La France des Trente Glorieuses

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France est ruinée. Des villes entières sont rasées et l’économie est paralysée. Mais le pays ne tarde pas à se reconstruire : c’est le début d’une période de prospérité exceptionnelle qui durera près de trois décennies.

Les Trente Glorieuses et le « miracle économique »

Après l’euphorie de la paix enfin retrouvée, le gouvernement français n’a qu’un seul mot d’ordre : redresser l’économie nationale. Comme la plupart des pays d’Europe occidentale, la France reçoit une aide financière des Etats-Unis, c’est le plan Marshall.

Les principaux changements :

• L’Etat français se lance alors dans la modernisation des structures économiques et sociales du pays, en particulier dans les secteurs des transports, de l’énergie et de l’agriculture.
• L’industrie est métamorphosée par d’importants progrès techniques.
• Des grands travaux d’urbanisme aménagent bientôt le pays et dans les années 1960.
• Des villes nouvelles émergent dans l’Hexagone.

Dès la fin des années 1950, le taux de chômage s’effondre, le niveau de vie augmente et la croissance économique s’accélère. Elle se maintiendra à un niveau plus élevé que dans aucune autre période de l’histoire, jusqu’au début des années 1970. Cette époque - que l’économiste Jean Fourastié surnommera « Les Trente Glorieuses » - marque le début de la société de consommation.

Emergence de la société de consommation

Au cours des Trente Glorieuses, le pouvoir d’achat des Français augmente et l’équipement des ménages se modernise : l’heure est au confort et à l’innovation. Réfrigérateur, lave-linge, stylo-bille et surgelés : les caddies se remplissent dans les rayons des supermarchés flambant neufs. Le plastique - nouvelle matière prometteuse qui se décline à l’infini - est partout, même dans les océans. Les Français sont pris d’une véritable frénésie de consommation, irriguée par un pétrole bon marché et encouragée par la publicité et les achats à crédit. L'automobile se démocratise et devient symbole de liberté et de modernité. Après le règne de la radio dans les années 1950, les années 1960 sont celles de la télévision : progressivement le petit écran s’invite dans le salon des Français. Le « way of life » américain déferle sur l’Hexagone avec ses jeans et son rock’n’roll. Plus que jamais, la société française se métamorphose.

Qu'est-ce qui met fin aux Trente Glorieuses ?

Vivement encouragée par l’État-providence qui distribue des allocations familiales, la France connaît un pic de natalité sans précédent : c’est le baby-boom. Les Français sont désormais protégés par la Sécurité sociale et peu à peu, les congés payés s’allongent. Ils sont également de plus en plus nombreux à partir en vacances, au bord de la mer, puis aux sports d’hiver. Du moins, une partie d’entre eux : car si le niveau de vie augmente, les inégalités sociales demeurent. 
En mai 1968, ouvriers et syndicats occupent les usines pour réclamer de meilleures conditions de travail et une augmentation des salaires. Ils rejoignent un mouvement lancé par les étudiants qui contestent l’ordre établi et la France - trop rigide - du général de Gaulle.
Les femmes, qui ont obtenu le droit de vote en 1944, sont de plus en plus nombreuses à travailler. Progressivement, elles s’émancipent et revendiquent le droit de disposer de leurs corps. En 1967, la loi Neuwirth autorise la contraception et en 1970, le Mouvement de libération des femmes (MLF) se bat pour la légalisation de l’avortement. La société de consommation affronte, quant à elle, ses premiers adversaires. Hippies aux cheveux longs et écologistes de la première heure dénoncent les dérives du capitalisme et leurs conséquences sur la planète. En octobre 1973, le premier choc pétrolier fait exploser le prix du baril et marque le coup d’arrêt des Trente Glorieuses.

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