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Actualité13:40Publié le 28/11/2025

Les dangers de la chirurgie esthétique chez les jeunes

L'entre deux

Gaspard G est à Marseille au lycée Marseilleveyre. Pour ce nouvel épisode de L’entre deux, il reçoit Michael Atlan pour parler de chirurgie esthétique.

C’est qui Michael Atlan ?

Michael Atlan est chirurgien-plasticien, chef de service à l’hôpital Tenon à Paris, et professeur à la Sorbonne. Il s'entretient aujourd'hui avec Gaspar G sur la place qu'occupe la chirurgie esthétique chez les jeunes.

Quelle place tient la chirurgie esthétique aujourd’hui ?

La chirurgie esthétique est en plein essor. En France, plus d’1 million d’actes sont réalisés chaque année et le secteur connaît une croissance estimée à 7 % par an d’ici 2028. Longtemps réservée aux célébrités, elle s’est largement démocratisée. Les réseaux sociaux jouent un rôle déterminant dans cette évolution. Entre filtres, selfies et influenceurs prônant des visages lissés ou des silhouettes standardisées, les modèles de beauté se multiplient mais aussi se ressemblent. Résultat : les jeunes sont de plus en plus nombreux à envisager une intervention. Les moins de 25 ans représentent désormais une part significative des demandes, souvent pour des gestes non invasifs, comme des injections ou de la rhinoplastie médicale. Mais derrière cette popularité, se cachent aussi des dérives : actes réalisés à l’étranger, injections illégales, complications parfois graves. 

Comment expliquer un tel essor de la chirurgie esthétique en France ?

Il faut distinguer deux choses : la chirurgie esthétique et la médecine esthétique.

  • La médecine esthétique : injections, botox, acide hyaluronique.
  • La chirurgie esthétique : on peut toucher plus de parties du corps : les fesses, les seins, le visage.

Effectivement, avec le vieillissement de la population et l’envie des jeunes de s’améliorer très vite physiquement, on comprend tout de suite que l’augmentation est assez naturelle.

Quel est le rôle des réseaux sociaux dans l’essor de la chirurgie esthétique ?

Les réseaux sociaux jouent un grand rôle dans l’explosion de la chirurgie esthétique. On voit de plus en plus de vidéos, de promotion, d’influenceurs pour des liftings, des injections, des greffes de barbe ou de cheveux.

La normalisation de la chirurgie esthétique est-elle souhaitable ?

Il n’y a pas de normalisation. La normalisation, c’est la situation d’avant les réseaux sociaux. Ils n’ont fait qu’hypertrophier ce que les influenceurs ont comme envie. Mais ça n’a rien à voir avec la réalité. Quand on parle de la chirurgie avec les anciens, on s’aperçoit qu’il y avait déjà de la chirurgie esthétique de très haut niveau et beaucoup d’offres. Les influenceurs ont donné l’impression que c’était accessible. J’ai l’avantage moi, de voir la réalité des influenceurs. L’avant-après que vous voyez, comme s’il ne s’était rien passé, sans complications, sans bleus, sans problèmes, ça n’existe pas.

Les vidéos sur la chirurgie esthétique racontent-elles n'importe quoi ?

Oui. Les actes décrits sur les réseaux existent. Mais on a l’impression qu’on en fait une promotion comme dans un supermarché, comme si tout était facile et sans conséquences. J’ai reçu beaucoup d’influenceurs qui avaient malheureusement eu soit des injections illégales, soit des actes dans d’autres pays. J’ai vu les catastrophes qui peuvent arriver. Certains influenceurs ont fait de la promotion très délétère pour la sécurité des patients. Et en termes d’exemplarité, c’est très mauvais car on pousse des jeunes à aller vers un modèle qui n’est pas souhaitable. Souvent, on parle du BBL (Brazilian Butt Lift : opération consistant à augmenter le volume des fesses par injection de graisse autologue, sans recourir à des implants). On prend la graisse d’ailleurs et on la réinjecte dans les fesses pour avoir un postérieur énorme. C’est une tendance. Mais c’est une chirurgie qui tue, qui peut tuer et qui donne parfois des résultats catastrophiques. Si j’en parle, c’est que ça peut pousser les jeunes à vouloir adhérer à ces standards, alors que ce n’est ni quelque chose de naturel, ni de souhaitable. Les jeunes vont vers ces standards qui sont des caricatures d’une beauté imposée.

Faut-il pousser les jeunes à aller chez le psy ?

