À partir du XIe siècle et après une longue période de stagnation, les villes connaissent une phase d’expansion conséquente, engendrée conjointement par plusieurs facteurs comme la croissance démographique et agricole ainsi que le développement intensif du commerce. Ainsi, des villes comme Paris et Rouen s’agrandissent bien au-delà de leurs premières fortifications, nécessitant la construction d’autres remparts englobant les nouveaux quartiers. Pour autant, les châteaux ne s’inscrivent pas en opposition aux villes et à leur essor : de nombreuses villes sont issues de sites castraux (Saintes, Poitiers, Angers, Angoulême, Verdun).
Château comme lieu de vie
Le château au Moyen Âge représente en effet un lieu de vie et de sociabilité dynamique car il abrite, outre le seigneur et sa famille, toute la domesticité, les intendants et officiers seigneuriaux, les chevaliers et la garnison du château, et il accueille régulièrement des visiteurs. Il est aussi un centre économique important car il draine les revenus du seigneur, essentiellement fonciers (provenant de la terre) et issus des impôts en nature payés par les paysans. Les châteaux attirent donc logiquement les populations, les marchés et les commerçants. De plus, il offre une protection et un refuge grâce à ses fortifications et à sa garnison. Des bourgs castraux s’installent et se multiplient à proximité du château ou au pied de ses remparts avec leur marché et parfois une foire.
Château comme lieu de pouvoir
À l’inverse, le seigneur lui-même cherche à capter et rassembler les populations pour mieux les contrôler mais aussi pour recruter des hommes au sein de sa garnison. L’occupation du sol et le regroupement de l’habitat permet au seigneur de valoriser sa terre et d’y affirmer son pouvoir. Il peut également attribuer certains bourgs de son domaine à des ecclésiastiques. En plus d’attirer de nouveaux habitants, le seigneur peut ainsi développer des liens privilégiés avec une église (ou une abbaye) qui deviendra le sanctuaire de sa famille. Généralement, les deux types de bourgs — laïque et ecclésiastique — coexistent autour d’un même château.
Cependant dans d’autres cas le château n’existe pas lors de la fondation de la ville : ce sont les monastères, abbayes et sièges épiscopaux qui ont attiré et fixé la population (Albi, Metz, Noyon, Senlis) ; un château ou un donjon est parfois construit par la suite, comme à Limoges.
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