Cités et nouvelles place fortes au Moyen Âge

Au Moyen Âge, on assiste au développement des villes qui, bien souvent, s'érigent autour des châteaux.


Publié le 15/10/2012 • Modifié le 01/09/2025

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À partir du XIe siècle et après une longue période de stagnation, les villes connaissent une phase d’expansion conséquente, engendrée conjointement par plusieurs facteurs comme la croissance démographique et agricole ainsi que le développement intensif du commerce. Ainsi, des villes comme Paris et Rouen s’agrandissent bien au-delà de leurs premières fortifications, nécessitant la construction d’autres remparts englobant les nouveaux quartiers. Pour autant, les châteaux ne s’inscrivent pas en opposition aux villes et à leur essor : de nombreuses villes sont issues de sites castraux (Saintes, Poitiers, Angers, Angoulême, Verdun).

Château comme lieu de vie

Le château au Moyen Âge représente en effet un lieu de vie et de sociabilité dynamique car il abrite, outre le seigneur et sa famille, toute la domesticité, les intendants et officiers seigneuriaux, les chevaliers et la garnison du château, et il accueille régulièrement des visiteurs. Il est aussi un centre économique important car il draine les revenus du seigneur, essentiellement fonciers (provenant de la terre) et issus des impôts en nature payés par les paysans. Les châteaux attirent donc logiquement les populations, les marchés et les commerçants. De plus, il offre une protection et un refuge grâce à ses fortifications et à sa garnison. Des bourgs castraux s’installent et se multiplient à proximité du château ou au pied de ses remparts avec leur marché et parfois une foire.

Château comme lieu de pouvoir

À l’inverse, le seigneur lui-même cherche à capter et rassembler les populations pour mieux les contrôler mais aussi pour recruter des hommes au sein de sa garnison. L’occupation du sol et le regroupement de l’habitat permet au seigneur de valoriser sa terre et d’y affirmer son pouvoir. Il peut également attribuer certains bourgs de son domaine à des ecclésiastiques. En plus d’attirer de nouveaux habitants, le seigneur peut ainsi développer des liens privilégiés avec une église (ou une abbaye) qui deviendra le sanctuaire de sa famille. Généralement, les deux types de bourgs — laïque et ecclésiastique — coexistent autour d’un même château.

Cependant dans d’autres cas le château n’existe pas lors de la fondation de la ville : ce sont les monastères, abbayes et sièges épiscopaux qui ont attiré et fixé la population (Albi, Metz, Noyon, Senlis) ; un château ou un donjon est parfois construit par la suite, comme à Limoges.

Le cas des bastides

Dès le XIIe siècle, sous l’impulsion d’autorités seigneuriales ou religieuses, apparaît un nouveau type d’urbanisation : les bastides, des villes neuves qui suivent un plan prédéfini et rationnel. On estime qu’entre 300 et 400 bastides furent construites essentiellement en Aquitaine et dans le Languedoc, entre la première moitié du XIIIe et le milieu du XIVe siècle.

Un objectif économique et politique

Le fondateur d’une bastide est toujours un seigneur (roi, comte, etc.) ou une autorité religieuse (évêques, abbayes). L’objectif est surtout économique : l’exploitation de zones agricoles et le développement d’activités économiques (artisanat, commerce) représentent une source importante de revenus pour leur fondateur. La raison politique entre également en jeu car la bastide permet au seigneur d’affirmer son pouvoir, par l’occupation du sol et la valorisation de sa terre. De plus, dans un contexte de rivalité entre le roi de France et celui d’Angleterre (qui est aussi duc d’Aquitaine), l’élévation de bastides sur une frontière mal définie et mouvante est hautement stratégique.

Une charte de coutumes définit les droits et obligations des habitants de la bastide. Pour inciter les populations à venir s’y installer, de nombreux avantages leur sont offerts. Les habitants sont exemptés d’impôts pendant 10 ans, ils ont la possibilité de devenir artisans, de marier librement leurs filles et ils élisent les membres du consulat, le conseil gérant les affaires municipales. Le terrain est divisé en lots aux dimensions identiques : à l’intérieur de la bastide, on trouve les aryals (lots à bâtir) et les cazals (jardins potagers). Les arpents (terres cultivables) sont situés à l’extérieur. Une place occupe le centre de la ville ; elle est à la fois pôle économique (marchés, foires, échanges commerciaux) et administratif (salle consulaire).

De nombreuses bastides se dotent de fortifications au XIVe siècle Il s’agit en général d’une enceinte de pierre garnie de tours et percée de plusieurs portes. Cette construction ayant un coût important, certaines bastides se contentent de simples levées de terre, de fossés et de palissades. Toutes ces fortifications ont essentiellement un rôle protecteur, face au brigandage et aux troubles générés par la guerre de Cent Ans. Pour les bastides situées sur la frontière franco-anglaise en Aquitaine, la fonction militaire reste primordiale.

Le Krak des Chevaliers

Après la prise de Jérusalem en juillet 1099, les croisés fondent en Terre sainteles États latins d’Orient : ils y resteront jusqu’à la défaite de Saint-Jean d’Acre en 1291. Deux ordres de moines soldats, les Chevaliers du Temple et les Hospitaliers de Saint-Jean, assurent la défense de ces terres depuis de puissantes forteresses.

L'histoire du Krak

Le Krak des Chevaliers en Syrie est à l’origine un petit château à l’emplacement éminemment stratégique. Installé à 650 m d’altitude, le château permet de contrôler la « trouée de Homs », carrefour de plusieurs routes menant aux villes de Homs (à l’est), Tortose (aujourd’hui Tartous, à l’ouest), Antioche (au nord) et Beyrouth (au sud). En 1142, le comte de Tripoli cède le château aux Chevaliers de l’ordre de l’Hôpital. La forteresse a connu plusieurs sessions importantes de travaux suite aux dégâts causés par les sièges et deux séismes (en 1157 et 1170). Les Chevaliers ceinturent le château d’une enceinte externe garnie de tours semi-circulaires. L’enceinte interne est protégée par un immense talus qui bloque le travail de sape (l’attaquant ne peut pas ouvrir de brèche) et fait ricocher sur les assaillants les projectiles lancés depuis le haut des murs. Le flanc sud étant le plus fragile, il est doté de tours dont les murs atteignent 8 m d’épaisseur. La tour de la Fille du Roi, au nord, porte trois mâchicoulis en arc. L’accès principal consiste en une rampe voutée aux passages très étroits, afin de d’empêcher la progression ennemie.

Le Krak, une véritable ville

Au total, le Krak mesure 220 m de long et 135 m de large, pour une surface de 2,5 hectares : il peut abriter au moins 2 000 combattants. Il s’agit d’une véritable ville, la forteresse disposant d’un moulin à vent, d’un four à pain et d’un gigantesque grenier pour stocker la nourriture. De plus, des citernes et un puits assurent le ravitaillement en eau des hommes et un aqueduc alimente le berquil, bassin servant à abreuver les animaux. On trouve au Moyen Âge d’autres bâtiments fonctionnels comme le réfectoire, le dortoir et les écuries. Le Krak abrite également une chapelle, un cloître et une salle capitulaire (où se réunissaient les Chevaliers) voûtée en croisée d’ogive, précédée d’une galerie de style gothique.

 

 

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