Mettre la psychiatrie dans la chirurgie esthétique, c’est important. Le plasticien est face à :

  • La dysmorphophobie : trouble psychologique caractérisé par une idée obsessionnelle qu’une partie de son corps, voire son corps au complet, est rempli de défauts.

C’est le fait de se voir dans le miroir, pas exactement comme on est. Si on se voit très gros alors qu’en fait, on est très bien, même après de multiples opérations, on va continuer de se voir comme ça. Donc ça empêche le patient d’apprécier les résultats de la chirurgie.

  • Le devoir de mettre une barrière : il faut dire qu’on ne pourra peut-être pas améliorer le patient autant qu’il le voudrait, et peut-être que le chemin n’est pas le bon pour se sentir mieux.

Qu'en pensent les lycéens de Marseilleveyre ?

 

Moi je pense que la chirurgie, ça a des bons et des mauvais côtés. Moi, j’aimerais y avoir recours pour mon nez. Sur les réseaux, c’est un idéal féminin qui est mis en avant, qui n’est pas du tout adapté à la vraie vie. C’est imposé sur les réseaux par une certaine catégorie de personnes.

 

Théo 15 ans

On voit énormément de vidéos qui parlent de chirurgie esthétique. Donc on se questionne. Une femme qui s’est fait une augmentation mammaire peut donner envie de le faire aussi. C’est une question d’idéal qui finit par passer avec le temps.

 

O-Ren 17 ans

En réalité, voici le parcours de ces patientes : la douleur, les cicatrices, les fils à enlever, les médicaments à prendre…Si on voyait plus cet aspect-là, ce serait un frein.

 

Si on a envie de faire de la chirurgie esthétique et qu’on connaît les risques, et qu’on a toujours envie de le faire, alors on peut le faire. Moi, je ne veux plus avoir de seins car je suis non binaire. Quand j’aurai l’âge de le faire, je le ferai.

 

Themis 15 ans

Peut-on revenir en arrière après une chirurgie si on regrette ?

Une fois qu’on a opéré, pour revenir à l’état antérieur, c’est extrêmement difficile. C'est possible avec des cicatrices en plus. C’est très compliqué. Par exemple, une jeune femme qui décide de faire une augmentation mammaire à 20 ans et puis qui décide à 40 ans de réduire car elle n’a plus envie d’avoir une poitrine importante. Elle va pouvoir le faire mais elle ne retrouvera jamais la poitrine qu'elle avait au départ. Il y a une seule question à se poser : est-ce que je vais être plus heureux objectivement avec ce changement ? Ce qui pourrait être souhaitable pour une personne ne l’est pas forcément pour une autre.

Quel est le pourcentage de Français ayant reçu de la chirurgie esthétique ?

Cette question démontre la passivité. On ne reçoit pas de la chirurgie esthétique, c’est le patient qui veut en faire. C’est le patient qui a construit ce projet.

Quel est l’âge minimum pour faire de la chirurgie esthétique ?

On opère très rarement des patients mineurs. C’est d’abord une question de maturité. Comme on l’a dit, on ne peut pas retourner en arrière facilement. Ensuite, il y a un orage hormonal à l’adolescence qui entraîne parfois des difficultés de cicatrisation, ou des cicatrices très disgracieuses. On essaye d’éviter cette période-là. Mais de temps en temps, les problèmes sont tellement importants : par exemple, un jeune homme qui pèse 180 kilos et qui perd 80 kilos d’un seul coup, il aura  beaucoup de peau qui va tomber. On va l’opérer car c’est important qu’il retrouve un peu d’estime de lui-même, qu’il soit capable de se mettre en t-shirt. Mais en général, on attend au minimum la majorité. On laisse passer un peu de temps pour que ça mature. Il y a une part de ces patients-là, 20 % à peu près, qui finissent par ne plus vouloir se faire opérer.

Quel message de prévention adresser aux jeunes ?

La médecine esthétique ne se fait qu’avec des médecins ! Elle ne se fait pas dans une cave, dans une cuisine, ou par quelqu’un qui n’est pas médecin. Il y a eu beaucoup de problèmes récemment qui ont entraîné des catastrophes. Pour la chirurgie, il y a un rempart, c’est le spécialiste. Il doit y avoir plusieurs consultations. C’est bien de consulter plusieurs chirurgiens. Votre référent ne peut pas être autre chose qu’un médecin.

 

👉 Retrouve tous les épisodes deL'entre deux !

Réalisateur : Adrien Benoliel

Producteur : Outsideur

Année de copyright : 2025

Année de production : 2025

Publié le 28/11/25

Modifié le 03/12/25

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