Clara Schumann star du piano

Clara Schumann (1819-1896) est une pianiste et compositrice allemande du XIX^e siècle. En pleine période romantique, elle est une grande figure de la musique, aussi célèbre que les pianistes Franz Liszt ou Frédéric Chopin. Pourtant, après sa mort, elle est tombée dans l’oubli, comme les autres grandes musiciennes de l’époque... Sabine Quindou nous raconte le parcours étonnant de cette virtuose du piano et de cette femme moderne.

Clara Schumann, virtuose du piano

Clara Wieck - son nom avant de se marier - est née en 1819 à Leipzig, en Allemagne. Très tôt oui, elle montre un don pour la musique et le piano. Si bien que son père, Friedrich Wieck, professeur de piano réputé, décide d’en faire une virtuose pour prouver que sa méthode d’enseignement est la meilleure. Comme Mozart et Beethoven, Clara est une enfant prodige. A 6 ans, elle se produit dans les salons de la bonne société. A 9 ans, elle compose ses premières œuvres. A 11 ans, elle joue pour la première fois en public, dans la grande salle de concert de Leipzig. C’est un triomphe ! A 19 ans, elle reçoit de l’empereur un titre très prestigieux, « virtuose de la cour royale et impériale ». Pianiste à la carrière internationale, Clara Schumann donnera, au total, plus de 1 300 concerts dans toute l’Europe. Un record à l’époque !

Epouse dévouée de Robert Schumann

Robert Schumann prend des cours avec le père de Clara pour devenir pianiste. Mais comme il se blesse à la main droite, il se consacre finalement à la composition. Robert a 26 ans quand il demande Clara (16 ans) en mariage en lui promettant qu’elle pourra continuer d’exercer son art de pianiste. Au XIX^e siècle, les rôles des hommes et des femmes sont strictement définis. Les hommes travaillent, sortent dans le monde. Tandis que les femmes s’occupent de la maison et de la vie de famille. Avec son statut de musicienne professionelle, Clara est une exception en son temps. Néanmoins, au cours des 13 années qu’elle partage avec Robert, elle passe la majeure partie de son temps à élever leurs huit enfants et à soigner son mari, souvent victime de dépression. Clara Schumann ne trouve plus le temps pour composer. Robert en est très affecté. Dans le journal intime que le couple tient ensemble, il écrit : « Je suis contrarié en pensant aux nombres d’idées profondes perdues parce qu’elle n’a pas le temps de les développer ». A cela, Clara répond : « Puisse Robert toujours créer. J’en serai toujours heureuse ». Elle croit au talent de son mari et s’occupe de tout pour qu’il ait le temps de composer. Ils publient sous leurs deux noms un ensemble de 15 chansons baptisé Printemps de l’Amour.

Clara Schumann poursuit les concerts en public. Le couple a besoin d’argent. Et c’est elle la star, Robert doit, lui, encore se faire connaître. Après 10 ans de mariage, Robert trouve un emploi stable, chef d’orchestre à Düsseldorf. Mais sa santé mentale se dégrade. A tel point qu’il est interné dans une maison de repos pendant 2 ans, jusqu’à sa mort en 1856. Clara Schumann a 36 ans lorsqu'elle devient veuve. Elle doit désormais subvenir seule aux besoins de sa grande famille en exerçant son art.

Clara Schumann, ambassadrice de la musique romantique allemande

Clara Schumann repart en tournée. Pendant 40 ans, elle sera programmée sur toutes les scènes d’Europe. Elle ira 9 fois à Londres, 2 fois à Moscou, et puis à Paris, Amsterdam, Bruxelles… Partout, elle joue la musique de Robert Schumann, bientôt reconnu comme un génie de la musique romantique allemande. Elle joue aussi les œuvres de grands compositeurs allemands comme Bach, Mozart, Beethoven. Elle soutient aussi un jeune compositeur, qui deviendra très célèbre, Johannes Brahms. En retour, ce dernier va l’aider à éditer les œuvres complètes de Robert Schumann.

Célèbre, Clara Schumann devient riche, suffisamment pour acheter une grande maison dans laquelle les enfants ont chacun leur chambre. A 59 ans, elle devient la première femme professeur de piano au Conservatoire de Francfort, un poste prestigieux et très bien payé. Elle donne son dernier concert à 71 ans et s’éteint 5 ans plus tard.

Réhabilitation des compositrices oubliées

Clara Schumann laisse une quarantaine d'œuvres mais tombe dans l'oubli. L'histoire s’est longtemps intéressée aux hommes plus qu’aux femmes. Comme elle, de nombreuses compositrices ont été ignorées (l’Allemande Fanny Mendelssohn, les Françaises Louise Farrenc et Cécile Chaminade...). Depuis les années 1970 et la redécouverte de Clara Schumann, des historiennes et des historiens sont partis sur leurs traces, à la recherche de leurs partitions. Un travail essentiel qui permet de rendre hommage à ces femmes qui ont ouvert la voie aux musiciennes d’aujourd’hui.

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