icu.next-video

Contenu proposé par

France Télévisions

Regarde cette vidéo et gagne facilement jusqu'à 15 Lumniz en te connectant !

Il n’y a pas de Lumniz à gagner car tu as déjà consommé cet élément. Ne t'inquiète pas, il y a plein d'autres contenus intéressants à explorer et toujours plus de Lumniz à gagner.

->   En savoir plus
Français05:41Publié le 20/11/2023

« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie » de Louise Labé

C'est la base : rap et poésie

Athéna Sol t'explique et te contextualise ce poème de Louise Labé, Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie, une œuvre du XVIe siècle appartenant au courant poétique de l'Ecole de Lyon.

« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie » de Louise Labé

Ce poème de Louise Labé (1524-1566) est librement interprété par la rappeuse Vicky R.

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.


Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.


Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.


Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.

Analyse du poème : inconstance de l'amour et universalité

Ecrit en 1555, Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie est un sonnet très célèbre, et l'un des plus connus de la poétesse de la Renaissance, Louise Labé, membre de l'Ecole de Lyon.

  • Procédés littéraires : le poème tout entier est construit sur des oppositions, sur des antithèses, c’est-à-dire que la poétesse joue sur l’alliance des contraires :
    ► Je vis / je meurs
    ► Je me brûle et me noie
    ► J’ai chaud / froidure
    ► Molle / dure
    ► Ennuis / joie
    ► Je ris / je larmoie
    ► Je sèche / je verdoie
    La figure de style de l'antithèse permet de montrer la confusion des émotions et leur inconstance perpétuelle. On note aussi l'utilisation d'adverbes de temps qui montrent à quel point la poétesse est ravagée : « tout à un coup », « tout en un coup », « inconstamment », « puis ». Ces adverbes montrent la fugacité des émotions de la poétesse, soumise à du mouvement, à des changements d’états successifs dont elle n’est plus maîtresse. D’ailleurs, si on est attentifs aux pronoms, cette passivité de la poétesse devient évidente. Dans les premiers vers, le « je » est sujet des phrases, c’est ce qui domine dans les deux premières strophes. Mais à partir du premier tercet, c’est « Amour » (avec une majuscule, sans doute le Dieu Amour, Cupidon, fils de Venus) qui devient sujet de la phrase : « Amour me mène » (v. 9) puis « Il me remet » (v. 14). La poétesse présente dans le pronom personnel « me » devient COD, autrement dit, elle subit l’action et n’en est plus à l’origine. Elle ne contrôle plus rien, elle est le jouet de l’amour.
  • Universalité du point de vue : ce qui fait l’originalité de ce poème, c’est que Louise Labé écrit un poème d’amour sans jamais parler de l’être aimé ! Elle ne parle que de l’être aimant : elle-même. Là où les poètes ont l’habitude de se perdre en éloges sur la femme aimée, en décrivant la beauté de son corps, Louise Labé, elle, ne prend pas cette peine. Ce qui l’intéresse, c’est la tourmente du sujet amoureux. En ne décrivant pas l’objet de son amour, en ne donnant aucune indication sur son physique ou son genre, elle permet à tous les lecteurs et à toutes les lectrices de s’identifier. D’ailleurs, elle-même ne se genre pas ici, il n’y a aucune trace du féminin. Elle aurait pu dire « je suis verdoyante » ou « je suis rieuse » mais elle choisit de dire « je verdoie » et « je ris ». Ainsi, le poème devient universel. Peu importe ton genre, tu peux te reconnaître dans ces vers.

Ce qu'il faut retenir de ce poème

  • Procédés littéraires : utilisation de la figure de style de l'antithèse et d'adverbes de temps pour montrer la confusion, la contradiction et l'inconstance des émotions. Passage du pronom personnel « je » à  l'universalité de l'être aimant, « Amour ».
  • Louise Labé : ce sonnet est l'un des plus célèbres de Louise Labé, une des rares poétesses du XVIe siècle. Elle y décrit l'inconstance du sentiment amoureux, le tourment qu'il provoque, de manière universelle (sans distinction de genre). Cela provoque l'effet de pouvoir de s'identifier. Modernité dans le point de vue.

📌 L'Ecole de Lyon n'a plus de secret pour toi ? Vérifie-le avec ce quiz poésie !


👉 Découvre toutes les vidéos de C'est la base : rap et poésie.

Réalisateur : Xavier Reim

Auteur : Clémence Losfeld et Athéna Sol

Producteur : Milgram

Année de copyright : 2023

Année de production : 2023

Année de diffusion : 2023

Publié le 20/11/23

Modifié le 01/03/24

Ce contenu est proposé par