Le siècle piano

Le piano moderne, tel qu'on le connaît aujourd'hui, apparaît au tout début du XIX^e siècle. Adopté par les grands compositeurs de l'époque dont Frédéric Chopin (1810-1849), le piano va devenir l'instrument star du siècle de sa naissance. Explications.

Du pianoforte au piano moderne

A Florence, en Italie, au tout début du XVIII^e siècle, Bartolomeo Cristofori est un fabricant de clavecin, instrument très à la mode à l’époque. Après plusieurs années de recherches, entre 1710 et 1720, il met au point un mécanisme qui permet d’obtenir des notes de différentes intensités selon la force avec laquelle on frappe les touches. Il baptise ce nouvel instrument : le pianoforte. En italien, piano veut dire « doux », et forte « puissant ». Puis, le pianoforte évolue. Si l'instrument suscite peu d’intérêt en Italie, il remporte un grand succès en Allemagne. En pleine période classique de la musique, des compositeurs comme Mozart ou Beethoven l'adoptent.... et communiquent leurs besoins aux fabricants pour qu’ils l’améliorent.

A la fin du XVIII^e siècle, l’instrument est devenu plus grand, plus puissant et plus robuste. Au XIX^e siècle, avec la révolution Industrielle et le progrès technique, le pianoforte bénéficie de l’amélioration des procédés de fabrication. Il n’est plus construit dans des ateliers mais dans des usines, et fait l'objet d'innovations :

• le nombre de touches augmente, de 54 à 60, puis de 60 à 88
• à l’intérieur de l’instrument, le cadre passe du bois au métal
• les cordes deviennent aussi en métal

Très puissant, l’instrument peut désormais être entendu dans une grande salle de concert. Le piano moderne remporte un tel succès, partout en Europe, que le XIX^e est parfois surnommé « la siècle piano ».

Le piano, instrument star du XIX^e siècle

Le piano est un instrument à cordes frappées. En 1821, l’amélioration du martèlement par un fabricant français, Sébastien Erard, permet d’enchainer les notes beaucoup plus rapidement. Voilà notamment pourquoi la Grande Valse brillante de Frédéric Chopin, qui nécessite une grande vitesse d’exécution, n’aurait pas pu être composée ni jouée avant le XIX^e siècle.

Il existe deux types de piano :

1. le piano à queue. Plus puissant, il est mieux adapté aux salles de concert.
2. le piano droit. Moins encombrant, il est plus facile à installer chez soi.

Tout au long du XIX^e siècle, il est de bon ton, quand on appartient à la bonne société, de posséder un grand piano, de prendre des cours avec un maître de musique, et d’organiser des réceptions au cours desquelles le maître joue avec ses hôtes pour les invités. C’est une aubaine pour les éditeurs de musique qui vendent des partitions. La demande augmente considérablement. En France, le marché est dominé par deux illustres familles de fabricants, les Erard et les Pleyel. Leurs pianos font fureur aux expositions universelles de Paris, ces grandes manifestations au cours desquelles les pays industrialisés exposent leurs découvertes et leurs innovations techniques. Pour assurer la promotion de leurs instruments, ils ouvrent aussi leurs propres salons, dans lesquels ils invitent de grands artistes : le Hongrois Franz Liszt, par exemple, aime jouer sur des pianos Erard ; tandis que Camille Pleyel se rapproche du compositeur Frédéric Chopin.

Frédéric Chopin et l'art du « rubato »

Frédéric Chopin naît en Pologne en 1810, puis s’installe en France à l’âge de 20 ans. Pianiste virtuose – il maîtrise la technique à un niveau proche de l’exploit – , grand compositeur de la période romantique, il crée essentiellement des œuvres de courte durée pour piano seul. Pas de symphonies ni d’opéras mais des valses, des polonaises, des préludes, des nocturnes... qui durent 4 à 10 minutes sont très appréciés dans les salons. Comme tous les pianistes de son temps, Chopin développe dans son jeu un geste caractéristique de la période romantique : le rubato qui signifie « volé » en italien. En musique, c’est une indication d’interprétation : pour transmettre l’émotion, voler du temps à un moment de la mélodie pour le restituer à un autre.

Naissance du récital

Grâce au piano moderne, une nouvelle forme de concert apparaît au XIX^e siècle, le récital, qui met en valeur un seul artiste. Frédéric Chopin en donne peu, il préfère jouer dans l’intimité des salons. Franz Liszt, au contraire, rayonne en public. Tout comme l’Allemande Clara Schumann, une très grande star du piano en son temps.

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