Molière, homme de théâtre complet

À la fois directeur de troupe, dramaturge, acteur et metteur en scène, Molière est un homme de théâtre au sens complet du terme. Découvre sa biographie. 


Publié le 17/10/2012 • Modifié le 14/01/2025

Temps de lecture : 4 min.

Aimé à 93% par nos utilisateurs

Lis cet article et gagne facilement 10 Lumniz en te connectant !

Il n’y a pas de Lumniz à gagner car tu as déjà vu ce contenu. Ne t’inquiète pas, il y a plein d’autres vidéos, jeux, quiz ou articles intéressants à explorer et toujours plus de Lumniz à remporter.

->   En savoir plus

Qui est Molière ?

Petit-fils et fils de maîtres tapissiers du roi, Jean-Baptiste Poquelin naît à Paris le 15 janvier 1622. Après avoir étudié chez les jésuites, il suit des études de droit. Mais sa passion pour le théâtre est plus forte que tout et, en 1643, il fonde l'Illustre-Théâtre avec la comédienne Madeleine Béjart. 

Sous le nom de Molière, et en compagnie de sa troupe de comédiens, il joue tout d'abord à Paris. Mais, criblé de dettes, il se produit ensuite en province. Après treize années à sillonner la France, Molière et ses comédiens regagnent Paris en 1658. Ils reçoivent alors la protection de Philippe d'Orléans, le frère du roi, et donnent une représentation devant Louis XIV. Si L'Étourdi et Le Dépit amoureux plaisent au roi, c'est surtout avec Les Précieuses ridicules, en 1659, que le talent de comédien et de dramaturge de Molière éclate au grand jour. Il écrit et joue farces et comédies-ballets (notamment avec le musicien Lully), mais il excelle surtout dans l'écriture et la mise en scène de comédies grinçantes et féroces.  

Après avoir joué dans la salle du théâtre du Petit-Bourbon, il s'installe au Palais-Royal (l’actuelle Comédie-Française). Il y joue L'École des maris  (1661) et L'École des femmes (1662). Cependant, malgré son génie et la protection du roi, Le Tartuffe (1664) et Dom Juan (1665) sont interdites de représentation. S'il résiste aux complots, sa santé défaillante a finalement raison de lui. Le 17 février 1673, Molière meurt à 51 ans, quelques heures après avoir donné sa dernière représentation du Malade imaginaire. Il est enterré de nuit, sans inhumation chrétienne, au cimetière du Père-Lachaise.
💡 En effet, à cette époque, les comédiens sont excommuniés : accusés de promouvoir les passions mauvaises, ils ne peuvent ni se marier, ni recevoir une sépulture chrétienne.

 

Dates-clés

  • 1622 : naissance à Paris de Jean-Baptiste Poquelin. 1643 :  il décide, contre l’avis de son père, de devenir comédien et fonde la compagnie l’Illustre-Théâtre sous le nom de Molière.  
  • 1645 : la troupe fait faillite. Molière se retrouve en prison pour dettes. Après sa libération, il parcourt la France avec la troupe de Charles Dufresne. 
  • 1650 : Molière devient le directeur de la troupe de Charles Dufresne. 
  • 1655 : Molière devient auteur dramatique. Il écrit L'Étourdi ou les Contretemps
  • 1658 : il rentre à Paris et reçoit la protection de Monsieur, le frère du roi. Il se voit accorder l’utilisation de la salle du Petit-Bourbon.  
  • 1659 : Molière connaît un grand succès avec Les Précieuses ridicules.  
  • 1661 : après la destruction de la salle du Petit-Bourbon, la troupe de Molière s'installe définitivement au Palais-Royal.  
  • 1662 : Molière épouse Armande Béjart, la fille de Madeleine Béjart. Ce mariage avec la fille de sa maîtresse lui vaut d'être accusé d'entretenir des relations incestueuses : selon certains, Armande serait la propre fille de Molière. 
  • 1663 : Molière répond à ses adversaires en écrivant La Critique de l’école des femmes et L'Impromptu de Versailles, pièces dans lesquelles il tourne en dérision ses détracteurs. Il obtient cependant le soutien du roi. 
  • 1664 : Le Tartuffe, joué à Versailles dans une version abrégée. La querelle du Tartuffe durera près de cinq ans.  
  • 1665 : Louis XIV décide de prendre officiellement Molière sous sa protection. Il décerne à ses comédiens le titre de « troupe du roi ». 
  • 1673 : création du Malade imaginaire au Palais-Royal. Il meurt lors de la quatrième représentation. 

