Découverte de la spécialité en grec ancien : de Platon à Tolkien

Découverte de la spécialité Langues, littératures et cultures de l’Antiquité et exploration de la problématique « Justice des dieux, justice des hommes » au travers d'un extrait de l'œuvre de Platon, L'Anneau de Gygès, avec la professeure de lettres classiques Samantha.

Retrouvez en PDF, le texte étudié et son analyse.

La spécialité LLCA - grec

Le programme de la spécialité de littérature, langues et cultures de l’Antiquité grec est un enseignement qui peut aussi être suivi en option. Il permet aux élèves d’être en contact, non seulement avec les textes fondateurs de la littérature, mais également avec ceux de la philosophie. La philosophie est un terme composé de deux racines grecques philo, l’amour, et sophia, la sagesse, le savoir. Le philosophe, en quête de vérité, est donc celui qui se pose des questions sur l’homme et le monde. Le cursus invite les élèves à prolonger les pistes de réflexion et les questions fondamentales posées par les Anciens dans le présent à travers notamment la littérature moderne et contemporaine. 

Socrate, Platon et les sophistes

Socrate, connu grâce au témoignage de son disciple Platon, pratique la maïeutique — l’art d’accoucher les esprits, de conduire l’interlocuteur à la vérité par le questionnement et le dialogue — et le paradoxe ; le philosophe pousse les autres à questionner leur opinion et à déranger leurs idées reçues. Cette pratique lui vaudra l’animosité des Athéniens et du pouvoir en place qui le condamnera à boire la cigüe. On connaît la pensée de Socrate grâce aux écrits et témoignages de son disciple Platon qui mettent en scène Socrate face à un disciple ou à un contradicteur, lequel est généralement un sophiste, un maître de la rhétorique.

La République : la question de la justice et du meilleur régime politique

La République est un dialogue où plusieurs interlocuteurs de Socrate prennent la parole. Dans le livre 1, il s’agit de Thrasynaque qui considère la justice comme une invention des faibles. Dans le livre 2, un autre sophiste, Glaucon reprend la position de Thrasynaque et l’illustre par l’histoire de L'Anneau de Gygès. Gygès découvre qu’il peut être invisible en tournant le chaton d’une bague. Grâce à ce pouvoir, il s’introduit dans le palais, séduit la reine, tue le roi et s’empare du pouvoir.  Cette allégorie interroge les motivations de l’homme à être ou non juste : l’est-on par vertu ou par crainte du châtiment ?

Résolution : l’homme, la justice et le tyran

Si le texte tend à divertir comme un conte, il pose des questions fondamentales sur l’homme, le pouvoir et la justice. La conclusion de l’allégorie révèle une vision négative de la justice et une conception pessimiste de l’homme lequel n’est juste que par contrainte et est injuste par nature, conception que Socrate réfutera dans la suite du dialogue. Elle montre l’homme comme un tyran car dès son accès au pouvoir, il témoigne de l’Hubris — terme important dans la littérature grecque qui signifie démesure et violence. Socrate décrit dans La République le paradoxe du tyran, esclave de ses désirs et de ses craintes.

Prolongements modernes

Ce texte ancien met en scène le fantasme de l’invisibilité, thème central de plusieurs œuvres contemporaines telles Le Passe-Muraille de Marcel Aymé, L’Homme invisible de H.G. Wells ou le film Hollow man de Paul Verhoeven. Autre fantasme, celui du super héros que les comics ont abondamment traité à travers une vision très manichéenne qui sépare en deux l’humanité : les maléfiques et les héros qui ne sont jamais à l’abri de basculer du côté obscur. Impossible d’évoquer l’anneau de l’invisibilité sans citer Tolkien, son fameux Seigneur des anneaux et le juste (Frodon) qui contrairement aux personnages de Glaucon résistera jusqu’au bout à la tentation.