De Gaulle permet aux Français d’accéder à la société de consommation

En 1964, de Gaulle inaugure le premier Salon international de l’agriculture en compagnie d’Edgard Pisani, ministre de l’Agriculture. En la matière, il vient d’arracher une belle victoire : avec la nouvelle politique agricole commune (PAC), la France peut produire toujours plus. L’Europe absorbera désormais ces excédents. Les paysans sont en train de devenir des agriculteurs. C’est la fin d’un monde et le début d’une civilisation que n’a pas encore dit son nom, celle de la consommation.

Vers la consommation de masse

En 1963, à Saint-Genièvre-des-bois, dans la banlieue parisienne, Carrefour ouvre le premier hypermarché dans une atmosphère d’euphorie. L’écrivaine Françoise Sagan en est la marraine. Le fondateur, Jacques Defforey, s’est formé aux Etats-Unis. Le principe est simple : devant l’abondance de produits, le client ne résiste pas.

Les pionniers de ces nouvelles enseignes se heurtent dans un premier temps au refus des fournisseurs de leur vendre leurs produits. L’un d’entre eux monte au créneau : Edouard Leclerc, qui se présente comme le défenseur du consommateur. « Jusqu’à présent le commerce, c’était d’acheter le moins cher possible pour vendre le plus cher possible, et la distribution, c’est d’acheter le moins cher possible pour vendre le moins cher possible. » explique t-il. De Gaulle, qui aime tant ces nouveaux visages de la réussite française, fait rédiger, en 3 semaines, une circulaire interdisant les refus de vente. Il signe ainsi l’acte de naissance de la grande distribution.

Les Français vivent et circulent désormais dans des espaces qui n’existaient pas il y a encore quelques années. Un monde qui leur parait neuf, fluide et commode.