C’est quoi la désertification ?
Selon la Convention des Nations Unies sur la désertification (UNCCD), c’est « un phénomène naturel qui désigne la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides ».
Pourquoi un tel phénomène existe ?
Si la désertification est accentuée par des phénomènes climatiques naturels (sécheresses, faibles précipitations, érosion…), elle est avant tout causée par les activités humaines. Parmi les phénomènes liés à ces activités, on retrouve :
- Le changement climatique : il provoque une hausse de la température globale sur Terre et une multiplication/intensification des évènements climatiques exceptionnels (comme les sécheresses) qui va rendre certaines régions du globe plus chaudes et plus arides. Comme il pleut moins, la biodiversité se développe moins et donc les sols s’appauvrissent.
- La déforestation : en plus de libérer du CO2 dans l’atmosphère, elle est responsable d’une partie de la désertification. Quand la terre est déboisée, les racines des arbres n’assurent plus la cohésion du sol, qui devient donc plus vulnérable.
- La croissance démographique : dans certaines zones de la planète, la population augmente très vite et ses besoins (pour boire, se nourrir…) également. Cela fait pression sur les ressources naturelles comme l’eau, le bois et les terrains disponibles pour cultiver de la nourriture. Conséquence : les sols n’ont pas le temps de se reposer.
- L’érosion des sols : normalement, c’est un phénomène naturel d’usure des sols sous l’effet de la pluie, du vent, des vagues ou du ruissellement de l’eau. Mais si c’est une érosion d'origine humaine, on va parler d’agriculture sur brûlis*, de non-respect des périodes de jachère* et d’un épuisement des nappes phréatiques…
- L'acidification des sols : l’utilisation d’engrais de synthèse dans l’agriculture peut entraîner un excès d’azote dans le sol. Les sols deviennent acides et la croissance des plantes est menacée.
Depuis quand existe la désertification ?
Il n’y a pas vraiment de date précise où la désertification est apparue sur Terre. Mais l’intensification des activités humaines a amplifié le phénomène à travers le monde. Pour Antoine Cornet, directeur de recherche émérite à l’IRD et membre du comité scientifique français de la désertification (CFSD), la désertification est « un cycle naturel où la végétation finit par revenir ».
Mais aujourd’hui, il est plus qu’important que les êtres humains assistent cette régénération naturelle.
Quels pays sont les plus touchés par la désertification ?
Aujourd’hui dans le monde, la désertification concernerait environ 25% des terres émergées et 1,2 milliard d’êtres humains. Elle touche plus particulièrement certaines zones du globe comme :
- Le Sahel (en Afrique de l’Ouest) : la surexploitation des sols et la déforestation ont contribué à accélérer le phénomène (même si aujourd’hui le paysage reverdit peu à peu).
- La Chine : très affectée par la désertification, surtout dans le nord-ouest du pays où des formations de grès friable (une roche) dégradent les pâturages et créent des vents de poussière jusque dans les villes.
- L’Australie : le surpâturage* et les épisodes de sécheresse répétés ont accéléré la désertification dans les régions semi-arides du centre du pays.
Pour autant, le reste de la planète ne sera pas éternellement épargné. Par exemple, plusieurs régions d'Espagne sont déjà considérées comme arides. En France, c’est dans le département de l’Hérault qu’on retrouve des zones de plus en plus sèches et des sols très dégradés.
Quelles sont les conséquences de la désertification ?
En plus de dégrader toute une partie des sols de la planète, la désertification a de nombreuses conséquences environnementales, économiques et sociales, telles que :
- La destruction de la biodiversité : à cause du manque d’eau, de la surexploitation des terres et de la perte de couvert végétal. Une combinaison qui fait que les sols vont devenir moins résistants et que les espèces végétales locales vont progressivement disparaître
- La détérioration des terres cultivables : conséquence logique à la désertification, plus les sols sont en mauvaise santé, plus leur capacité à stocker l’eau diminue, moins il est possible cultiver correctement dessus.
