LGBTQIA+

Dans cet épisode de L’entre deux, Gaspard G reçoit Julia Layani, podcasteuse, en compagnie des élèves du lycée des Petits Champs, à Paris. Ensemble, ils vont répondre aux questions concernant l'évolution des droits et de l'intégration dans la société des personnes LGBTQIA+.

C'est qui Julia Layani ?

Julia Layani est podcasteuse. Elle a coproduit le podcast Coming out qui est disponible sur Spotify. C’est une série de témoignages de personnalités ou d’anonymes qui parlent de leur coming out. Elle est aussi autrice et militante pour les droits des personnes LGBTQIA+.

Faire partie de la communauté LGBTQIA+ en 2025, qu’est-ce que ça veut dire ?

• 👉 En 2023, 4560 infractions anti LGBTQIA+ ont été recensées en France, soit une moyenne de 13 par jour.

Malgré des avancées au niveau de la loi, ces chiffres rappellent que les discriminations persistent et que l’égalité des droits n’empêche pas les violences. Le sigle LGBTQIA+ est apparu dans la culture anglo-saxonne dans les années 90 et a été adopté en France au début des années 2000. Il regroupe plusieurs réalités : lesbiennes, gays, bisexuels, trans, queer, intersexes, asexuels/aromantiques. Derrière ces mots, des vécus variés, des parcours marqués par des expériences, des revendications et des obstacles. Les nommer, c’est reconnaître leur singularité, leur donner une place dans le débat public et dans la société.

• 👉 En France, le mariage pour tous est en place depuis 2013 après la dépénalisation de l’homosexualité en 1982 et le PACS en 1999.

Mais les droits sont rarement définitivement acquis. Entre avancées et résistances, progrès législatif et tensions sociales, la place des personnes LGBTQIA+ continue d’évoluer.

C’est quoi la différence entre le sexe, le genre et la sexualité ?

« La différence entre le sexe et le genre a été déterminée dans une œuvre de Judith Buttler qui s’appelle Le trouble dans le genre. Elle décrit le genre comme une construction sociale et le sexe comme quelque chose d’anatomique. Le genre ne se limite donc pas à l'anatomie. La sexualité, c’est ce que la personne choisit d’aimer. La personnalité de chacun est unique.»

 

Gaspard, 17 ans, élève au lycée des Petits Champs

On peut constater que la nouvelle génération a accès à plus de ressources. Julia Layani raconte qu’à l’époque où elle a découvert qu’elle était lesbienne, il n’y avait qu’une seule série qui représentait les lesbiennes, aucun livre, aucun film pour s’identifier. Dans la culture aujourd’hui, la diversité est grandissante.

Est-ce que ça a été compliqué pour Julia Layani de faire son coming out ?

À 20 ans, j’ai rencontré une fille avec qui je suis devenue très amie. Et j’ai senti qu’il y avait quelque chose en plus que de l’amitié. Je me suis rendu compte que j’avais des sentiments amoureux pour elle. Et je me suis demandé si c’était la première fois que je ressentais ça, si j’avais toujours été comme ça. On fait donc d’abord son « coming in », c’est le coming out intérieur. Il faut passer par là d’abord avant de le dire aux autres. Mes parents n’ont jamais été confrontés à l’homosexualité dans leur vie, ça a donc été un problème. Ma mère a eu la réaction tristement classique d’être déçue. Elle se demandait si j’allais avoir des enfants, donc des petits-enfants pour elle. Mon père, lui est algérien. On peut se dire que la culture orientale peut être réfractaire à ce genre de choses et en fait pas du tout. Il a réagi comme si de rien n’était. Il faut pouvoir accompagner les parents face à ce genre de situation.

Que peut-on dire aux jeunes qui subissent du harcèlement à caractère homophobe ?

Le 7 janvier 2023, un adolescent de 13 ans, Lucas Vermard, se suicide à son domicile. Ses parents dénoncent un harcèlement homophobe subi au collège. Il faut absolument se rapprocher de professionnels, de lignes d’écoute ou de parents. Le Refuge fait un travail extraordinaire : 06 31 59 69 50. C’est une organisation qui recueille des jeunes mineurs LGBTTQIA+ qui ont été chassés de chez eux. Il y a égalementSOS Homophobie : 01 48 06 42 41. Il faut que les responsables culturels, les responsables politiques prennent leurs responsabilités. Il faut parler. Il y a des propos qu’il ne faut plus laisser passer.

Les réseaux sociaux participent-ils à une certaine forme de haine envers les LGBTQIA+ ?

Les réseaux sociaux participent à une forme de haine tout court. Ce n’est pas forcément lié à la communauté LGBTQIA+. D’une certaine façon, les réseaux sociaux ont aussi permis à cette communauté de se développer, là où dans les médias traditionnels, elle était très en marge. Il y a des bonnes et des mauvaises choses sur les réseaux sociaux. Ils ont malgré tout permis de mettre en lumière des personnes qu’on ne voyait pas avant. Mais dans la continuité de ce mouvement-là, il y a aussi des messages de haine.

Pourquoi la masculinité se sent-elle en danger face à l’homosexualité ?

Sur les réseaux, hélas, c’est la radicalité qui va faire le buzz. Les masculinistes trouvent donc largement leur place parce que ce qu’ils disent est radical. Il faut rassurer les hommes aujourd’hui, les intégrer à la lutte.

Est-il nécessaire de mettre autant en avant les LGBTQIA+ alors qu’ils ne représentent qu’un faible pourcentage ?

1 adulte sur 10 a une identité de genre autre que cis genre ou une orientation sexuelle autre qu’hétérosexuelle en France. Aujourd’hui, si les personnes LGBTQIA+ sont sur le devant de la scène, ce n’est pas par hasard. Elles ont besoin d’être sur le devant de la scène pour exister. En France, la loi punit les injures, la diffamation, lorsqu’elles sont basées sur l’orientation sexuelle (réelle ou supposée) de la victime. L'idée d'être pour ou contre est absurde. On ne peut pas être pour ou contre l’existence de quelqu'un.

Quels conseils peux-tu donner à des jeunes qui s’interrogent sur leur identité de genre ?

Entoure-toi ! Aujourd’hui, on peut s’adresser à des spécialistes, à des influenceurs. On peut rentrer en communication avec plein de monde. Le monde s’offre à toi !