icu.next-video

Contenu proposé par

France Télévisions

Regarde cette vidéo et gagne facilement jusqu'à 15 Lumniz en te connectant !

Il n’y a pas de Lumniz à gagner car tu as déjà consommé cet élément. Ne t'inquiète pas, il y a plein d'autres contenus intéressants à explorer et toujours plus de Lumniz à gagner.

->   En savoir plus
Français28:56Publié le 15/04/2020

Se promener, contempler : peinture, musique et poésie

Les cours Lumni - Collège

Nicolas, professeur de français, nous parle du romantisme et du regard des artistes romantiques sur le monde. Le romantisme est un mouvement artistique qui démarre à la fin du XVIIIe siècle et se poursuit au début du XIXe siècle.

Téléchargez les textes étudiés au format PDF.

Se promener

Le texte étudié est un extrait de René. C'est un court roman écrit par Châteaubriand. Il s'inspire des promenades de son enfance, autour du château de son père, à Combourg, près de Saint-Malo, à la fin du XVIIIe siècle. La promenade en nature est décrite comme une source d'enthousiasme, de passion. un personnage romantique. Lors de ses promenades dans la nature, il est inspiré. Le vent siffle dans ses cheveux comme s’il voulait lui souffler des idées. Il entend même « une voix du ciel »… Se promener, ce n’est pas que voir, c’est aussi entendre. Contempler, c’est écouter.

Extrait de René, de Chateaubriand (1802)

« Le jour, je m'égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts. Qu'il fallait peu de chose à ma rêverie ! une feuille séchée que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumée s'élevait dans la cime dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du nord sur le tronc d'un chêne, une roche écartée, un étang désert où le jonc flétri murmurait ! Le clocher solitaire s'élevant au loin dans la vallée a souvent attiré mes regards ; souvent j'ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j'aurais voulu être sur leurs ailes. Un secret instinct me tourmentait ; je sentais que je n'étais moi-même qu'un voyageur, mais une voix du ciel semblait me dire : "Homme, la saison de ta migration n'est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande."
Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d'une autre vie ! Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie, ni frimas, enchanté, tourmenté et comme possédé par le démon de mon coeur. »

Contempler

Le tableau étudié, Homme et femme contemplant la lune de Caspar David Friedrich est une contemplation de la nature, pensée comme le reflet de l'âme et des émotions intérieures. Le spectacle de la nature est vu comme un enrichissement intellectuel par les romantiques. Dans un autre tableau de Friedrich, Le Voyageur au-dessus de la mer du nuages, on peut imaginer les émotions que ressent le voyageur devant le paysage.

Portrait musical d'une âme romantique

Chopin naît en 1810 et arrive à Paris en 1938. Sa musique accompagne très bien les œuvres romantiques.

La voix de la nature

Les Contemplations est un recueil de poésies publié en 1856 par Victor Hugo. Il est composé de six livres. Le sixième livre s'intitule Au bord de l'infini. On y trouve le poème étudié ici : « Ce que disait la bouche d'ombre ». Ce poème explique la contemplation : ce n'est pas seulement voir, mais aussi écouter et recueillir une parole. Les poèmes des Contemplations sont à la fois intimes et universels. Intimes parce que Victor Hugo parle de lui, de ses sentiments. Universels parce que chacun de nous a éprouvé ou éprouvera ces sentiments. Chacun de nous les comprend. C'est en parlant de lui que Victor Hugo parle à tous. Il s'attribue la mission d'être une voix universelle. En 1854, au nord de Jersey, Victor Hugo se promène au-dessus de la baie du Rozel, à Jersey, une île entre l’Angleterre et la France. Cette promenade lui inspire un poème qui figure dans le dernier livre des Contemplations. Ce poème nous permet de mieux comprendre ce qu’est une contemplation, ce qui se joue dans cette expérience. Victor Hugo se promène et contemple l’infini de la mer. Il respire le vent. Un spectre surgit et prend la parole. Le spectre explique ce qu’est une contemplation. On croit que l’on observe, mais on ne fait qu’entendre la voix de la nature.

 

Extrait de « Ce que dit la bouche d’ombre », de Victor Hugo (dans Les Contemplations, 1855)

Tout parle ; l’air qui passe et l’alcyon qui vogue,
Le brin d’herbe, la fleur, le germe, l’élément.
T’imaginais-tu donc l’univers autrement ?
(…)
Crois-tu que l’eau du fleuve et les arbres des bois,
S’ils n’avaient rien à dire, élèveraient la voix ?
Prends-tu le vent des mers pour un joueur de flûte ?
Crois-tu que l’océan, qui se gonfle et qui lutte,
Serait content d’ouvrir sa gueule jour et nuit
Pour souffler dans le vide une vapeur de bruit,
Et qu’il voudrait rugir, sous l’ouragan qui vole,
Si son rugissement n’était une parole ?
Crois-tu que le tombeau, d’herbe et de nuit vêtu,
Ne soit rien qu’un silence ? (…)
Non, l’abîme est un prêtre et l’ombre est un poète ;
Non, tout est une voix et tout est un parfum ;
Tout dit dans l’infini quelque chose à quelqu’un ;
Une pensée emplit le tumulte superbe.
Dieu n’a pas fait un bruit sans y mêler le verbe.
Tout, comme toi, gémit, ou chante comme moi ;
Tout parle. Et maintenant, homme, sais-tu pourquoi
Tout parle ? Écoute bien. C’est que vents, ondes, flammes
Arbres, roseaux, rochers, tout vit !
Tout est plein d’âmes.

Conclusion : comment les romantiques regardent-ils le monde ?

Ils ne l'observent pas, ne le mesurent pas. Ils le contemplent, s'y perdent, s'oublient. L'âme romantique est nourrie par la promenade et la contemplation. Le spectacle d'une nature infinie, sauvage ou barbare, peut inspirer la crainte et le respect. Le spectacle d'un coucher de soleil, orangé et doux, peut inspirer la sérénité, la mélancolie ou la nostalgie.

 

Proposition d'activité d'écriture : Imagine une promenade et raconte la en trois paragraphes :

  1. Dans le premier paragraphe, tu feras le récit de cette promenade, qui doit se finir par une rencontre (un spectre, un animal, un objet…).
  2. Dans le second paragraphe, tu décriras celui ou celle que tu as rencontré.
  3. Dans le dernier paragraphe, tu proposeras une argumentation sous forme de dialogue, entre toi et celui ou celle que tu as rencontré.

Réalisateur : Didier Fraisse

Producteur : France tv studio

Année de copyright : 2020

Publié le 15/04/20

Modifié le 27/12/23

Ce contenu est proposé par