Cyrano de Bergerac : un héros pas comme les autres

Dans Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, le héros a deux têtes. C'est le duo Cyrano et Christian. A eux deux,  ils ont la beauté, la bravoure et le verbe.

C'est d'ailleurs le pacte proposé par Cyrano : « Faisons à nous deux un héros de roman ! ».

Cyrano est-il un héros ?

Les spécialistes ne tombent pas d’accord. Certains disent que c’est le héros par excellence, c'est-à-dire : 

• un héros au sens mythologique. Un demi-dieu car il est invincible : il affronte 100 hommes armés et sort victorieux avec une simple égratignure.
• un héros comique. La pièce est sous-titrée « comédie héroïque en cinq actes » et Cyrano fait rire avec son nez démesuré qui le précède « d’un quart d’heure en chaque lieu »
• un héros romantique. Cyrano est déchiré entre un idéal et la médiocrité du monde.
• un héros tragique. Son existence est tragique, à cause de son nez : « Quelle espérance pourrait me laisser cette protubérance ! »

Dans la définition de Victor Hugo, le héros romantique, c’est exactement cela : une âme sublime dans un corps grotesque. Comme Quasimodo dans Notre-Dame de Paris.

Ce qui fait de Cyrano de Bergerac l’un des plus grands héros de l’histoire littéraire, c’est son panache, la valeur suprême du héros, « le refus de se prendre au tragique » comme l’écrit Rostand. L’art du bon mot transformé en éthique.

Mais sous le panache, il y a une faille qui le distingue du héros classique : son amour pour Roxane et le fait qu’il n’ait  « eu peur que d’une chose dans la vie, être moqué par les femmes ». A cause de cela, Cyrano se cache. Or le héros se montre. En cela Cyrano n’est peut-être qu’un demi-héros complété par Christian.

Roxane perd donc son héros à deux reprises dans la pièce : « Je n’aimais qu’un seul être et je le perds deux fois ! »

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