« L'Immoraliste » d'André Gide

Anticipant le scandale qu'allait provoquer la publication de son roman, L'Immoraliste, André Gide signe, en 1902, une préface pour mettre les choses au clair avec ses futurs détracteurs. Mais de quoi parle ce livre au parfum sulfureux ? Découvre-le dans cette vidéo 👇.

Un héros prisonnier des contraintes morales

Paru au tout début du XX^e siècle, L'immoraliste raconte l'histoire de Michel, qui n'est pas, avertit André Gide dans sa préface, le double de l'auteur. Son personnage principal est rentier, a une santé fragile, et s'adonne à l'archéologie. Pour faire plaisir à son père, il a épousé Marceline pour qui il n'a pas d'amour mais seulement une affection, sans relations charnelles. En voyage de noces en Afrique du Nord, Michel s'ennuie. Il tombe malade, se rétablit. Il se sent frémir et en éveil uniquement lorsqu'il est en présence de garçons arabes. Comme si la belle santé de ces jeunes hommes restaurait celle de son corps malade. Il suprend l'un d'entre eux, Moktir, en train de voler, mais il fait comme s'il n'avait rien vu, créant ainsi une complicité par défaut. Michel se sent même canaille. Sa rencontre avec un curieux personnage, Ménalque, l'encourage à vivre enfin pour son compte. Il devient l'homme qui sommeille au fond de lui, au mépris des conventions et des interdits de son éducation puritaine.

L'immoralité en question

À travers les rencontres de Michel, André Gide cherche à montrer que lorsqu'on « marche à côté de ses pompes », on se sent privé du goût de vivre, et dès lors, on se surprend à jouer faux. C'est un déchirement.

Il préface son roman de lignes superbes, comme s'il craignait qu'il lui explose à la figure. Avec ce geste, Gide veut rappeler qu'un écrivain ne fait ni l'apologie ni le procès de son sujet. En l'occurence, ici, l'immoralité.

« Si vous êtes troublé ou gêné », nous dit Gide, « c'est à vous de prendre parti ». André Gide ne cherche pas à prouver quoi que ce soit, seulement à bien peindre et à éclairer bien sa peinture.

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