 

Dans quel contexte est écrit Le Tartuffe ? 

Le Tartuffe est joué pour la première fois en 1664, au cœur du règne de Louis XIV, alors que la monarchie est en pleine consolidation de son pouvoir absolu. Le théâtre de Molière a pour particularité de s’attaquer aux travers de la société de son temps ; et c’est ce qu’il fait avec Le Tartuffe. Ainsi, la pièce se moque de l'hypocrisie et des abus de pouvoir des dévots, représentés par Tartuffe, un personnage qui se fait passer pour un homme de Dieu tout en manipulant et exploitant les croyances des autres. 
La première représentation de la pièce connaît un immense succès. Pourtant, durant les jours suivant, à la demande de l’archevêque de Paris, Louis XIV interdit à Molière de jouer sa pièce publiquement. En effet, l’Église considère que Molière attaque la religion elle-même ; et le roi Louis XIV, malgré le soutien qu’il souhaite apporter au dramaturge, n’a d’autre choix que de se plier aux instances de l’Église. Celle-ci est affaiblie depuis la réforme protestante, et Le Tartuffe accentue les tensions, ce qui explique son opposition à la représentation de cette pièce. 
Cinq ans plus tard, en 1669, Le Tartuffe est enfin autorisé à être joué. Cependant, Molière aura dû y apporter quelques modifications : par exemple, la pièce s’appellera Le Tartuffe ou l’Imposteur, et le personnage de Tartuffe se rapprochera bien plus du simple criminel faussement croyant que du dévot hypocrite. 

Qu’a changé Molière à la littérature ? 

Molière poursuit l’entreprise de Corneille, qui cherche, à partir des années 1630, à rendre la comédie plus noble pour en faire l’égale de la tragédie située en haut de la hiérarchie des genres. Ainsi, renouveler la comédie et le comique permet à Molière de dessiner des portraits ressemblants des ridicules qu’il a observés chez ses contemporains. Mettant en lumière les vices et obsessions de certains personnages, ses comédies de caractères et de mœurs (Molière est considéré comme étant le créateur de ce type de comédie) ne déforment pas la réalité pour la rendre grotesque, mais elles font voir que le ridicule est dans la nature. 
Ses pièces tendent ainsi un miroir aux spectateurs ; elles cherchent à « faire reconnaître les gens du siècle », selon les mots du dramaturge. Molière instille donc dans ses spectacles les débats qui animent les salons et la vie mondaine de son temps, sur l’éducation des jeunes filles, l’amour, l’amitié, la vie conjugale ou les règles de la sociabilité. Il met aussi en scène une classe sociale intermédiaire et émergente : la bourgeoisie notamment avec Le Bourgeois Gentilhomme.  
Les personnages stéréotypes mis en scène dans les pièces de Molière restent malgré tout d’actualité puisque leurs défauts sont trouvables chez l’homme à n’importe quelle époque ; c’est pourquoi les pièces de Molière ont encore aujourd’hui autant de succès.

 

Œuvres principales 

Sganarelle ou le Cocu imaginaire (1660), La Princesse d'Elide (1664), Le Mariage forcé (1664), Le Médecin malgré lui (1666), Le Misanthrope (1666), Melicerte (1666), La Pastorale comique (1667), Le Sicilien ou l’Amour-peintre (1667), Amphitryon (1668), Georges Dandin (1668), L'Avare (1668), Le Tartuffe (1669), Monsieur de Pourceaugnac (1669), Le Bourgeois gentilhomme (1670), Les Amants magnifiques (1670), La Comtesse d’Escarbagnas (1671), Psyché (1671), Les Femmes savantes (1672), Les Fourberies de Scapin (1671).

Parcours littéraire

À la différence de la plupart de ses contemporains, Molière est un homme de théâtre au sens complet du terme. Il est à la fois directeur de troupe, dramaturge, acteur et metteur en scène. Piètre acteur tragique, il tient le premier rôle dans ses comédies, assurant leur succès. Une grande partie de leur effet repose sur son jeu extraordinairement innovant, qui vise à donner l’illusion du naturel, à la fois par une diction plus simple et par une gestuelle expressive. 
À la mort de Molière, Donneau de Visé décrira ainsi son jeu : « Il était tout comédien depuis les pieds jusqu’à la tête ; il semblait qu’il eût plusieurs voix ; tout parlait en lui et d’un pas, d’un sourire, d’un clin d’œil et d’un remuement de la tête, il faisait concevoir plus de choses qu’un grand parleur n’aurait pu dire en une heure ».

 


Ce contenu est proposé par