« Le Journal du séducteur » de Søren Kierkegaard

Malgré son titre, Le journal du séducteur du philosophe danois Søren Kierkegaard, n'est ni un manuel de drague, ni un essai philosophique, mais une romance au ton ironique, comme te l'explique François Busnel dans cet épisode de La p'tite librairie.

Que raconte Le journal du séducteur ?

Søren Kierkegaard publie Le journal du séducteur en 1843 à Copenhague, à l'intérieur de son œuvre maîtresse baptisée Ou bien… ou bien. « L’homme qui souhaite séduire une femme cherche-t-il le divertissement ou bien l’amour ? ». C’est la question qui sert de point de départ à Kierkegaard pour écrire son roman. En réalité, à travers les personnages principaux, l’auteur fait référence à sa malheureuse histoire d’amour avec Régine Olsen. Le jeune philosophe a 24 ans quand il rencontre Régine, dont il tombe immédiatement amoureux. Mais 4 ans plus tard, juste après sa promesse de mariage, Kierkegaard rompt ses fiançailles avec Régine. Le motif ? Sa mélancolie et sa culpabilité chronique en feraient selon lui un mari invivable. Pourtant, Régine aime Kierkegaard et ce dernier ne cessera jamais d’aimer Régine.

Pourquoi Kierkegaard a-t-il écrit Le journal du séducteur ?

C’est pour faire accepter à Régine leur rupture que Kierkegaard écrit ce roman. Il y prend un malin plaisir à caricaturer la suffisance de son double, Johannes, à la limite du cynisme et la sincérité de Cordélia, le double de Régine. En quelque sorte, il cherche à la dégoûter de lui. Il pose sans cesse la question de l’amour et de la liberté et il croit pouvoir les opposer, tentant en vain de les réunir, mais Kierkegaard est plus tourmenté que cruel. Il se croit rayé par la main de Dieu. Son leitmotiv, ce n’est pas la liberté, mais l’amour et plus précisément l’amour absolu. Quelques années plus tard, à son grand dépit, Régine épouse un autre homme, à qui Kierkegaard déclare :

« Dans cette vie, elle vous appartient ; dans l’histoire, elle est à mes côtés ; dans l’éternité, cela ne peut évidemment pas vous déranger qu’elle m’aime aussi. »