Le métaverse

Dans ce nouvel épisode de l’entre deux, Alix Grousset échange avec Asma Mhalla. Cette spécialiste en politique technologique va présenter le métaverse, l’importance et les enjeux de cette nouvelle technologie. Le métaverse est considéré à ce jour comme la nouvelle génération d’Internet qui va fusionner l’espace et le temps, mixer les technologies, mélanger la réalité et le virtuel. Petites explications bien réelles. 

Qu’est-ce que le métaverse ? 

Le métaverse est un espace collectif et partagé qui vise à créer une réalité virtuelle physique. Actuellement, cet immense lieu est en cours de construction. Il en existe de nombreuses versions qui réunissent deux technologies :  la réalité virtuelle et la réalité augmentée.  

• La réalité virtuelle ou VR : technologie qui simule un environnement 3D à l’aide d’un ordinateur. La personne est plongée dans un monde artificiel, où tout peut devenir possible, à l’aide d’un avatar. C’est le cas dans un jeu vidéo par exemple. 
• La réalité augmentée ou RA : technologie qui permet d’intégrer des éléments virtuels en 3D, dans un environnement réel, comme dans Pokémon Go. 
• Le métaverse : monde virtuel persistant, avec une part de la vie réelle qui permet de créer des simulations qui vont avoir des actions concrètes au quotidien. On pourra choisir virtuellement son canapé pour son salon, par exemple. 

Le métaverse, un ressenti en conditions réelles

Cette nouvelle génération d’Internet permettra en effet, de ressentir des sensations, des émotions. En ce moment, on développe des objets et des gadgets qui pourront être intégrés à une combinaison, une veste, un casque, des lunettes, des gants...). C’est un début, mais certains gadgets, munis de capteurs existent déjà chez Meta, le Groupe américain de Mark Zuckerberg. Sa plateforme, Horizon Worlds, ne compte seulement que 200 000 utilisateurs mensuels, mais d’autres métaverses sont en cours de projet et seront fonctionnels d’ici 5 à 10 ans. Ce sont des technologies relativement lourdes à installer, qui nécessitent des infrastructures solides, des architectures bien réfléchies. C'est un travail technologique pointu, avec des processus d’ingénierie techniques à long terme. 

D’où vient l'idée de la création d'un métaverse ?

• Second Life est souvent cité comme le jeu vidéo ancêtre du métaverse, apparu en 2003. Il a pourtant été un échec.
• Meta avec son écosystème de réseaux sociaux (Facebook, Instagram, WhatsApp) se présente comme un nouvel outil de croissance pour une nouvelle génération de web social. En renommant son groupe Meta, Marck Zuckerberg donne l’impression d’avoir créé le marché. Pourtant, tous se posent la question des métavers. Tel Tencent Holdings Limited (entreprise chinoise née en 1998, pour la souveraineté numérique dans les services mobiles, internet et la publicité en ligne), Dubaï et les états de l’Europe... Tout le monde s'y intéresse, sans pour autant avoir la certitude que le succès sera bien là.

3 usages du métaverse 

• 1er usage : le shopping. Il permet de se téléporter comme si on était physiquement dans un magasin.
• 2e usage : le lien social. Le métaverse est considéré comme la future génération des réseaux sociaux. Le biais, pourrait être une guerre informationnelle. La combinaison d’actions humaines ou technologiques destinées à l’appropriation, la destruction ou la modification de l’information par des entités, des Etats, des groupes qui déstabilisent des populations. 
• 3e usage : les simulations. Qu’elles soient pédagogiques, à but professionnel ou dans le cadre d'une préparation militaire, cela permet de rendre concret et proche quelque chose qui ne l'est pas toujours. Le biais possible étant le cyberterrorisme, c'est-à-dire que l'information et les data soient récupérées à mauvais escient.

Quels sont les enjeux autour du métaverse ? 

• La technologie sert l’avancée de la science et de la connaissance, mais peut être utilisée contre nous, comme une arme géopolitique.
• La schizophrénie des Etats dans un monde numérique, où tout le monde veut capter les usages et les données de cette technologie, alors que l’environnement est pressé par la sobriété énergétique. 
• Les notions de contrôle de contenu, de dimension psychologique, d’action, de parole... ce qui est encore plus sensible, car difficilement gérable d’un point de vue légal. 
• Le vide juridique à la frontière réel-virtuel. Ce monde n’a plus de limites, or la construction se fait à partir de quelque chose, de quelqu’un. C'est donc l’idée d’un espace ludique qui ne doit pas se substituer à la réalité physique, avec une question vitale : « Quels adultes serons-nous demain ? ».

Questions du public

> On a l’impression que tout est possible dans le métaverse. Mais qu’est-ce qu’il ne sera pas possible de faire ?  Le virtuel n’est pas une zone de non-droit, il répond à des règles. Cependant, tous les pays ne se ressemblent pas et on risque d’assister au Splinternet : la fragmentation du cyberespace en autant de blocs idéologiques. 

> A quoi doit-on s’attendre à l’avenir ? Quel est le projet lié au Métaverse ?  L'idée en construction est un dispositif positif et sain pour développer du lien social, ce qui signifie une éducation et une application des règles prédéfinies. En fonction des usages réels et des dérives, on peut peut-être envisager de cloisonner ou de limiter les accès sur certaines parties du métaverse.

► A propos du métaverse : regarde la vidéo sur les cryptomonnaies ou découvre quels sont les enjeux environnementaux ?