« Récits de la Kolyma » de Varlam Chalamov

Dans l’Enfer blanc, des centaines de milliers de prisonniers furent déportés aux confins de la Sibérie, où l’hiver dure 12 mois. Commence alors une destruction méthodique et organisée de l’homme par l’Etat soviétique. C’est ce récit qu’explique François Busnel dans ce nouvel épisode de la P’tite librairie.  

Qui était Varlam Chalamov ? 

Varlam Chalamov a passé 19 ans dans les camps, une première fois dans un camp de travail de l’Oural suite à des activités contre-révolutionnaires, puis 5 ans après, lors des grandes purges stalinienne, il se retrouve au goulag pendant 15 ans. Longtemps interdit en Union soviétique, il est publié à New York en 1966. Ses récits ne circulent en Russie qu’à l’époque de la Perestroïka. 

Un témoignage sur l’univers concentrationnaire soviétique 

Au goulag, les prisonniers travaillent 16 h par jour, quelles que soient les conditions. La direction du camp ne suspend le travail qu’en dessous de -55°. En 15 jours, un homme se transforme en crevard. Un crevard est un homme dont les mains ne se déplient plus, c’est se relever la nuit pour voler des miettes de pain à son voisin de lit, c’est lever la main d’un cadavre pour avoir un morceau de pain supplémentaire. En quelques jours, il ne subsiste plus rien des sentiments humains. Embauché comme infirmier, il reprend des forces et l’habitude d’écrire. La poésie lui revient. Il veut alors raconter l’indicible, ce qu’aucun homme n’aurait jamais dû voir.