- La dégradation des conditions de vie humaines : phénomène lié à la perte de biodiversité et au manque de nourriture. La désertification peut aggraver la pauvreté dans certaines régions du globe, avec des risques de famines, l’apparition de nouvelles maladies, et la difficulté d’accéder à certaines ressources naturelles (comme l’eau).
- Le déplacement de certaines populations : si on additionne toutes les conséquences de la désertification, elle peut conduire à des déplacements de populations et à de nouvelles sources de conflits entre les pays.
Y a-t-il des solutions pour lutter contre la désertification ?
Il existe plusieurs solutions pour lutter contre la désertification. Globalement, l’idée qui revient à chaque fois, c’est de recréer de la vie dans les sols. Pour ça, on pourrait :
- Replanter des arbres
Ça permet de régénérer la forêt, surtout dans des zones sans végétation qui subissent les aléas climatiques (et où la surface du sol s'érode rapidement). En plus ça aide aussi à stocker du carbone pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais c’est une opération qui coûte cher. La Chine a tenté l’expérience à partir de 1978, près du désert de Gobi, dans le nord-ouest du pays (une zone très touchée par la désertification). Des milliards d’arbres ont été plantés. L’objectif est de faire pousser une méga muraille verte dans le désert d’ici 2050. Mais, « le reboisement à grande échelle n’est efficace que si les espèces d’arbres plantés sont adaptées à l’environnement et qu’elles sont diversifiées, pour éviter qu’une maladie ne détruise toute la muraille » explique Antoine Cornet. L’expérience d’une Grande muraille verte a aussi été tentée au Sahel. Lorsque le projet a été imaginé dans les années 1980, on pensait faire une grande bande verte de 15 kilomètres de large qui traverse toute l’Afrique sur plus de 7 500 kilomètres, entre le Sénégal et Djibouti. 11 pays étaient dans le projet, mais tous n'ont pas participé de la même manière. Au Sénégal par exemple, on a favorisé le reboisement, mais « en réalité c’était compliqué d’implanter des forêts sur des zones cultivées et pâturées partout dans le Sahel », explique Manon Albagnac, chargée de projet dans l’ONG Cari. Alors qu’au Niger ou en Mauritanie on a plutôt mis en place des fermes agricoles communautaires. - Miser sur l’agroécologie
C’est la principale solution défendue. L’agroécologie, ce sont des pratiques agricoles qui s’appuient sur le fonctionnement naturel des écosystèmes. « Ces méthodes permettent d’entretenir la fertilité des sols et leur capacité de préserver la ressource en eau » ajoute Manon Albagnac. Enfin, la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification considère que la gestion durable des terres est un des meilleurs moyens de lutter contre le changement climatique et la perte de biodiversité. Et pour ça, il faudrait (selon eux) investir 1 600 milliards de dollars dans les 10 prochaines années pour restaurer 1 milliard d’hectares abîmés (dont 250 000 de fermes, de forêts et de pâturages). Cela permettrait aussi d’offrir une sécurité alimentaire et en eau aux personnes qui souffrent de la désertification, un habitat pour les plantes et les animaux sauvages, et éviterait à certaines populations de devoir quitter leur région d’origine. À la COP27, en 2022, le président français Emmanuel Macron a annoncé vouloir accélérer le projet grâce à une levée de fonds de 16 milliards d’euros. À suivre…
Dico
Agriculture sur brûlis : Technique agricole qui consiste à alterner les phases de cultures manuelles et de repos sur un terrain fertilisé par le feu.
Jachère : Période de repos pour une terre cultivable (on ne cultive rien dessus).
Surpâturage : Exploitation excessive de la végétation sur une zone pour nourrir du bétail.
Sources
Interview d’Antoine Cornet, directeur de recherche émérite à l’IRD et membre du comité scientifique français de la désertification (CFSD).
Interview de Manon Albagnac, chargée de projet dans l’ONG Cari.
Unep - Une muraille verte pour promouvoir la paix et restaurer la nature dans la région du Sahel en Afrique.





