Le devoir de mémoire

La Shoah est l'une des pages les plus sombres de l'histoire. Qu'est-ce que le devoir de mémoire ? Comment devenir passeur de mémoire ? Pour en parler, Alix Grousset reçoit dans ce nouvel épisode de L’entre deux, Ginette Kolinka, survivante du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. 

Précision : au début de la vidéo, il est indiqué que Ginette Kolinka a été libérée des camps de concentration le 6 juin 1945.

► En mai 1945, son camp est libéré par les Alliés. Elle est ensuite rapatriée à Lyon et rejoint Paris, le 6 juin 1945. 

Qu’est-ce que la Shoah ? 

La Shoah est un terme désignant l’entreprise d’extermination menée par l’Allemagne nazie, contre le peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale.

On estime le nombre de victimes juives de la Shoah, à près de 6 millions. 

Tout ce qui est arrivé, c’est à cause de la haine. C'est pour ça que je parle, pour que l'on se rende compte de jusqu'où peut mener la haine et qu'on apprenne à se supporter, peu importe notre religion et notre couleur de peau.

Ginette Kolinka, l’une des dernières survivantes de la Shoah  

Ginette Kolinka a été déportée à Auschwitz-Birkenau avec une partie de sa famille, en avril 1944 à l’âge de 19 ans. En mai 1945, son camp est libéré par les Alliés ; elle est ensuite rapatriée à Lyon, puis rejoint Paris en juin 1945.

Tu es revenue, tu as de la chance : tu es vivante.

On ne parle plus de cette période. 

Seule survivante parmi les membres de sa famille ayant été déportés, elle choisit de garder le silence. Ce n'est que 50 ans plus tard, qu'elle décide de raconter l’horreur des camps pour sensibiliser les jeunes générations. Très sollicitée, Ginette Kolinka intervient auprès des collégiens et lycéens, dans les médias, mais aussi à travers d’autres supports, comme sa bande dessinée, Adieu Birkenau.

Tout ce que vous entendez sur le traitement des déportés.

Ne croyez pas que c’était impossible. 

Mai Hua, la mémoire transgénérationnelle

Mai Hua est une artiste documentariste franco-vietnamienne. « Ce que j’ai découvert sur la mémoire transgénérationnelle, c’est qu’un traumatisme se transmet à travers nos peurs, nos hontes, nos gestes… Nous avons une mémoire corporelle. » En 2019, Mai Hua réalise, Les Rivières, dans lequel elle raconte l’histoire douloureuse des femmes de sa lignée et devient ainsi, l’héritière d’une mémoire familiale complexe. 

Comment devenir passeur de mémoire ? 

Pour Ginette Kolinka, être un passeur de mémoire est simple.  « Vous ne l’avez pas vécu ; vous m’avez juste écoutée. Vous pouvez raconter ce que je vous ai raconté. » 

Les questions du public

• Comment les personnes n’ayant pas connu les camps de concentration se sont comportées avec vous, à votre retour ?Lila, 16 ans. Je me rappelle toujours la première visite. Je viens d'arriver, je me suis écroulée sur un canapé à cause des émotions. La boulangère du coin arrive avec sa brioche et me dit « Je viens voir. C'est la première déportée que je vois ».  A l'époque, il n'y avait pas la télévision, mis à part pour les gens qui allaient au cinéma et voyaient comment étaient les déportés... Les autres ne voyaient pas, donc j'étais une bête curieuse.

• Comment empêcher que de tels événements ne se reproduisent à l’avenir ?Evan, 16 ans. Dès que vous entendez quelque chose que vous n’aimez pas, il faut réagir et demander le pourquoi. On ne peut pas aimer tout le monde, mais entre aimer et haïr... Il y a une différence.

• La reprise de votre vie après les camps a-t-elle été facile ? Noé, 16 ans. Pour moi oui, parce que j'ai eu la chance de retrouver ma famille, l'appartement que nous avions, ce qui n’était pas le cas d’autres rescapés.