Un jeune enfant peut-il ressentir la discrimination ?
Oui bien sûr, répond Édith Salès-Wuillemin, professeur de psychologie sociale à l’Université de Bourgogne. S'il ne peut pas toujours lui donner un nom, il a très tôt le ressenti de cette action qui consiste à traiter une personne différemment d'une autre.
« Un enfant se compare sans cesse avec un autre, qu’il soit à l’école ou dans la fratrie… Aussi, il se rend parfaitement compte des dissemblances et du fait qu’un autre peut être traité mieux (ou moins bien) que lui. » Des travaux ont été faits autour d’enfants de 3-4 ans, et ceux-ci ont mis en évidence que pour ces très jeunes le ressenti d’injustice est bien présent.
En revanche, il n'est pas rare de constater que ces tout-petits ne se soucient généralement pas de la couleur de peau de leurs voisins. Pourquoi ? « Cela vient avec la socialisation, explique Édith Salès-Wuillemin. Au départ, l’enfant n’est pas encore dans un groupe ; au contact de sa mère, il ne fait pas de différenciation. » C’est après, lorsque interviennent les cercles de la famille, de la crèche et de l’école, que commence la vie en communauté et que naît la notion de différence.