« Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre » d'Hoffmann

Comment les écrivains font-ils naître l'angoisse dans les nouvelles fantastiques ? Eléments de réponse à travers l'exemple d'un extrait du conte de l'auteur allemand Hoffmann, « Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre », proposé par la professeure de français Yaël.

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« Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre »

Tirée du Journal d'un voyageur enthousiaste, 1808- 1815, cette nouvelle raconte les aventures fantastiques d'un narrateur confronté à ses tourments, lors de la nuit de la Saint-Sylvestre, à Berlin en 1812. Ivre, blessé par un amour déçu, il va multiplier, durant cette dernière nuit de l'année, des rencontres quelque peu étranges, voire angoissantes...

Qui est Hoffmann ?

Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776-1822) n'est pas qu'un célèbre écrivain et compositeur d'opéras allemand du début du XIX^e siècle. Il a eu bien d'autres cordes professionnelles et artistiques à son arc : juge, caricaturiste, peintre, mélomane. A la fin de sa vie, il sera reconnu dans toute l'Europe comme un conteur de talent qui influencera les plus grands auteurs parmi lesquels Balzac, Gautier, Nerval mais aussi Gogol, Pouchkine, Dostoïevski ou Edgar Allan Poe. Hoffmann est considéré comme l'inventeur du genre fantastique tel que les Romantiques des années 1830 vont le pratiquer. A la fin du second Empire, Hoffmann est devenu un auteur tellement incontournable qu'Offenbach lui dédie un opéra, l'œuvre posthume Les contes d'Hoffmann.

Imaginer des fonctions fantastique d'un objet du quotidien

Créer le trouble c'est obtenir une atmosphère d'inquiétante étrangeté. Pour cela, les auteurs peuvent faire appel à des personnages et à toute une mythologie du fantastique (le chat noir, Nosferatu, Dracula, le cyclope...). Hoffmann, lui, a une approche différente. Son procédé pour atteindre le trouble est de travailler autour d'un objet et ses caractéristiques. Par exemple, dans sa nouvelle « Les Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre », il choisit de faire d'un miroir un objet inquiétant. Quelle image le miroir nous renvoie t-il de nous-mêmes ? Une image unique et uniforme, ou une image diffractée, plurielle ? Sommes-nous deux, sommes-nous multiples ? Hoffmann utilise les reflets du miroir du narrateur et des autres personnages pour créer le trouble.