Le harcèlement scolaire

⚠️Une erreur s'est glissée dans la vidéo : 46 % est le pourcentage d'élèves qui déclarent avoir été victimes d'au moins une violence de façon répétée, durant l'année scolaire. Entre 6 et 10% des élèves se déclarent victimes de harcèlement, tout au long de l'année scolaire. (Source : ministère de l'Éducation nationale et de la jeunesse, note d'information - 2023)

Le harcèlement scolaire est un sujet problématique et toujours omniprésent. Mais comment lutter contre ce phénomène ? Pour en parler, Alix Grousset reçoit dans ce nouvel épisode de L'entre deux, Max Tchung-Ming, principal de collège et co-auteur du livre, Violence et justice restaurative à l'école.  

Comment définir le harcèlement scolaire en 2023 ? 

Le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement sont des micro violences répétées. C’est un processus lent qui intègre une norme avec trois composantes :  

• La posture perverse : le harceleur ou la harceleuse.
• La posture du bouc émissaire : la personne isolée, hors de la norme. 
• La posture du normopathe : celui qui a le rôle de spectateur. 

Parle-t-on plus de harcèlement aujourd’hui ? 

« C’est surtout lié au changement de lunettes. Si l’on prend l’exemple de certains écrivains qui faisaient l’éloge de la pédophilie. Cela choquait globalement peu de monde. Maintenant, ce même écrivain ne pourrait pas se rendre, dans les émissions ». Pour Max Tchung-Ming, ce n’est pas le processus qui a changé, mais la norme et les lunettes de la société. 

Maintenant, on est en capacité de dire : non, ce n'est pas bien.

Le pardon nécessite que le coupable reconnaisse sa faute, car il est basé sur cette prise de conscience.

La justice restaurative, c’est quoi ? 

La justice restaurative est un espace de parole sécurisé dans lequel les auteurs, les victimes et les témoins se rencontrent. Max Tchung-Ming insiste sur la notion de volontariat, car « on ne peut pas obliger une victime de violences, à se retrouver face à son auteur, si c'est trop dur. » Ce cercle restauratif est important, car il permet aux auteurs de se mettre à la place des victimes, mais aussi aux victimes de se mettre à la place des auteurs. Encadré par plusieurs médiateurs, ce modèle est basé sur la Commission Vérité et Réconciliation, initiée par Nelson Mandela en Afrique du Sud et qui visait à enquêter sur les crimes de l’apartheid. Pour Max, si cette justice restaurative a fonctionné à l’échelle d’un Etat suite à l’apartheid, il est possible que cela marche à l’échelle d’un établissement scolaire.  

Le témoignage de Richard, victime de harcèlement scolaire

A 28 ans, Richard est un créateur de contenus, qui a été confronté au harcèlement scolaire dès l'école primaire. Ces situations de harcèlement se sont poursuivies jusqu’au collège. « Ça a détruit des parties de moi. Pour les reconstruire, c'est très compliqué.  » Le conseil que Richard aurait aimé entendre quand il a vécu le harcèlement : 

On peut s’en sortir. Parlez-en, car vous n’êtes pas tout seul.  

Les questions du public 

• Comment faire pour lutter contre les expressions utilisées à mauvais escient ? Anna – 15 ans. Ne rien laisser passer. Quand on est témoins de quelque chose, on doit intervenir, car intervenir c’est dire non. Souvent, on est auteur d’une violence sans s’en rendre compte et le fait d’avoir des espaces sécurisés où l’on peut dire « il s’est passé ça en classe, je l’ai mal vécu ». A partir de là, on peut commencer à échanger et se dire que ce n’est pas normal. 
• Pourquoi entend-on plus souvent le témoignage des garçons que des filles sur le harcèlement scolaire ? Oluebube – 14 ans.Tout le monde peut être harceleur ou harcelé. Je n’ai pas de statistique sur la question, mais souvent les retours que j’ai, ce sont ceux des témoins. En général, les garçons sont attaqués sur leur sensibilité, les filles sur leur liberté. 
• Quelles initiatives pourriez-vous conseiller aux personnes qui souhaitent s’engager dans la lutte contre le harcèlement ? Sofia - 17 ans. Si l’on veut lutter contre le harcèlement, la racine est de lutter contre toutes les formes de violences et d’exclusion. La conséquence c’est qu’il n’y aura pas de harcèlement. Si l'on se fixe uniquement sur le harcèlement, on ne touche pas aux normes, alors que le problème est la norme.  

► Réponses au quiz :

1. Une erreur s'est glissée dans la vidéo : 46 % est le pourcentage d'élèves qui déclarent avoir été victimes d'au moins une violence de façon répétée, durant l'année scolaire. Entre 6 et 10% des élèves se déclarent victimes de harcèlement, tout au long de l'année scolaire. (Source : ministère de l'Éducation nationale et de la jeunesse, note d'information - 2023)
2. Avec la Suède et l’Islande, le Danemark est l’un des pays qui affiche le taux de harcèlement le plus bas en Europe.  
3. Le profil des harceleurs est de 50/50.