alcool Info Service :
  • 0 980 980 930
  • Drogue Info Service :
  • 0 800 23 13 13
  • addictaide.fr
  • Les CJC : Consultations Jeunes Consommateurs : pour les moins de 25 ans pour discuter de sa consommation, pour prendre conscience de sa relation avec l’alcool.
  • CSAPA : Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie.
  • Il existe de nombreuses cures.

 

Il faut oser demander de l’aide. Baptiste Mulliez a écrit D’avoir trop trinqué, ma vie s’est arrêtée. Ce livre a été coécrit avec Judith Lossmann, sa thérapeute, en litterothérapie (thérapie basée sur le pouvoir des mots lus, dits, écrits, partagés.

 

Réalisateur : Adrien Benoliel

Producteur : Outsideur

Année de copyright : 2025

Année de production : 2025

Publié le 28/01/25

Modifié le 28/01/25

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